fon attribut ordinaire 5 c'eft une couronne de chêne qu'il
porte, pareille à celle de Jupiter-Dodonéen. Plutarque ,
parlant de la reflemblance que P on trouvoit à Antoine
avec Hercule , fait mention de la largeur du front & de
la forme arrondie du nez. (P L y I I , n°. 3.)
Sur une améthyfte gravée du Palais - Royal ( tome I ,
PI. L X X X ) paroît Hercule jeune : on voit autour de
fon cou Vindication de la dépouille d'un lion. On remarquera
fur fon front la forme de celui du taureau. 11 n'a
point les oreilles écrafées, comme on les voit aux plus
célèbres têtes d'Hercule, parce qu'il ne s’eft pointencore
exercé aux combats du Cefte. ( PL V I I3 n°. 1 , )
BACCHUS. Si Bacchus n’ eft,comme Apollon, qu'un
fymbole du Soleil ou de l’ame de l’Univers, comme lui
auffi il eft ordinairement repréfenté avec les traits & les
grâces de la jeuneffe. Sénèque ( (Edip. verf. 419 ) l'appelle
une vierge déguifée, à caufe de fes formes & de fa chevelure
blonde. 11 a des cheveux de couleur châtain dans
les peintures d’Herculanum. ( Tom. I V , pag. 137.)
£ntre les belles têtes de Bacchus, on admire cette
cornaline du Pahûs-R&yal, (Tome Z, PL LX V l.) Le dieu
' eft brillant des grâces de la jeunelfe, & couronné de
lierre. ( PL V i l , n°. 4. ) *
Lorfque les artiftes voulurent peindre Bacchus vainqueur
de l’In d e, ils lui donnèrent les formes de l’ âge
viril : la barbe eft le caractère de cet âge. Une des plus
belles têtes de Bacchus-lndien eft celle de ce numéro,
quoiqu'elle préfente les traits d’ un homme âgé de vingt-
cinq ans au plus 5 cependant la barbe eft longue &
touffue, parce que les dieux ne dévoient avoir que les
formes les plus belles : de là vint au Bacchus-lndien le
furnom de Barbu, La couronne de lierre & la reffem-
blance avec les têtes des figures de Bacchus-lndien ont
fait reconnoître, celle-ci. ( PL V I I , n°. 5 .)
FAUNE. Les faunes avoient la forme humaine,,hors
les oreilles & la queue de bouc. Les monumens les
représentent ordinairement-dans l’âge de la jeunelfe,
‘mais d’ une jeunelfe achevée, à cette époque où le corps
eft parvenu à tout fon développement. Les traits de leur
vifage, la manière dont leurs cheveux font travaillés &
leur bouche légèrement relevée aux deux extrémités
rappellent d’une manière vague les formes du bouc.
Cette tête eft gravée dans la collection du Palais-Royal.
( Tome / , PL LX X I I .) (P L V i l , n°. 6 .)
SATYRE. ( P l . X , n°. 6. ) Cette tête de fatyre eft
gravée fur une fardoine de la galerie de Florence. (Tome 1,
tab. 8 6 , n°. y .) Elle eft très-expreffive. On y voit toutes
les formes du bouc : les cornes, les oreilles pointues ,
les lèvres faillantes, les cheveux crêpés & femblables à
des poils, &c.
PAN. Quoique dans l’origine Pan fût repréfenté fous
les traits d’un fatyre, cependant cette divinité, que
Piridare appeloit le plus ( apud Ariftid. Bacch. ) parfait
des dieux, reprit par la fuite la forme humaine.
Winckelmann lui attribue cette tête que l’ on voit fur les
médailles d’Antigone, roi d’A fie , à caufe de fa barbe,
de fa chevelure hériffée & de la couronne de lierre.
