
de la villa M éd ia s , la feule connue à Rome de fon tems ,
que Neptune a la barbe plus crépue, 8c que le jet de
cneveux qui s’élève fur fon front, diffère beaucoup de
celui de Jupiter. On peut vérifier ces obfervations fur le
bufte qui leur eft conforme. On y retrouve aulïi l’ obfer-
vation fuivante : La poitrine étoit confacrée à Neptune.
.Aufli prefque toutes les pierres gravées ne préfentent pas
la tête feule de ce dieu , comme il eft d’ufage pour les
autres divinités > mais à fa tête eft jointe la poitrine.
( P l . n in ° .6 .)
Un bas-relief de terre cuite, appartenant au prince
Ch ig i, préfente cette tê te , que le trident fait recon-
noître pour celle de Neptune. M. Guattani l’a publié dans
fes Monumenci antichi ( an 1784). (P L 771, «°. I .)
TRITONS. Divinités des mers, qui précèdent ordinairement
Neptune 8c Amphitrite. Les tritons éfoiént’ les
trompettes de ces dieux, & ils faifoient réfonner une
grande coquille, appelée, à caufe de fa forme, conque
marine. Les têtes de tritons font faciles à reconnoître
par les rangs d’écailles qui traverfent leurs'fac'es. La tête
coloffale du n°. 2 , P 1. I I I , étoit confervée à la villa
Médicis, & Winckelmann l’ a publiée. ( Monum. antic.
' ■
Caylus ( Rec. d'antiq. tom .'V ) a deffine la lampe du
n ° .. 3 , P/. III. Au côté de la face du triton qu’elle
repréfente, on. apperçoit les traces de deux dauphins
qui fortent de la chevelure.
N ° . 4 , PL III. On trouve dans lè Mufeum etrufcum
( tom. 1 , tab. 75-, n°. 2 ) ce mafque , que des efpèces de
nageoires fixées aux jou es, aux lèvres 8c au menton font
attribuer à quelque divinité marine , peut-être à un
triton.
Lucien (Timon') dit que Zeuxis avoit repréfenté les
tritons avec les cheveux rejetés du front en arrière.
LÉ ANDRE. Les artiftes anciens fe font plu à repré-
fenter le malheureux amant de Héro , plongé dans l’eau
jufqu’aux épaules. Dans la collection des empreintes du
baron de Stofch, on en voyoit foixante de la tête de
Léandrè, & elles étoient toutes différentes. Celle-ci eft
tirée de la collection d’Orléans (tome J , PL X C I l l) 3 elle
eft gravée fur une aigue-marine. Le choix de la pierre eft
relatif au fûjet. (PL l l l , n ° . y.)
PLUTON. Les monumens qui repréfentent Pluton
(excepté ceux fur lefqüels il enlève Proferpine) font
très-rares 5 car il ne faut pas les confondre avec ceux qui
appartiennent exclufivement à Sérapis. Les têtes de
Pluton ont, avec celles de Jupiter & avec celles de Neptune,
un air de reffemblance. Mais Pluton a la chevelure,
la barbe, plus touffues, & l’air févère. La tête du n°. 6 ,
PI. I I I , eft tirée des pierres gravées de la galerie de
Florence. ( Tome I I , tab. 72 , 1. )
CÉRES. Une pierre gravée de la galerie de Florence
( Gem. I I , tab. 96, n°. 3 ) pré fente cette tête de Cérès.
Le voile 8c la couronne d’épis la font reconnoître. (N°. 1
PL IV .)
PROSERPINE. Sur une agate -noire- de la colleétion
d’Orléans ( tome 7 , PI. X V I ) , ou voit- cette belle tête
de Proferpine. Une pareille tê te , qui fert de type aux
médailles de Syracufe, avec la légende KOPAGy .fille ,
avoit été attribuée à la nymphe Aréthufe, à caufe des
"feuilles qui accompagnent les -épis -dont elle eft couronnée
3 8c que l’on prenoit pour des feuilles de rofeaux.
