
jointe à la légende ob cives servatos. On la voit au
s° . 3 , PL CL
Celui qui avoit monté le premier fur les murs d’une
ville afliégée, récevoit une couronne d’ or appelée mié-
ralt y & ornée de créneaux. —: Les couronnes vallaires
étoient d’ or. On les accordoit- à ceux qui les premiers
avoient forcé les retranchemens ou le ’ camp de l’ennemi
> élles étoient hériflees de pointes de pieux ( val-
lum ) y avec léfquels on formoit les paliflades. On ne
trouve point fur les médailles ces deux fortes de couronnés
j qui font deflinées ici fous les «os. 4 & 5, PL Cl
niais on les voit fur les enfeignes de quelques légions
ou de quelques cohortes, qui s’hono'rôient de les avoir
méritées ( Col. trajane, antonine, &c. ).
Sur les médailles d’ Agrippa on voit la tête de ce généreux
Romain, ornée d’une couronne roftrale ou navale.
On la lui avoit décernée après qu’il eut détruit les'flottes
du fils de Pompée. Elle eft formée dé becs ( rofira)
de navire ou d’ éperons de proue. On l’ a dellinée ici
au n°. 6 y P L CI 3 d’après fa médaille ( Gejfner. I I ,
æ | 3 ).* . . . .
Celui qui n’ obtenoit que les honneurs du petit triomphe,
de l’ ovation, ne portoit pas la couronne dé laurier..On
lui donnoit une fimple couronne de myrte*. Cette couronne
eft ici deflinée au n°. 7 , PL C Iy d’après une médaille
de la famille Cônfidîa, où on la voit fur la tête de
Vénus.
§ . I II. Trophées.
Nous avons vu des Corps de troupes recevoir en com-
Jmun des couronnes, & en parer leurs enfeignes : c’ étoient
aufli des armées & des nations qui élevoieht les trophées.
L e s Grecs en drefîoient après chaque viétoire. La religion
les avoit rendus facrésj mais l’humanité & la crainte
d’ éternifer. les haines nationales empêchoient de les re-f
lever lorfque la vétufté les avoit fait tomber. Paufanias
dit que les1 Macédoniens ne dreffoient point àe trophées ;
cependant jon en voit fur les médailles de Philippe & de
fon fils Alexandre, foit que les Macédoniens enflent
changé d’opinion à cette époque, foit que ces médailles
aient été frappées en leur honneur par des villes qui leur
avoient confecré des trophées.
Les Romains imitèrent les Grecs, & ils perpétuèrent
le fouvenir de leurs victoires en érigeant des trophées.
Sur leurs médailles ils les firent porter même par des
Divinités, Mzts-Gradivus, la Viétoire, & par Romulus.
• Quoique l’on eût improuvé, comme nous l’apprend
Paufanias ( Qu&ft. roman. 26 ) , ceux des Grecs qui les
premiers avoient élevé des trophées durables, c’eft-à-dire,
de bronze ou de marbre, cependant les Romains adoptèrent
cet ufage faftueux. Les places publiques , les pé-
riftyles du Capitole & des temples furent ornés de trophées.
J’ai donné féparément, dans les chapitres de ce
liv re , les diverfes parties dont l’aflemblage forme’ les
magnifiques trophées de marbre qu’on admire au Capitole.
.On les a attribués long-tems à Marius ; mais aujourd’hui
on a adopté généralement l’opinion de Ligorio,
qui les attribuoit a Domitien.
Dans l’origine les trophées furent dreffés par les vainqueurs
fur le champ de bataille même, & toujours avec
les armes des vaincus. C ’étoit ordinairement un tronc
de chêne ou de quelqu’autre arbre que préfentoit le terra
in , revêtu d’ une euirafle, charge d’un cafque, d’ un
bouclier, avec une lance ou un javelot. J’en donne ici
deux modèles aux nos. 1 & i 3 PL CIL Le premier eft
pris.des peintures d’Herculanum(tom, I I I 3pag. 197) 5
il eft de la plus grande fimplicité. Le fécond, gravé fut
une pierre de la galerie de Florence ( tom. I I , iab. 19)}
eft plus compofé. Le luxe des trophées n’ eut bientôt plus
de bornes. On ne fe contenta pas de graver, pour toute
infcription, les noms des vainqueurs & ceux des vaincus
: on répréfenta les derniers enchaînés aux trophées ,
dans l’ attitude des captifs. On en voit ici au n°. 3 $'
PL C i l 3 un modèle qui eft gravé fur une lampe du Recueil
de Pafleri ( tom. I I ) , — Je n’en donne pas un plus
grand nombre, parce qu’on les varioit à la volonté du
vainqueur ou félon le goût de l'artifte ; mais je vais faire
connoître les trophées des victoires navales, qui font
très-rares, & que l’ on ne trouve ordinairement que fur
les médailles & les pierres gravées.
