
viron avant l’ère vulgaire). Mais voyant qu’Hérodote
■ (lib. i , c. 42) parle de J u p i t e r - c o m m e d’une
ancienne divinité ; qu’en vertu de la préceffion des
équinoxes , le taureau préfidoit encore à celui du prin-
tems peu avant cet hiftorien 3 & non le bélier, je penfe
qu’ il faut chercher une autre caufe de cet attribut. On
la trouvera, félon moi, dans le langage oriental, où les '
cornes font le fymbole de la force & de la puiffa'nce.
A ce titre elles conviennent au foleil adolefcent, puif-
fant & déjà fort. La tête que l’ on voit ici eft tirée
d’une pierre gravée du Palais-Royal/ ( Tome 1 P/. V I. )
C ’eft l’ouvrage, d’un Grec , qui a cru devoir donner à
la face le principe de la tête du bélier. ( VI. X , n°. 4. )
Têtes mythologiques omifes.
PI. X , n°. y. Tête de Jupiter - Dodonéen. On en
trouve l’explication à l’article de JUPITER , page 1. ■
VI. X 3 n°. 6. Tête de fatyre. On en trouve l’ explication
après l’article de F A U N E , page 4.
C HA P I T R E 11.
O b s e r v a t i o n s générales fur les portraits antiques.
J e fais précéder mes recherches fur les coftumes des
Anciens, par le deflin des portraits des Grecs , des Romains
& des Barbares qui font parvenus jufqu’ à nous/&
dont les peintres & les fculpteurs peuvent avoir befoin
pour leurs ^diverfes compofîtions.
Le choix de ces portraits' n’a pas été difficile pour le
nombre, mais il l’ étoit beaucoup relativement à leur
authenticité,«/J’ ai donné pour les Grecs^ tous ceux qui
m’ont paru'véritablement antiques quoique plufieurs
foient d’un médiocre-,intérêtpnurd’iHiftoire 3 parce que
le nombre en eft-très-limitée Q&ant à leur antiquité , je
dois d’ abord faire obferver 'généralement que nous
devons regarder comme données ou convenues les têtes
que les Romains reconnoiiïoient pour les portraits
d’Homère , d’Hérodote , & c .j car deux mille ans qui
pous féparent d’e u x , nous ôtent le droit d’être plus
difficiles. A la vérité, Phèdre ( Fab. lib. 5 , in prologo )
difoit déjà, du tems d’Augufte , que l’ on gravoit fur des
fculptures modernes les noms de Praxitèle , de Myron ,
■ &c. pour les rendre plus précieufes ;
Ut quidam Artifices nofiro faciunt feculo 3
Qui 'pretium operibus mayas inventant, novo
S i nrarmori aafcripjeru.ru Vraxitelem fuo ,
Myronem argëhto......
Pline l’ancien dit même d’Homère , qu’au fiècle où il
écrivoit ( celui de Titus ) , on n’ avoit pas le véritable portrait
du prince des poètës , & que les têtes données alors
pour telles, étoient faites d’imagination {lib. 3 y, cap. 11).
Qain imo etiam , qu& non fiuu , finguntur, pariuntque defideria
lion traditi vultus, ficut in. Homero evenit.
.Contentons-noüs donc de recevoir pour antiques les
portraits des Grecs célèbres, avec les inferiptions que
ces images auguftes portoient dans l’ ancienne Rome 5 car
ç'eft dès fouilles faites dans l'enceinte de Rome , dans
i l s environ? ., & furtout dans la villa d’Hadrien àT iy o li,
que viennent prefque toutes ces images, qui font la
richefte de nos plus magnifiques collerions.
Ce que je 'dis ici ne concerne que les portraits en
jnarbre , foit ceux de bas-relief, foit ceux de ronde-
boffe, qui font pour la plupart des débris d’Hermès ,
efpèces d’obéîifques renyerfés, ou de gaines terminée:?
par des bufteç. Quant aux portraits des perfonnages
iUuflres de la G rè ce , que l’on voit fur les médailles ,
on ne peut douter de leur vérité lorfque les médailles
font véritables, & lorfque les noms font écrits avec les
têK$} J ç ls fppçi dans çe.R-eçueil, les portraits 4é Lyv
ciirgue , d’Alexandre & de Lyfimaque. Mais je dois
faire ici une obfervation gznérale, relative à plufieurs
des têtes que l’ on voit fur les médailles grecques , avec
des noms de perfonnages connus. Dans la plupart dés
villes & des îles grecques , le premier magiftrat ou
le premier archontè donnoit fon nom à l’année*..'.
L'an de iarchômât de Pittacus. Souvent on plaçoit l'a
tête fur les monnaies que nous appelons aujourd hui
médailles.. Plufieurs individus ont eu en G rè c e , foie
fimultanément, foit à des époques très-différentes, le
même nom. A la renaiffance des lettres on prit ces
tètes de magiftrats pour celles des grands-hommes qui
avoient porté les noms dont elles étoient accompagnées.
Ainfi on crut avoir le portrait de Soc-au, tandis que
c’étoit celui d’un magiftrat inconnu , nommé Socrate.
