
»? plus brillans. »» Sidoine Apollinaire ( epifi. 7 , lib. y )
déiîgne même les hommes qui viveient dans le luxe par
le feul mot cafiorinati, vêtus de caftor. Enfin, Ifidore
( O ri gin. 19 ) nous apprend que la trame des vêtemens
dé caftor étoit faite avec le poil de cet animal, qu'il appelle
la laine des ca/lors......Fibrinum, lana cafiorum, &.
fibrina vefiis , tramam de fibri lana h&bens, cafiorina, La.
chaîne étoit probablement faite avec une laine de mouton
très-fine.
§. IL Corps organifés y végétaux.
Les Anciens tirèrent aufli des arbres, des arbuftes &
des herbes, la matière de leurs vêtemens. Avec l'écorce
des arbres, t u s t ai <pÀonss 3 dît Strabon ( X I ^
pag. CI2 , 1620) en parlant des Maffagètes infulaires.
On fait encore, dans les Indes, des étoffes avec des
Ecorces d'a r b r e , rouies, battues & filées comme le
chanvre. C ’eft probablement ce fil d’écorce qu'Arrien
appelle le lin des arbres ( In die. ). Peut-être ne faifoit-on
3u’affouplir & coller ces écorces, comme les infulaires
e la mer du Sud le pratiquent encore avec l'écorce du
tnorus papy ri fera. Au refte, c’eft le coton, que les Anciens
ont défîgné le plus fouvent par la dénomination de
laine des arbres, comme on le verra plus bas.
Les filamens du musa ont fervi au même ufage.
C o to n. Entre les arbuftes dont les" Anciens ont tiré
la matière de leurs habillemens, celui qui produit le
Coton eft le plus célèbre. Jean-Reinold Forfter, de la
Société royale de Londres , a publié ( Londini 3 in S°. 3
17 76 ) fur le byjfus des Anciens, un excellent Traité
dont voici l’extrait : « On a quelquefois donné au mot
byjfus l'acception particulière d’étoffe teinte en pourpre ;
mais Ifidore ( Origin. 19 , cap. 2 7 ) , Pollux ( lib. 8 ,
àap. 1 7 ) , faint Jérôme ( in E^ech. cap. 27) & le plus
grand nombre des écrivains difent que le byjfus étoit une
efpèce de lin. Pollux & faint Jérôme lui donnent pour
patrie les Indes & l’Egypte. Arrien {pag. 1 7 9 , edit. H.
Steph.) , Tértullîen ( de Pallio'), Mêla {lib. 8 , cap 8 ) ,
ont dit expreffément que le byjfus étoit un lin ou une
laine produite par des arbriffeaux de l'Inde , de l’Arabie
& de l'Eg ypte , appelés gojfipion par les Barbares. C ’eft
du gojfypium ^(arbrifleau de la monadelphie-polyandrie
de Linné, qui produit le coton blanc) dont parle Pline
( Hb. 19 > cap. I ) , cui nulla funt candore molluiàve pr&fe-
renda. Mais c’ eft du bombax ou fromager (arbrifleau de
la même claffe, qui produit le coton roux ) dont a'parlé
Philoftrate ( Apollon. Vita , lib. 1 , cap. 10 ) , lorfqu’il a
décrit un manteau roux fait avec le byjfus des Indes.
D'ailleurs , on peut affurèr que le lin étoit inconnu aux
Indiens, & rare en Egypte. »»
11 paroît très-vraifemblable que c'étoit aufli de coton
qu’étoient vêtus les prêtres égyptiens, & non de lin
exclufivement, comme le mot linigera turba & d'autres
femblables ont pu le faire penfer. Les momies font enveloppées
dans des bandelettes de coton. Les ô6â t* que
1°on apportoit de l’ Inde, les vejles bifme & xidins., les
soxit que l’ on apportoit de l’Inde & d’ Alexandrie d’Égypte
( Theodor. Prodrom. lib. 6 , circa med.) avec les !
pierres précieufes, les perles & les bois aromatiques,
étoient des toiles de coton. Diodoré ( lib. $ 3 cap. 12 ) dit
que de fon tems, le fiècle d’Augufte, les habitans de
l ’île de Malte fabriquoient des toiles d’ une finefle &
d’ une douceur extraordinaires ; il les appelle Novice 3 toiles
de lin ou de coton 5 mais on fait que les cotonniers ont
été naturalifés depuis long-tems a Malte. Ils l’auraient
déjà été dans l’Élide fi le mot byjfus défigne le coton
dans un endroit où Paufanias décrit les cultures de cette
I contrée.
