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fut retenu pendant deux ans, il ne cessa de disputer contre le»
Juifs sur la venue du Messie. Comme l’empire de Néron n’étoit
pas suffisamment affermi , et que ce prince ne s’étdit pas encore
abandonné aux excès honteux dont l’histoire l’a flétri , il fut plus
favorable a saint Paul; et cet apôtre ayant trouvé grâce devant lu i,
ne se servit de sa liberté que pour aller annoncer l’évangile dans
1 Occident ; il le dit lui-meme dans la seconde épître qu’il écrivit
de sa prison à Timothée. L a première fo is , dit cet apôtre, que f a i
défendu ma cause, je n’a i été secouru de personne , et tous né ont
abandonné j je p rie Dieu de ne leur point imputer : mais le
Seigneur ni a assisté et m'a fo rtifié , afin que j'achevasse de prêcher
V Evangile , et que toutes les nations Ventendissent, ensorte que f a i
été délivré de la gueule du lion ,• désignant sans doute par ce terme
l’empereur, à cause de sa cruauté; et tout de suite : L e Seigneur
qu i m’a délivré de tout m al, me sauvera pour me donner sort
royaume céleste ) marquant par là que le temps de sa mort n’étoit
pas éloigné; car il avoit déjà dit dans la même épître : Pour m oi, je
suis sur le point d ’être sa c rifë , et le temps de mon départ s’approche,
Enfin cet apôtre reçut à Rome la couronne du martyre 3 le
même jour que saint P ierre, et fut enterré sur le chemin d’Ôstie:
ce qui arriva la quatorzième année de Néron , et la trente-septième
depuis la mort de Jésus-Christ. Il nous reste de lui neuf Epîtres
adressées à sept Eglises; une aux Romains; deux aux Corinthiens;
une aux Galates; une auxEphésiens;une aux-Philippiens ; une aux
Colossiens; deux aux Thessaloniciens, et les autres écrites à ses
disciples; deux à Timothée; une à T ite ; une àPhilémon. Quant à
l’Epître aux Hébreux, on ne la croit point de cet apôtre, à cause
de la différence du style; mais de saint Barnabé, selon Tertullien,
et de saint Luc , selon d’autres ; ou même de saint Clément, qui
flepuis fut éyeque de Rome, et qu’on dit avoir recueilli et mis en
ordre
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ordre les pensées de saint Paul, soit que cet apôtre écrivant à
des Juifs qui, quoique convertis, avoient toujours quelqu’éloigne-
ment pour sa personne, il n’eût point voulu mettre son nom à la
tête de cette Epître; qu’il l’avoit écrite en hébreu avec beaucoup
d’éloquence, comme s’exprimant en sa langue.naturelle ; qu’elle
avoit même été traduite en grec avec encore plus d’élégance, et
que c’étoit l’unique raison pour laquelle cette Epître paroissoit si
différente des autres. Quelques-uns lui en attribuent encore une
aux Laodiciens, mais elle est universellement rejetée.