Mais la fille de Cérès peut porter la même couronne
que fa mère. On auroit ad obferver d’ailleurs que cette
tête a les cheveux relevés comme ceux des vierges , 8e
non flottans, comme les femmes les portoient. (P L IV ,
n \ l . )
VULCAIN- Les têtes de ce dieu font fort rares. Les
Grecs lui donpoient de la barbe ; les Etrufques 8e les
Romains le repréfentoient jeune 8e fans barbe. La barbe
8c le bonnet font reconnoître/Vulcain fur une pierre
gravée de la galerie de Florence (tome I I , tab. 40, n°. 3),
qui eft ici deffmée. Ce bonnet, femblable à celui d’ LJlyffe,
forme, avec des ténailles ou un marteau, l’attribut ordinaire
de Vulcain. ( PL IV , n°. 3*)
' CYCLO PE. Ce mot veut dire, à l’oeil rond, 8c non à
un feul oeil. Auffi paroît-il q u e , dans les fiècles les plus
reculés, on repréfentoit ces géants avec deux yeux. Tels
ils paroiffent fur un bas-relief du Capitole, où ils forgent
des armes. Mais l’ ufage de peindre les cyclopes avec un
oeil au milieu du front prévalut C ’eft ainfi que paroit,
fur un bas-relief de la villa Albani, publié par Winckelmann,
le'géant Polyphême. (Monum. ant. n°. 36.) Il eft
ici defliné au ri°.4 , HL 1 V.
Une peinture trouvée à Herculanum ( Pitt. tom. 1 ,
tav. 53) pré fente ce çyclope :.il eft remarquable par fa
chevelure hériflée (P L IV , n°. y.)
APOLLON. Les têtes d’Apollon font rares,peut-être
parce qu’elles ne portent aucun caractère diftinétif. Ce
font ordinairement des têtes de jeune homme, couronnées
de laurier, 8c l’ on a pu facilement les attribuer à
des perfonnages hiftoriques. Celle que Ton voit ici appartient
au célèbre Apollon du Belvédère, qui fait
aujourd’hui l’ ornement du mufée français. La chevelure
d’Apollon eft toujours blonde, 8c arrangée avec foin.
(PL I V , n°: 6.)
MARS. Cette tête de Mars eft tirée d’ un bas-relief
qui repréfente Mars 8c Vénus furpris par Vulcain.
( JVinck. Monum. ant. n6. 27. ) Qu’on ne foit pas étonné
de voir paroître ici Mars jeune 8c fafts barbe 3 tel ilparoît
fur les pierres gravées, un petit nombre excepté , 8c à fa
belle ftatue de la villa Ludovifi. (P/. V , n°. 1.)
N°. 1 , PL V. Un groupe du mufée capitolin (tom. III,
tab. 20) repréfente Mars avec de la barbe, tel qu’ il pa-
roît fur les médailles des Lucanie.ns, des Bruttiens, de
Métaponte. On en voit la tête fous ce numéro. Le favànt
éditeur du muféutnPio-Clementinum (Statua ) reconnoît
pour Mars le préténdu Pyrrhus du Capitole. On en verra ’
ici la tête parmi les têtes des Barbares.
MERCURE. Les' têtes de Mercure font coiffées fou-
vent avec le pétafe, bonnet orné de deux ailes. Elles
ont auffi quelquefois de la barbe. Celles que je retrace
ici en font dépourvues. La première («°. 3 , PA V ) ,
tirée d’une pierre gravée de la galerie de Florence (tom.l,
; tab. 69 j, n®. 1) veft nue > un caducée eft placé a fa gauche :
à droite fort de fa chlamyde la tête d’un enfant, qui peut
; être' Bacchus que Mercure porte aux nymphes de N y fa
pour l’élever. . ' •
. N°. 6 ,* PL V . Belle tête de Mercure, tirée de la
même collection (ioidèm, n°, 2 ) . Le caducee la fais
attribuer au dieu-meffager.