Je n’appellerai donc tête de tel ou tel Grec , que
celle qui portoit fon nom inferit lorfqu’ on l’ a.déterrée.
On eft du moins allure qu’ avant le fiècle ou lès ravagés
des Barbares l’ont enfevelie fous les décombres des
palais, elle étoit reconnue pour appartenir à ce pérfon-
nage, comme, nous l'apprend le nom' qui y eft gravé.
C ’eft là ce que je defigne pour plus de clarté par
l’expreffion ordinaire, tête donnée ; quoique., rigoti-
reulèment parlant j cette dénomination dut être réfervée
pour les têtes q u i, fans avoir d’infeription, femblenc
avoir porte de toute antiquité le nom fous lequel on
les connoît : telle e f t , par exemple , la belle tête
d’Homère , qui- du .Capitole. eft paffée dans le muféum
de la République françaife.
Non-feulement les médailles mal expliquées ont été
une lource d’erreurs pour les antiquaires qui ont donné
des colleétions de portraits antiques , mais encore lès
pierres gravées en ont occafîonné auffi quelques-unes.
C ’eft ainfi que ,lifant à côté de différentes têtes de femmes,
têtes nues ou coiffées d’un cafque , le mot aciiaciot ,
ou fon abrégé a cita c , on crut avoir le portrait de la célèbre
Afpafe. On fait aujourd'hui que le plus fouvent les
noms inferits fur les pierres gravées ne font pas ceux
des perfonnages qui y font repréfentés, mais qu’ ils défi-
gnenç les graveurs des pierres. Or Afpafius en étoit un.
C ’étpit suffi un graveur que lé Solon , dont le nom , mis
au génitif, coAiiNoc , & fon abrégé coaon , ont fait
prendre, jufqu’au commencement du dernier f iè c le ,
pour les portraits du légiflgteur d’Athènes , des tçtes
vieilles & jeunes , chauves ou coiffées , avec des neç
longs ou courts , &c.
poit-pn inférer d^nç collections de portraits aft*
tiques, ceux que l'on trouve dans les peintures qui
ornant les anciens manuferits ? Par exemple, doit-on
regarder comme authentiques les portraits des médecins
grecs que l’on voit dans le beau manuferit de Diofco-
ride, qui eft dans la bibliothèque de Vienne, & que
Lambecius a publiés?......Je ne le crois pas. Ce manuferit
a été écrit dans le cinquième fiècle de notre e r e , & les
portraits que l’on y a tracés ne font que desfantaifies du
peintre. 11 faut porter le même jugement du Térence du
Vatican, qui paroît être du fiècle de Conftantin. Je
donnerai cependant dans la fuite des têtes romaines,
celle de Térence , qui eft peinte dans ce manuferit,
parce que Fulvius Urfinus & ceux qui l’ont fuivi l’ ont
inférée dans leurs Recueils.
Je ne ferai ici mention que d’un feul de ceux qui ont
publié des colleêtions de portraits antiques, parce qu’il a
ouvert la carrière, parce qu’ il a été copié fans difeuffion
(& de plus avec furcharge ) par tous fes fuccefleurs dans
ce genre de travail, fi l’on excepte Gronovius ( Tkefiurus
Antiq. gr&carum, tome 1 , U & / / / ) ., Bottari ( Mufeum
Capitolinum ) , Winckelmann & Vifcônti (Muféum Pio-
Clementinum ). Je veux parler de Fulvio Orfini, plus connu
fous les noms de Fulvius Urfinus. Ce favant antiquaire du
feizième fiècle a été fouvent calomnié , & on l’a accufé
d’ignorance ou de mauvaife foi. Un feul mot fuffira pour
fa juftification. Fulvius Ufinus ( Imag. Viror. lllufir. Prof,
part. 2) a dit avec franchife, que les noms de Thalès &
de Diogène avoient été gravés récemment ; que les têtes
d’Ariftophane, d’Héraclite, de Carnéade & d’Jfocrate
n'appartenoient ni aux buftes ni aux gaines auxquelles on
les a voit adaptés. Volui vos admonuijfeajoüte-t-il après
ce loyal aveu, ne veritatis ignoratione falfâ illâ3 acfubdi-
titiâ inferiptione deciperemini. «J’ ai voulu vous en avertir,
33 4e Peur que vous ne fuffiez trompés par cette inferip-
33 tion faufle, qui a été gravée poftérieurement.«
Cette juftice rendue à Fulvius Urfinus , qui doit s'appliquer
auffi à Jean-Pierre Bellori ( lmag. Viror. lllufir. )
& a Achïlïes Stati'us ou Achille Statio ( Prs.fat. in part. 1.
Imag. Urfini), terminera. mes obfervations fur les portraits
des Grecs.
Je n’ai point d’obfervations à faire fur les portraits des
Romains que l'on voit dans cette collection, parce qu'ils
ont été deffinés , pour la plupart, d'après des médailles
authentiques, ou d’après des pierres gravées, dont la
reffemblance avec ces médailles n’ a point été conteftée.