Un des plus Amples eft celui qui fert de type à des
médailles d’ argent de Pompée ( Geffn. tom. I l , tab. 1,
h°. iy ) j il eft compofé d’ une euirafle, d’ un cafque, d’un
trident, d’une proue, d’une pouppe, & de deux lituus
ou trompettes de la cavalerie. On le voit ici au n°. 4,
PL CIL Entre les médaille^ ( ib':d. tab. 16 , n°. 24) d’argent
d’Augufte, on en trouve qui ont un type relatif à
la défaite du fils de Pompée. C’ eft un trophée naval, qui
eft drèfle fur une proue» de navire ; il eft plus orné que
le précédent. On le voit ici au n°. 1 , PL CIII. Un plus
élégant encore eft gravé fur une fardoine de la galerie de
Florence (tom. l l 3 ta b .-ji, h°. ï ).' La Viétoire, portant
un trophée & prçfentant une couronne, marche fur
la proue d’un navire, à laquelle eft attaché l’ étendard
d’ une légioft , n°. 2 , PL CIII,
§. IV . Triomphes.
On ne doute pas que les Grecs n’aient eu des marches
triomphales, & que les chefs des armées vi&o-
rieufes ne fuflent reçus avec appareil dans leur patrie;
mais on ne fauroit dire que ces honneurs fuflent claffés
! & fournis à des règles confiantes, comme ils l’ont été
| chez les Romains. C ’eft pourquoi je ne parlerai que de
ceux-ci, & .je m’occuperai particuliérement des triomphateurs,
parce que les détails du triomphe appartiennent
a l’hiftoire, & non aux recueils de coftumes.
Gn connoît deux fortes de triomphes, le grand & le
petit. Le dernier, qui s’appeloit ovation, n’ étoit-accorde
que pour des fucces partiels & pour-des vièldires peu
importantes. L e vainqueur, revêtu de la fimple toge,
comme le dit Denis cTHaMcamaflè ( 1U 3 cap. 61 ) , &
non de la toge brochée d’ or des triomphateurs , ni de la
toge qui faifoit diftinguer les Confuls, les Préteurs (h
prétexte) , marchoit à pied ou à cheval à la tête de fes
troupes, dont une partie le précédoit, conduite au fon
des flûtes. Le * Sénat, les Chevaliers afliftoient à cette
cérémonie, dont la marche fe terminoit au Capitole par
le facrifice de brebis blanches. On ne portoit dans {'ovation
que des couronnes de myrte. .
Le grand triomphe, le triomphe proprement d it, reu-
nifloit tout ce que la reconrtoiflance & l’ orgueil national
avoient pu imaginer de faftueux. La pompe fembloit
divifée en deux parties par le char du triomphateur. On
voyoit le Sénat, enfuite une foule immenfe de citoyens
vêtus de toges blanches, des trompettes & d’ autres mu-
ficiens ; des chariots remplis des armes & des dépouilles
de l’ennemi; des chariots portant les plans en relief des
villes & des forterefles que l’on avoit prifes, avec des
inferiptions ; de grands tableaux qui repréfentbient les
batailles & les lièges ; les fimulacres des fleuves, des montagnes
, les animaux , les végétaux extraordinaires , c£
■ * ^ nieux adorés par les vaincus; les Rois , les
S e f t l a mm 1 marque de fervimde | x hareés de chaînes î les viftimes couronnées de fleurs ,
R .J les cornes dorées, fuivies des viftimaires &.des.
rêtres • les principaux officiers ; le char .du tnorapha-
E . lès lifteurs avec les faifeeaux couronnés de lau-
K ie r Enfin , la" marche étoit fermée par les foldats, qui
âhantoient les louanges de leur chet ou meme des vers
hatvriques. Tous ceux qui formoient la pompe & les
fieftateursp.ortoient des couronnes de laurier (Ovid.