PALLAS ou MINERVE. (P L V , n°. 4 .) Une très-
belle pierre gravée en creux, 8c deffinée ici de la grandeur
de l’original , préfente la tête de Pallas. ( Pierres de
l'Empereur, Pl. X V I I I .) Le nom abrégé du graveur
Afpafius la.faifôit autrefois attribuer à la célèbre Afpafie;
mais la vue des médailles d’Athènes, ou cette tete fert
de type, a fait reconnoître l’erreur. On croit aujourd hui
que c’eft une copie de la Pallas de Phidias, parce qu’ elle
ne fe trouve pas fur les plus anciennes médailles d’Athènes.
Le cimier du cafque eft formé de quatre aigrettes
de crin teintes en rouge , 8c fupporté' par un fphinx.
Pallas ayant mis un frein à Pégafe en le donnant à :
Bellérophon, ce cheval ailé trouve ici fa place. Les quadriges
s’ y voient auffi, parce qu’ on en attribuoit l’invention
à Pallas. Enfin , la poitrine 8c les épaules de la
déeffe font couvertes de la redoutable ég id e , 8c l’ on
voit le bois de la lance dont elle eft ordinairement
armée.
MORPPIÉE. ( PL V, n°. 6 .) Le favant éditeur du
mufée Pio-Clémentin reconnoît pour Morphée (aux ailes
de papillon attachées à la tête ) ce bufte d’Hermès, que
Winckelmann a publié (Monum. antic. «°. 169) fous le
nom de Platon. Les ailes de papillon avoient, félon lui,
rapport au dialogue de Platon fur l'immortalité de i’ame.
Mais les traits n’ ont aucune reffemblance avec le bufte
de ce philôfophe’, qui porte fori nom écrit en caractères
antiques, 8c que l’ on voit dans la galerie de Florence.
D’ailleurs, les cheveux 8c la barbe reffemblent parfaitement
à ceux du dieu Terme ou de Jupiter-Terme.
TERME. Les têtes de cette.divinité romaine, qui fe
font confervées en grand nombre, reffemblent toutes à
celle du n°. 6 -de la PL V , fi l’on détache les ailes de
papillpn C ’étoit un Hermès qui les portoit. Elles fer-
voient de bornes dans les champs.
DIANE. (PL V I , n°. 1 .) Une pierre gravée d’Orléans
(tom. I , PL X V I I ) préfente cette belle tête de Diane
On la reconnoît à Parc, au carquois, à la chevelure
relevée fur le haut de la tê te , comme la portoient les
vierges. On peut la comparer à la tête de la Diane chaf-
fereffe, confervée dans Je mufée français5 chef-d’oeuvre
digne de Partifte qui a fait l’Apollon du Belvédère. La
tête de la Diane de marbre , trouvée à Herculanum en
17J°> a les cheveux blonds ; ceux du fommet de la tête
defcendenu fur le front en petites boucles , 8c ceux des
faces tombent en longs flocons fur les épaules 5 mais
. par derrière ils forment un noeud à quelque diftance de
la tête. Cette tête eft ceinte d’un bandeau-, fur lequel
font fculptées de relief huit rofes rouges.
La chevelure de Diane étoit blonde , félon Anacréon
( Ode 60) , qui l’appelle la blonde fille de Jupiter.
PARIS. (PL V I , n°. z . ) Bufte de Pâris fur une
pierre gravee de Natter, publiée par Winckelmann.
( Monum. antic. n°. 112. ) La' mitre ou le bonnet phrygien
qui couvroit fa t ê te , étoit dorée dans le ballet-
pantomime décrit par Apulée. (Metamorph. lib. 10, pag.
3.4 î.j in ) Ici elle eft ornée d’étoiles. On voit dif-
tinctement les pendans ou fanons de la mitre, qui fer-
voient à la lier fous le menton, 8c que Virgile appelle
redimicula mitra. * rr
VENUS. Il eft vrai femblable que nous poffédotis un
grand nombre de V enus antiques ; mais l'ablence des
attributs empêche de les donner avec certitude à cette
déeffe. Il en eft de mêmfe des ftatues de femmes qu’ on
croit la repréfenter ; c’eft pourquoi je me fuis attaché à
ne reproduire que les têtes reconnues véritablement
pour les fiennes.