(P L V I I I , 1 . )
SILENE. Lucien, parlant de Silène, dit que « c'étoit
» un petit vieillard dont le nez étoit écrafé....; les
*> oreilles grandes & droites. » C ’eft ainfi que le repré-
•fente un bronze A’Herculanum (tome V ,p . 2 3 ) , dont on
voit ici le deffin. La couronne de lierre cache le haut de
l’oreille. (PL V I I I , n°. 2. )
ESCULAPE. Gn trouve quelquefois Efculape repréfenté
fans barbe ; mais le plus fouvent il en a une très-
forte. Il eft ordinairement couronné de laurier, comme
fon père Apollon 5 cependant un diadème ou un fimple
bandeau ceint la tête de quelques-unes de fes ftatues.
On voit ce bandeau à une tête confervée dans la collection
des pierres gravées de la galerie de Florence.
( Tom. I , tab. 68 , n°. 1. ) Comme elle eft deffinée de
profil, on ne peut appercevoir le caractère particulier
des têtes d’Efculapé, qui annonce le petit-fils de Jupiter :
je veux parler des cheveux : ils s’élèvent fur le front,
d’ une manière qui fait qu'on leur trouve quelque reffem-
blance avec ceux du père d’Apollon. ( PL V U I 3n°. 3.)
VICTO IR E . Les cheveux de la Victoire fon t , à
quelques exceptions' près / relevés fur la tête comme
ceux de Diane & des vierges. Elle eft toujours repré-
fentée jeune , & elle eft fouvent couronnée de laurier.
La tête que l’on voit'ici eft gravée fur une améthyfte du
Palais-Royal. (Tome J , PL X L.) La coiffure, la couronne
& les ailes défignent la ViCtoire. (P L V I I I 3 n°. 4. )
GORGONE. Des trois gorgones > Médufe avoit feule
des ferpens mêlés avec fes cheveux : c’eft pour cela fans
doute que les éditeurs de la defcription des pierres gravées
du Palais-Royal (tome I , PL X C V ) ont reconnu
une des gorgones fur ,1’améthyfte qui eft deffinée ic i, à
l’abfence des ferpens. (. PL V U I , ;*°. 6. )
MEDUSE. On voit fur cet onyx de trois couleurs
( Palais-Royal, tome I , Pl. X C V I ) une des plus belles
têtes de Médufe. Les ferpens, les ailes, les cornes &
la terreur répandue fur ce vifage admirable, tout fait
reconnoître ce fymbole, que Pallas avoit placé fur fon
égide pour effrayer fes ennemis, & qui brilloit fur le
bouclier des héros. Ovide nous dit pourquoi les ferpens
étoient entrelacés dans la chevelure de Médufe. Neptune'
lui avoit déclaré fa paflibn dans le temple de Minerve
la déefle, offenfée, voulant punir Médufe , changea en
ferpens fes cheveux fi beaux & fi vantés. On voit fouvent
fa tête repréfentée avec la langue tirée hors de la bouche.
Lucien ( in Phïlopatride ) dit que les héros plaçoient
fur leurs boucliers la tête de Médufe , parce' qu’on lui
attribuoit la puiffance de préferver de tout accident.
Ç ’a été vraifemblablement pour en faire des amulettes ,
que l’ on a gravé fi fouvent fur les pierres cette tête
mohftrueufè. ( Pl. V I I I , n°. y. )
HERMAPHRODITE. Caylus ( Recueil d’antiquités ,
Pl. X X V I I I 3 tome I I I ) a fait delUner de face & de profil
une tête d’hermaphrodite. J’ ai cru devoir l'imiter, parce
que le mélange des traits qui cara&érifent les deux fexes,
n’ a jamais eu de réalité que dans l’imagination des Anciens.
Ils fe font plu à repéter les portraits de cet être
chimérique , pour des raifons que je rapporterai ailleurs.
Je dirai feulement ici que cette tête peut ferv.ir de modèle
pour repréfenter les infortunés qu’une main barbare
a privés, dès l’enfance, du fexe viril. ( PL I X , «os. 1 & 1. )
VILLE ou PROVINCE. Les Anciens perfonnifioient
les provinces, les contrées', les royaumës., les villes ,
les montagnes, les mers, les île s , les ifthmes, les
fleures, le’s fontaines, Src. Ils les défignoient par des
attributs particuliers, relatifs à leur commerce, à leur
religion , aux fleuves qui les arrofoient, & c . Je n’ai à
parler ici que des têtes de ces perfonnages allégoriques.