Un vers d’Euripide ( Bacche, 819 ) nous apprend que
le byjfus ou coton n’étoit employé en Grèce' que pour
les habits des femmes. Il les caraêlérife par cette ma-
; tière, qui étoit alors rare & chère en Europe. On con-
feille à Penthée de fe déguifer en femme pour aflîfter
aux bacchanales, & on lui dit : « Prenez des habits
»» de coton. »»
2 tÙA«/ y/y ùfitfi %pu']) iriirXtts.
Je ne puis terminer l’article du coton fans parler des
toiles peintes d’Alexandrie. Les Egyptiens avoient connu
les moyens employés depuis fi long-tems par les Indiens
pour imprimer les toiles de coton ( Peripl. M&ris Erytkr,
apud Arrian. tem. I I , pag, 16 y ) , & ils s’en fervoient avec
fuccès 5 ils les vendoient aux.Grecs & aux Romains. On
ne peut douter que ces toiles de coton ne fuffent femblables
aux indiennes & aux perfe s , lorfqu’ on lit dans
Cla'udien ( in Eu trop, lib. ( , verf . 550)- la defeription
des deflins dont elles étoient chargées : c’étoiènt des
enroulemens bizarres, des chimères , des êtres fantaf-
tiques :
Jam tejludo volât, profert Jam co.rnud vultur ;
* . . . , . . . jàm fmgibüs àptum
Æquor, & advcSum Jllvis delpkina videba ;
Jam cochleis homines- jiinSlos, . . . .
Dans une note placée à la page-44J du tome Ier. des
Recherches ajiatiques, M. Langlès dit : « Lê grec oflawi
» paroît dériver de l’arabe,gouthoun 3 dont nous avons
»» fait le mot coton. La fuppreflion de là première lettre
»» de ce mot, en g r e c , eu d’autant moins furprenante,
» que les Égyptiens modernes n’expriment le qâf arabe
» que par une légère afpiration gutturale. Quant au mot
»» a-tvàônm, il a une reffemblanee évidente aveefindhoh,
» nom fanskrit, & conféquemment original, du fleuve
»» que les Perfans ont-nommé Sind3 les Grées 'd^V, &
»». les Latins Indus. Les Perfans & le s Arabes défîgnoient
»».même par le mot Sina les pays fitués en deçà de l’In-
»» du s, par rapport à nous. »»
Lin . Si des textes précis ne prouvoient q>as. que les.
Grecs & les Romains raifoient ufage de toiles de lin,.on
l’apprendroit en examinant les peintures & les. fculp-
tures antiques. On y reconnoît fouvent la toile à fa tranf
parence & à fes plis unis ( Wihck. Hifi. de l'Art.3div. 4,
chap. y ) . Les anciens habitans d’ Athènes, ainfi que
d’autres habitans de la G rè c e , s’habilloient de toile,
félon Thucydide (lib. 1 ) : ce qu’il ne faudroit.aflurer
que de la tunique des femmes fi l ’on confulte Hérodote
( lib. 5 ) . Le premier de ces hiftoriens ( lib. 2 , cap. 49),
décrivant la pefte d’Athènes, dit que les malades feu-
toient un fi. grand feu intérieur, qu’ ils ne pouvoient Apporter
les plus légers vêtemens ni les linges mêmes,
<nv$ovM, & qu’ ils demeuroient nus. C ’étoit dans
l’Elide qu’on cultivoit &. qu’ on travailloit le lin le plus
fin (Paufan. lib. y ) . Je ne parle point du lin. que les
Grecs tiroient de la Colchide, & qu’ ils appeloient farao-
nique, félon Hérodote (iib. 2 , pag: 1 ÿ i ) , parce que ce
texte de l’hiftorien préfente de grandes difficultés. Us
faifoient avec le lin les voiles de navire ( Polyb.. lib. y,
cap. 89)., les filets de chafle (Xenoph. Venat. cap. 2),
des ferviettes, des efluie-mains ( Ifnen. lib. 1 ) . Les Romains
les imitèrent >. mais de plus ils ornèrent, le lingo
l b, n<jes de pourpre i luxe que reprouva Alexandre.