B Les foldats du cortèg e, dans le triomphe de T itu s ,
oui eft repréfenté fur fon a rc ; portent l'habit civil, la
ftunique &rja toge. Probablement ils avoient le ceinturon
■ militaire & des poignards : du moins peut-on le conclure
I d ’un paffage d'Hérd.dien { lit . z , cap. 44 ) , qui ajoute
ilque ces poignards, deftinés pour les pompes, etoient
■ ornés d*or & 'd'argent. • H H ... ■ . H On voyoit briller ces métaux précieux avec 1 ivoire
■ fur le char’ du triomphateur. Le n°. '3, EL C I I I , pré-
Cente ]e char de Marc-Aurèle, qui eft fur un marbre^ du
IHlapitole ( ÂdmiCanda Roman, tak. 8 ) . Ce char, orné de
Has-reliéfs qui repréfentent des Divinités , eft rond ; il a
H a même forme fur l'arc de Titus -, cependant, fur quel-
iques médailles, il parolt ouvert par-derrière : il eft ordl-
■ nairement tiré par quatre chevaux richement enhar-
nachés.. - ■ ; - - ■ ■ . . •• H- Si l’on confulte les deux monumens que je viens de
I t i t e r , celui de Titus & celui de Marc-Aurèle, on verra
B j e triomphateur vêt^ de la tunique & de la to g e , ayant
i l au delîus de fa tête la couronne de laurier, que préfente
B u n e Viéloire, tenant d’une main un bâton aflez court,
dénué d’ornemens, & de l’autre un rouleau de papyrus
B o u de parchemin. On ne fauroit dire ici que fa toge fût
j d e îiourpre & ornée de bandes de brocard, parce que la
^Kçulpture ne rend point les couleurs.
■ fyjais fur une mofaïque qui paroît avoir été faite vers
J a la fin du Haut-Empire, qui eft gravée à la Planche X X X
|*des Peintures antiques de iiartoli, coloriées (Paris, I7J7) >
w & deflinée ici au n°. 4 , P L C I I I , on voit un triompha-
Mteur monté fur un char rond. Le char eft tiré par deux
wchevaiiY nui nnnpnt fur la r^t-p un ornement doré . taillé
en forme de plumes. Le triomphateur eft revêtu d’ uné:
draperie dépourvue d’ agraffe, à fond jaune ou d’o r ,
doublée de bleu, traverfée par des bandes de pourpre ,
& bordée d’un parement large, à fond blanc ; parement
qui eft bordé ae pourpre, & chargé de carrés longs
pourpres (Jcuta). C e vêtement extérieur reflemble beaucoup
à la chappe des prêtres catholiques : comme celle-
c i ,- il eft bordé de paremens ou à’orfrois; il ne forme
point de plis ; il préfente la forme d ’un vêtement roide
& demi-circulaire ; il s’ applique fur l’eftomac en defeen-
dant de l’épaule gauche ; il s’applique auffi fur le bras
dro it, contre l’ ufage de ceux qui portoient la toge ou
la toge-prétexte. Étoit-ce la toga palmata ? Dans ce cas
elle auroit beaucoup perdu de l’ampleur de la toge ordinaire.
C ’e ft , au refte, ce qui arriva aux habits d’appareil
fous le Bas-Empire.
Sur les médailles on voit quelquefois le triomphateur
tenir un bâton furmonté d’une aigle, & une palme. On
voit aufli dans le char, à fes côtés, un perfonnage revêtu
de toge..... C ’eft là tout ce que les monumens nous
préfentent. Mais les écrivains nous apprennent ( P lin.
lib. 33, cap. 7 , fe8. 36 ) que Camille, lors de fon triomphe
, avoit le corps peint en rouge avec du minium ; que
fouvent les parens du triomphateur montoient avec lui
dans le char. Suétone ( Tiber. cap. 6 ) dit que Tibère-
adoléfcent, & Marcellus, fils d’Octavie, étoient montés
fur les chevaux qui traînoient le char àe triomphe d’A u gufte
après la bataille d’Aéfcium. Tertullien ( Apologeiic.
cap. 3 3 ) dit aufli que , derrière le triomphateur & dans
fon char, étoit placé un homme qui lui rappeloit fans
ceflè qu’il étoit mortel. Ifidore ( Origin. 7 , cap. 3 )
ajoute, contre toute vraifemblance, que c’étoit un bourreau.
Nous lifons dans Pline (lib. 33, cap. 1 ) , que cet
efclave public tenoit fufpendue une couronne d’or fur
la tête du triomphateur ; fonction que les fculpteurs ont
ennoblie en l’ attribuant à la Vi&oire. Le triomphateur*
dit encore Pline au même endroit, portoit, comme les
efclaves, un anneau de fe r , probablement pour détourner
les malignes influences des regards de l’envie. C ’étoit
fans doute pour la même raifbn que l’on fufpendoit un-
I phallus fous le char de triomphe.