PL VI j n°. 3. L ’Amour, placé fur les épaules de ce
bufte, fait reconnoître ici Vénus. Pierre gravée de la
galerie de Florence. ( Tom. I , tab. 8 2 , n°. 1. )
PL V I , n°. 4. La queue d’un dauphin, qui eft gravée
près d’ un bufte de femme ,-défigne Vénus fur cette pierre
de la galerie, de Florence. ( Tom. I , tab, 82, n°. 2 .) Le
cétacee rappelle l’élément d’où fortit Vénus à fa naif-
fance. ' '
P/. V I , n°. y. On voit ici la tête d’une Vénus de
bronze, trouvée à Herculanum. (Tom’. V I , tab. 14. ) Le
dauphin, entortillé'autour de l’arbre fur lequel elle s’appuie,
ne laiffe aucun douté fur la dénomination, quoique
les cheveux foient én partie liés fur le fommet de la tête,
comme ceux des vierges. Elle eft ici repréfentée fortant
de l ’onde , 8c n’ ayant point encore fubi le joug de
l’hymen.
L ’AMOUR ou CUPIDON; Un tfeaffdamée du Palais-
Royal (tom. I f PL X X X V , pag. iy y) repréfente l’Amour
coiffé avec la dépouille du lion de Némée. La petiteffe de
fes ailes défigne l’enfance 3 8c cet enfant èft le vainqueur
d’Hercule 1 Les Anciens ont répété fouvent cette ingénie
ufe allégorie. Elle fert même de type à des médailles
d’Alexandre-le-Grand ( Gotha Numar. pag. 99. — Annal.
Reg. Syr. tab. 1 ), où l’on voit l’Amour, enfant 8c défarmé,
porté par un lion. (PL V I , n°. 6. ) •
! Je ne parlerai point ici de l’Amour adolefcent 3 mais je
I ne puis me taire fur l ’ufage de repréfenter l’Amour avec
Lun bandeau fur les yeux. On ne le voit point tel fur les
pierres gravées de Stofch , entre lefquelles il y en a
cependant plus de deux cents confacrées à ce jeune dieu ,
ni fur les pierres de la galerie de Florence, ni fur les
pierres de la collection nationale. Au refte, ce bandeau
8c cet aveuglement ont fourni matière aux plus jolis madrigaux.
J’ ai dû avertir les artiftes pour qui je travaille j
c’eft enfuite au goût à les guider dans leurs compo-
fitions.
PSYCHÉ. La fable de Pfyché femble ne pas appartenir
à l’ancienne Mythologie. Apulée , qui ecrivoit en
latin dans le fécond fièelé de l’ère vulgaire, eft le premier
auteur qui l’ait rapportée, s’ il ne l’ a pas inventée. La
tête de Pfyché ne dcvroit donc pas, à la rigueur, être
comptée parmi les têtes données 3 cependant, la trouvant
prefque toujours retracée fous les mêmes traits y j’ai cru
la devoir inférer dans ce Recueil. Les artiftes en ont
d’ailleurs fouvent befoin, foit qu’ils aient à repréfenter
l’époufe de l’Amour , ou l’ame dont Pfyché étoit le
fymbole. Son nom grec défigne, 8c l’ ame, 8c le papillon
aont elle porte les ailes. Une pierre gravée de la galerie
de Florence (tom. I , tab. 7 9 , n°. 1 ) préfente cette belle
tête. ( P L V i l , n°. 1. )
HERCULE. On remarque ordinairement dans le front
8c le cou d’Hercule les formes du taureau, Je plus fort
des animaux qui naiffent en Europe. Aucun de fes monumens
ne les préfente exprimées avec autant d’énergie
que fur le camée du Palais-Royal (tome 7, PL L X X X ll) 3
elles, y font peut-être même outrées. Le goût de l’artifte
' le guidera dans l’étude de ces. beaux modèles. Hercule
! n’eft point ici couronné avec les branches du peuplier,