SAvère (Lamprid. cap. 40). Les Sanmltes etoient vêtus
toile Iorfqu’ils alloient a la guerre, & les Ibenens,
,,biliaires d'Annibal, portoient des tuniques de ■ de
couleur de pourpre (Polyb. lib. 1 & 3 ) - .tn fin , c'etoit
dJlin qu étoit faite ordinairement la tunique intérieure
T s riches (vêtement que nous appelons cnemife ) ainfi
oue 1” fudarium ou omrium , linge avec lequel on efluyoit
m m si les vêtemens d'été dont les efféminés n'a-
voient pas honte de faire ufage (Arumii. lib. 1 ,
Pollux ( lib. j 3 cap. 16) dit que -les meilleures des toiles,
appelées amorgines-, étoient tiffues'dansTîle d’Amorgos,
une des Cyclades, & qu’on les croyoit faites avec le
i u „ texte d’Ariftote, cité par Diogène-Laëree ( de
P y t ha g. lib. 8, Çegm. 109.), prouve que le lin n’étoit pas
Encore connu dans les îles de la G rèce au fiècle de Py-
thagore, le fixième avant l’ère vulgaire.
B | c h a n v RE. il paroît que le chanvre, originaire de
l’Afie, n’ étoit pas connu des Grecs, ou du moins qu’ils
l’gmployoient peu au tems où Homère écrivoit. On ne
trouve dans fes poèmes ni dans ceux d’Héfiode aucune
ihention de ce végétal. Hérodote ( dans- le quatrième
fiècle avant 1ère vulgaire) eft, à ma connoiffance, le pre-
mier qui en ait parlé (lib. ^3feSl. 4 4 , pag. 34 U'ejfel.) j
dit que cette plante croît en.Scythie 5 que les Thraces.
s’en font des vêtemens qui reffemblent tellement à ceux
de lin, qu’il faut une grande expérience pour les diftin-
güet ; qu’il reffemble fort au lin , . excepté qu’il eft plus
gros & plus grand. Il falloit que l’hiftorien n’eût jamais
vu de chanvre pour-confondre ce végétal, dont la tige
éft velue, dont les feuilles font compofées de cinq fo-
libles, dont les fexes font placés fur des individus fépa-
jjjés, avec le lin, qui a une tige lifle, des feuilles fimples,
& les deux fexes renfermés dans la même fleur. Théo-
fjhrafte, un fiècle après Hérodote, n’en fait aucune
mention. Diofcoride, contemporain de Pline, parle du
ehanvre ( lib. 31 cap. 165 , i6 é ) & de fes ufages médi-
fêinaux -3 il dit qu’avec fon écorce on fabriquoit les cordes
l,es plus fortes. Paufanias écrivoit, un fiècle après Diofcoride,
que le chanvre étoit cultivé dans\ ‘Ê\\àe (Eliac.-
lib. y ) j mais les Grecs n’en firent ufage que pour la
çôrdèrie & l’étoupage des navires : du moins aucun de
leurs écrivains ne fait .mention de toile de chanvre. Les
jf cri vains romains gardent le même filence fur cette
IfiJe 3 quoiqu’ils parient de cordes, de filets, de calfa-
, &c. faits avec le chanvre. C ’eft le feul ufage que
:.|.'on en fit dans l’Europe méridionale jufqu’aux trezième
& quatorzième fiècles, où les toiles de chanvre, fabriquées
depuis long-tems dans les îles britanniques & dans
les autres contrées feptentrionales de l’Europe , furent
connues, & où l ’on en fabriqua de femblables en France,
en Allemagne, en Ita lie, & c . Dans le cinquième volume
■ S Mémoires de FInJlitut (Littéral. & Beaux-Arts} , on
èn trouvera un que.j’ai compofé fur ce fujet.
1 Le duvet de Yacanthus & la fubftance laineufe de
^tapocinum ont été filés pour vêtir les Anciens.
^■ Les r o s e a u x , le p a p y r u s entr’autres, ont été employés
pour les vêtemens. Les prêtres égyptiens (Herod.
f b' 2 » CaP' 3? ) avoient des chauffures faites avec le
Wapyrus ^ parce qu'ils né portoient rien de ce quivavoit
Ijpppartenu à un être vivant.