Je rappellerai feulement aux artiftes ce que j’ai déjà dit
plus haut, qu’ils ne trouveront ici de têtes romaines
que celles des perfonnages qui peuvent faire le fùjét de
quelque compofition intéreffante. Si l’ on voit donc Héra-
clius dans cette collection , c’eft par la raifon que Co rneille
a compofé une tragédie fur cet Empereur.
Par rapport aux ftatues & aux buftes des Romains que
je citerai, je dois à la vérité de dire què les Romains
Te permettoient quelquefois d’ écrire leurs noms ou de
Portraits far les ftatues des hommes illuftres
■ deJa Grèce, afin de faire croire à la poftérité que ces
monumëhs avoient été érigés à leur honneur. Cicéron
■ écrit a Atticus f lib . epift. 1 ) : Odi falfas inferiptiones
fiatuarum alienarum.
^ S E C T I O N P R E M i È R E .
Têtes hijloriqucs des Grecs.
MÉLÉAGRE. Cette'tête eft tire'e du muféum de
Florence. {Gemme. , tom. 1 3 tab. 32^ n°.~i.). Elle a le
plus grand rapport avec le beau Mêléagre du muféum
Pio - Clémsntin , & avec le Méléagre dont un grand
nombre de bas-reliefs confervés à Rome préfentent des
portraits. (VI. X I , n°. 1.)
N . B. On voit par ce rapprochement, que la tête du
héros des forêts de Calydon eft devenue pour les peintres
& les fculpteurs une tête donnée, c’eft-à-dire , qu’ils
ne peuvent, fans crainte d’être foupçonnés d’ignorance,
lui donner des traits différens de ceux qui le cara&érifent
fur les monumens.
J’explique i c i , & pour toute la fuite de cette collection,
le fens des mots tète donnée, que j’ ai été
forcé d’ employer pour me faire entendre»
U L Y S SE , cara,âtérifé par le bonnet des marins ,
bonnet à pointe obtufe , qui défignoit fes longs voyages.
Ulyffe paroît ici tel qu'il eft repréfenté avec Diomède,
fur une pâte antique de la colleêlion de Stofch. Elle a
été publiée par Winckelmann dans fes Aionumenti anticki
-inediti (n°. 1 yy) . (VI. X I , n°. 2.) Cette fécondé tête
d’ Ulyffe eft prife d’un bas-relief antique. On lui verfe
du vin que contient une outre. Son bonnet a l’air d’ être
tiffu avec aes joncs. ( VL. X I , n°. 3. )
DIOMÈDE é t o i t , félon Homère ( lliad. lib. 1 4 ,
v. 112 ) , le plus jeune des'Rois qui formèrent le fiége
de Troye. Winckelmann croit qu’ il eft repréfenté avec
Ulyffe fur la pâte antique de Stofch, citée à l’article
d‘ Ulyffe. (PI. X I ,n ° . 4. )
HOMERE. On voudroit aujourd’hui connoïtre les
véritables traits du prince des poètes ; mais Pline (lib. 3 ç,
.cap. 11 ) écrivoit, il y a deux mille ans, que l ’on n’avoit
pas le ^véritable portrait A'Homère , & que les têtes connues
de fon tems, comme repréfentant ce grand poète ,
étoient faites d’imagination. Auffi je retrace au hafard
cette tête, que-Fulvius Urfinus (-tab. y 2. ) a publiée d ’après
une médaille de bronze de Chio. Je crains bien
qu’ il n’ait pris pour Homère un magiftrat du même nom
qui gouvernoit cette île. (PI. X I , n°. y. ) ’
Voici le bufte reconnu généralement pour celui du
chantre d’Achille , fans autre fondement cependant
qu’ün.e tradition de trois fîècles. 11 étoit au Capitole
(M u f Capitol, torn. 1 , tab. J 4 ) , & il fait aujourd’hui
l’ornement du muféum français. ( VI. X I 0.nP. 6 .)
THALES. Le portrait du premier des (âges:-de la
G rè c e , du fondateur de la feéte loiiienne, eft gravé fur
une pierre de la galerie deFlarencé.l(Gcm., I r tab.Aa
n°. 1 . ) G o r i, éditeur de ce muféum., l ’aura probablement
reconnu d’ après un bufte quë l’on voyoit chez
Achille Maffei, & qui portoit écrit fur le cou le nom
T halès. Quelle étoit l’authenticité de ce marbre ? Auquel
des perfonnages appelés Thalès appartenoit-il ? Je
n’ ai rien de certain à répondre. Vifcônti,.éditeur du
muféum Pio-Clémentin, croit le reconnoître; dans un
bufte adoffé a celui de Bias-j fon compatriote & fon
ami. ( P l. X L , n°. 7. )
P IT T A C U S , un des fept fages de la G rè c e , q u i,
ayant accepté la fouveraineté de Mitylène fa patrie, eut
affez de préfence d’ efprit pour l ’abdiquer après avoir
établi de bonnes lois. Son portrait eft pris des Recueils
de Fulvius Urfinus (n ° . n i ) , qui l’avoit trouvé fur
i une médaille ‘de Mitylène. Gette médaille* unique , après