de Normandie. Un fabriquant de crinolines et de corsets
achetait le cadavre pour en tirer les fanons. Pour se défaire
des grands os de la tête de cette baleine, il les ensevelit dans
le sol de sa cave, et c’est un de ces ossements qui, après
deux cent ans, faisait tant de bruit dans le monde savant.”
Enfin, en 1865, j’avais l’honneur de faire voir dans le
musée Teyler cet os célèbre à un des plus grands connaisseurs
de baleines actuellement vivantes, à feu le prof. Claas
Mulder de Groningue. Ce savant me dit, qu’il envisageait
cet os comme un os déformé, peut-être morbide, de la base
du crâne d’une baleine franche très grande. Il reconnut la
petite cavité qui se voit à l’une des extrémités de l’os, comme
la cavité cervicale.
Au-dessus de la porte du musée qui donne entrée à la
troisième salle, dite des instruments, on voit exposé le crâne
d’un animal à cornes, ou, pour mieux dire, l’os f r ont a l
avec les noyaux ou les che vi l les des cornes d’une espèce
de boeuf. J’ai trouvé cet échantillon dans une des armoires
du musée, sans étiquette indiquant le nom, le lieu de provenance
etc. Feu le dr. Staring, en visitant un jour la collection
paléontologique, me dit qu’il croyait se rappeler
que ce fossile avait été trouvé en Allemagne, dans le Rhin.
Ce savant, en examinant l’objet, me dit que sans doute
c’était une partie du crâne d’un auerochs fossile, et non d’un
boeuf fossile, comme le prétendait M. le prof. Yan Breda, et
qu’il était en tout cas un fossile très récent, ou un soi-disant
subfossile.
On sait que toutes les espèces de boeufs déterminées
avec une précision suffisante, appartiennent à l’époque diluvienne
ou à l’alluvium. Lorsque .Iules César pénétra dans les
Gaules, il trouva les forêts de ce pays habitées par une espèce
de boeuf de grande taille, à laquelle il donna le nom d’Urus,
et dans ses Commentaires il ajoute, qu’il diffère du taureau par
la grandeur et la figure de ses cornes. On a souvent appliqué
ce passage de J. César à l’auerochs, le bison européen qui vit
encore aujourd’hui dans les forêts de la .ithuanie, mais plusieurs
raisons peuvent faire croire que deux espèces différentes
vivaient simultanément à la même époque, et qu’elles étaient
distinguées déjà sous les noms d'Urus et de Bison. Il faut
remarquer, en effet, que J. César dans sa description de l’Urus
ne parle ni de la crinière, ni de l’épaisse fourrure, qui rendent
l’auerochs si remarquable. De plus, Sénèque et Pline citent le
bison et l’urus comme deux animaux distincts. L’urus paraît
caractérisé par sa taille très grande, ses cornes très longues,
di ri gées en avant , et par son front plat; le bison était
reconnaissable à sa crinière, à son épaisse fourrure, à ses
jambes grêles, à ses cornes plus courtes, non r e cou r b é e s
en avant , et à son front bombé. Nos races domestiques n ont
aucune ressemblance avec le bison, et beaucoup plus avec l’urus,
d’où quelques naturalistes ont inféré que cette dernière espece
était probablement la source d’où elles étaient dérivées.
L’espèce que l’on peut, avec quelque probabilité, rapporter
à l'urus de César, et considérer comme la souche possible des
boeufs domestiques, est le Bosprimigenius Bojanus, caractérisé,
ainsi que nos races actuelles, par des membres trapus, un front
aplati et carré, ainsi que l’occipital, et ayant^ les cornes
r e cour bé e s et r a b a t t u e s e n avant . Ses débris ont été
trouvés dans plusieurs cavernes, tourbières et dépôts diluviens.
Une autre espèce, que l’on peut rapprocher du bison ou de
l’auerochs actuel des forêts de Lithuanie, est le Bos priscus
Bojanus, Y aurochs fossile de Cuvier. Cet animal est caractérisé
par ses membres plus élancés, le front arrondi et les cornes
d i ve rgent e s et t rès f a i b leme nt courbées.
Le fossile au dessus de la porte, l’os frontal avec l’axe
osseux des cornes, l’étui corné étant perdu, est sans doute le
reste d’un auerochs fossile, d’un Bos priscus Bojanus, comme
le dit l’étiquette.
Avant de quitter les salles qui contiennent la belle collection
de fossiles et de pétrifications que nous venons de
parcourir, il est encore nécessaire de fixer l’attention du visiteur
du musée sur un ouvrage qui lui pourra etre encore
plus utile dans ses études paléontologiques, que le petit ouvrage
qui lui a servi de guide en parcourant la collection.
Je veux parler de l’ouvrage intitulé : Catalogue systématique
de la collection paléontologique du musée Teyler, VI parties
et IV suppléments. Le visiteur trouve ces dix livres, accompagnés
d’une Table numérique, déposés sur la vitrine III.
Voici la manière de s’en servir: dans la Table numérique,
qui se compose d’une série non interrompue des nombres 1 à
16000, on cherche le numéro qui désigne l’échantillon, que