§• III. Corps inorganiques.
■ • Les minéraux n’ont pu fournir aux Anciens, que
I’am ia n t e , dont les filets foyeux, tordus avec du lin
ou de la laine, aient formé une toile. Après qu’elle
venoit d’être fabriquée, on la jetoit dans le fe u , qui
confumoit la laine ou le lin , & qui laiffoit fubfifter le
tiflu d’ amiante, devenu incombuftible j mais il eft plus
que douteux que l'on ait employé cette toile pour faire
clés vêtemens : on n'en trouve aucun témoignage dans
les anciens écrivains. D’ailleurs, Pline dit que l'amiante
fe vendoit aufli cher que les perles j il ajoute qu'à la
vérité on en faifoit des ferviettes, & que les Souverains
feuls poffédoient ces curiofités j enfin, qu’ on envelop-
poit les corps des Rois dans des toiles d’amiante en les
dépofant fur le bûcher, afin que leurs cendres ne fuflent
point mêlées avec celles du bois & des aromates. On
conferve dans la bibliothèque du Vatican une toile
d’ amiante, qui fut trouvée auprès de Rome en 1702,
dans une urne de marbre, ornee de bas-reliefs élégans.
Cette toile renfermoit un crâne & des 6s brûlés} elle a
de longueur environ 1 mèt. 8372 (cinq pieds feptpouces
dix lignes & demie), & de largeur, 1 mèt. 6i8y (quatre
pieds onze pouces neuf lignes & demie).
Or , argent. Je ne parlerons pas ici des métaux s'ils
n’avoient fervi que d’ornemens aux habits des Anciens f
mais Pline (lib. 33, cap. 3) dit qu’Agrippine-Ia-Jeune,
femme de Claude, affifta au fpeétacle d’une Naumachie
revêtue d’un paludamentum ( manteau des généraux )
d’or, tiflu fans autre matière : Paludamento aureo, textile
fine aliâ materiâ. Ëlagabale ( Lamprid. cap. 23 ) portoit
une tunique de même forte, aurcâ omni tunicâ. Les galons-
d’or pur d’Herculanum peuvent donner une idée de ce
luxe, qui fut très-rare ; car on fe bornoit, en général, à
mêler l'or avec la foie...... Vejtifque ferics. & intexte filis
aureis, dit Apulée ( Metam. lib. 4 ) . Pline nous apprend
(lib. 8 , cap. 4 8 , fect. 63 ) qu’Attaîe, roi de Pergame 9
avoit mêlé le premier l’or avec d’autres matières.
N°. II. Travail des matières employées à faire
des vêtemens.
Couleurs. Après le choix des matières employées
pour les vêtemens par les différens peuples de l ’antiquité,
les artiftes doivent connoître les couleurs recherchées
pour embellir ces matières. La plus rare & la plus
chère rat fans contredit la pourpre. Il y avoit deux fortes
de pourpre fi on la confidère par rapport aux fubftances
qui la fourniffoient (Philojlr. epifi. 28) : i 9. la pourpre
marine ou tyrienne , ü/.*çycs, faire avec les moilufques
teftacées ou coquillages appelés murex & purpura, uni-
valves tous deux, courbés en voûte alongée, terminé»*
en pointe, hérifîes de tubercules ou de piquans, & peut-
être avec la liqueur rouge qui tranffude au travers des
pores de certains mollufques nus, tels que le lièvre de
mer ; 20. la pourpre terreftre, moins chère que l’autre,
& faite avec les gallinfeétes ( non avec la cochenille du
Mexique, que les Anciens n’ont pas connue), tel que
le kox.kos3 coccus ou kermes , qui vit fur les chênes-verts ,
que Silius Italicus {Mb. 16 3 verf. 3 y y) appelle cinyphiusr
coccus. Si l’on confidère la couleur pourpre par rapport à
fes nuances , on en trouvera trois fortes diftinaement
énoncées dans Dion-Chryfoftôme ( Orat. 1 , pag. 16 ) ;
lar pourpre marine ou violette, qui reffembloit a notre
laque -, la pourpre terreftre, qui étoit rofe
(glojjk veteres......rofeum , coccinum ) ou qui reffembloit
à notre écarlate, mais moins nette & moins briffante,
| tyoïnxys j la pourpre commune, qui étoit une imitatio»