On voit dans Philoftrate l’ISLE de-Scyros repréfentée
fous la forme d’une femme coiffée avec des joncs > le
MONT Cithéron couronné dè lierre, & c . Une pierre
gravée de la galerie de Florence ( tome I ,tab. 96, n°. 8)
préfente cette tête de. femme couronnée de créneaux ,
fymbole d’une ville ou d'une province. (PL I X , n ° 3. )
AFRIQUE. Sur les médailles & fur les pierres gravées
(Muf. Flor. I l 3 tab. 19) , d’Afrique eft repréfentée.par
une tête de femme__coiffée avec la. dépouille d’un éléphant.
( PL I X , n°. 4. )
S E C T I O N II.
Têtes mythologiques des Barbares.
ISIS. ïfis étoit en Egypte le fymbole de la force géné-,
.ratrice de la Nature, & celui de la lune! Sous le premier
rapport, elle portoit pour coiffure la dépouille d'une
pintade, parce que la variété des couleurs de cet oifeau
étoit l’emblème de la variété de couleurs & de chofes
que l'on admire dans les ouvrages de la Nature. Des
cornes de vache défignbient le croiffant de la lune. Enfin
les feuilles de mufa, de cet arbufte qui, difoit-on (Horus
Apol. lib. i , cap. 23 ) , pouffoit une feule branche à
chaque lunaifon , formoient fouvent la couronne d'Ifis.
Sur une fardoine de la galerie de Florence (tom. I ,
tab. 54, n°. y ) , on la voit couronnée de perfca , avec
des cheveux rrifés en longues boucles. Cette tête a été
gravée par des Gre cs, qui lui ont donné les formes des
têtes grecques -, au lieu des formes de l’ancien égyptien.
On verra dans les figures mythologiques deux têtes dTfis
de l’ancien ftylé. ( PL I X , n°. y .)
OSIRIS. On ne eonnoît point de tête que l ’on puiffe
attribuer fans conteftation à Offris. .
SÉRAPIS. On ne corinoît point de monument où
foient repréfentés les deux anciens Sérapis égyptiens, le
Sérapis-Soleil-d’Hiver, & le Sérapis-du-Nil. Tous ceux
qui nous font parvenus font poftérieurs au culte de
Sérapis-du-Pont, que Ptolémée Philadelphie établit à
Alexandrie après, y avoir fait tranfporter fa ftatue. Un
vafe à fond'plus étroit que l’ouverture, que l ’on eft
convenu d appeler boiffeau , eft ordinairement placé für
fes têtes, & défigne la fertilité que le Nil procuroit aux
plaines de l'Egypte. On voit une belle tête de Sérapis
dans la colle&ion des pierres gravées de la galerie de
Florènce. (T om e l, tab. 5 4 , n°. 2.) Les Grecs confondirent
avecj leur Pluton & le Sérapis-Soleil-d’Hive r,
celui des fignës- ténébreux & le Serapis-du-Nil. C'eft
pourquoi on trouve Sérapis repréfente avec lés formes
de Pluton & avec le boiffeau, qui ne convenoit point-
au mari de Proferpine. «Les têtes de Sérapis ou de
15 nous préfentent, dit Winckelmann (Hiß . de
■ *-rt > 4 3 chap. z ) , des cheveux arrangés autre-
=p ment que ceux de Jupiter. Pour rendre la phyfionomie
^ | 1® regard de ce dieu plus fombres & plus fevères on
« l’a repréfenté avec les cheveux rabattus fur le front....
