A R G U M E N T .
C e t t e Epître a été écrite en grec par l’apôtre saint Paül en son nom, et ait
liom de Sosthènes, qu’il appelle son frère, lorsqu’ils étoient tous deux logés chez
Aquilas et Priscilie à Ephèse, et non pas à Philippes, comme le portent quelques
inscriptions ou titres ajoutés en forme de notes à quelques exemplaires
gre cs , puisque cet apôtre dit aux Corinthiens auxquels il écrit, qu’il demeurera
à Ephèse jusqu’à la Pentecôte, et qu’ensuite il passera par la Macédoine , et
ira chez eux à Corinthe y passer l’hiver ; mais comme cet espace de temps lui
parut un peu long , et qu’il avoit appris par différens avis, peut-être par
Sosthènes même, qui avant sa conversion avoit été le chef d’une des synagogues
de Corinthe, par la famille de Chloé, et sur-tout par le récit de Stepha-
nas, de Fortunat et d’Achaïque , et par les lettres de Corinthe qu’ils avoient
apportées, qu’il y avoit entre les fidèles de cette ville des partialités et des
jalousies, et que chacun d’eux affeetoit de relever le mérite de ses maîtres au
préjudice des autres ; qu’ils souffroient dans leurs assemblées un jeune homme
qui avoit commis un inceste avec sa belle - mère J qu’ils avoient des procès
entre eux, et qu’ils portoient leurs différends devant les tribunaux des Gentils ;
que dans les repas de charité qu’ils faisoient ensemble, les riches mangeoient
séparément ce qu’ils avoient apporté, et méprisoient les pauvres ; et qu’il y
avoit entre eux quelques disputes touchant le mariage, la virginité, les viandes
immolées, et la résurrection des morts. Il crut qu’il devoit leur écrire pour
appaiser leurs contestations, décider leurs doutes et régler ce qui pouvoit
regarder la discipline. C’est ce qu’il fait dans cette Epître d’une manière également
ferme, solide et charitable, entremêlant ses réprimandes de louanges et
de témoignages de tendresse et d’amitié ; il y console les uns, rassure les
autres contre la persécution dont ils étoient menacés, et leur prescrit des
règles pour se conduire avec décence et subordination dans leurs assemblées.
Il paroît que cette lettre a été écrite par l’apôtre trois mois avant la Pentecôte
de l’année 5y , de l’ère vulgaire, 24 ans après la mort de Jésus-Christ,
ce qui se justifie par le rapport de plusieurs faits et circonstances marqués dans
cette Epître, avec ce qui est rapporté dans les Actes, des voyages de cet
apôtre: car il est dit, Act. 18 , v. 2 6 , qu Apollon se retira à Ephèse chez
Aquilas et Priscilie, et que l'apôtre, après avoir traversé les hautes provinces
d’Asie, vint à Ephèse, Act. 19 , v. 1 , lorsqu’Apollon en étoit parti pour aller
à Corinthe j sans doute pour satisfaire à la prière que l'apôtre lui en avoit