» On voit auffi fouvent la barbe au deffous de la bouche
»» partagée en deux touffes diftinftes. » ( Pl. IX n°. 6 j
HARPOCR ATE . Cette divinité égyptienne étoit le
fymbole du foleil naiffant au folftice d'hiver 5 c’eft pourquoi
on le repréfentoit ordinairement accroupi, & la
main rapprochée de la bouche 5 tel en un mot que l'embryon
dans le ventre de la mère. 11 avoit auffi la tête
rafée , excepté un flocon de cheveux qui pendoit du
côté droit, pour montrer q u e , malgré la toibleflfe de
ce fole il, défignée par l’abfence des cheveux , il brille
toujours pour quelque partie de la terre. (Macrob.
Saturn. lib, 1 , c. 21. ) Les Grecs & les Romains ne
virent dans ce rapprochement du doigt & de la bouche,
que l’emblème du filence ou du fecret. C'eft pourquoi
Pline ( lib. 33, c. 3 ) dit que de fon tems on portoit des
Harpocrates. gravés fur les anneaux, dont on faifoit
ufage pour cacheter les lettres. Winckelmann (Monum.
ant. n°. 7 7 ) a publié cet Harpocrate, qui eft gravé fur
une pierre de Stofch. Il porte le fruit du perj'ea, un
bracelet & un collier remarquables par leurs formes.
(PL X 3 n*. 1. )
TYPHON. C ’étoit pour les Egyptiens le génie du
mal, l’adverfaire éternel- d’Ofiris, du génie du bien.
Cette doctrine a fervi de bafe à toutes les théogonies
orientales- Mais Typhon étoit particuliérement le fymbole
du vent d’orient, vent brûlant 6t delféchant, q u i,
après avoir paffé fur les déferts embrâfés des bords de
TEuphtate, de l’Arabie , & c . verfoit fur l ’Egypte des
torrens de feu. Le Typhon, des Egyptiens , l’afTaffin
d’Cfiris , n’étoit p.oint un monftre, comme le Typhon
des Grecs. La feule particularité qu’ ils racontoient de
lui ( Plutarck. de Ifide ) , c’eft qu’il étoit ro u x , ou de
couleur de feu : de là vint qu’on n’admettoit pour les
facrifices que des boeufs.roux, & que l’ ân e , dont la
couleur ordinaire en Egypte étoit le rou x, paffoit pour
l’animal favori de Typhon. Une pierre de la galerie de
Florence ( tome I I , tab. 4 1 , n°. i ) préfente cette tête
effrayante-( PL X , n°. 1. ) , .
MEN & LUNUS. On voit fur une pierre gravée de
la galerie de Florence (tome 11, tab. 40, n°. 1 ) , un
bufte coiffe du bonnet phrygien, ayant un croiffant pour
attribut. Les médailles de Phrygie & des pays voifins,
qui ont pour type un jeune homme avec le croiffant, le.
bonnet phrygien & le mot mhn j les pareilles, d’Antioche
de Pifidie ^avec le mot'MENSlS , &c. nous ap-,
prennent que c’étoit le mois perfonnifié , auquel on
rendoit un culte dans plufieurs villes d’Afie.' Spartien
croit que le dieu Lunus, adoré à Carrhes en Méfopo-
tamie, & que feul il appelle de ce nom, étoit la lune ;
que les maris donnoient à c e lle - c i le fexe mafculin,
pour triompher des charmes & des artifices de leurs
femmes.*C’eft là un des mille contes que les Orientaux
& les Egyptiens faifoient aux étrangers fur la nature de
leurs dieux, qu’ils tenoient fecrète. Comme la plupart
dés nations comptaient par mois lunaires, les étrangers
furent plus aifés à tromper fur cet objet. ( P l X
n°. 3,. ) ^
AMMON._ Nous avons vu Harpocrate être le fymbole
du foleil naiffant au folftice d’hiver. De même le
foleU adolefcent, à l’équinoxe du printems , fut repréfenté
fous les formes de l’ âge viril, avec des cornes de
bélier : c’étoit le Jupiter^mmon de Thèbes & de la
Libye. On croit que cet attribut défignoit le ligne du
zodiaque, dans lequel le foleil étoit placé à l ’équinoxe
du printems, le bélier (ce q ui arriva trois cents ans en