Je crois que le Pterodactylus grandipelvis v. Meyer a pu
très bien laisser ces empreintes tétradactyles et de queue
forte et pointue, et c’est pourquoi j ’ai proposé de donner à
cette empreinte curieuse le nom d'Ichnites pterodactyli gran-
dipelvi Winkler.
Enfin, dans la vitrine 23 on voit déposé un objet très intéressant,
no. 4023; il a l’air d’être le crâne d’un animal
quelconque, accompagné d’une mâchoire inférieure isolée. Cet
objet précieux me tomba dans la main en parcourant en 1861
ou 1862 quelques tiroirs du musée. Peu de jours avant, je
venais de Jire dans l’ouvrage intitulé Zur Faitna der Vorwelt
T. IY p. 54 du grand paléontologue Hermann Yon Meyer, ce
qui suit: „En parlant d’une collection précédente du médecin
Haeberlein à Pappenheim, qui a été achetée par le musée
Teyler à Haarlem, Quenstedt écrit à Bronn : „Surtout je veux
fixer votre attention sur un crâne qui, à mon regret, avec
la surface inférieure, celle des dents, est encore caché dans
la pierre. On observe la surface supérieure des os du crâne
et du front avec leurs sutures ; la mâchoire inférieure, gisant
en bas, est d’une seule pièce. Je dois confesser qu’à la
première vue j ’eus l’impression que ce ne pouvaient être que
des restes d’un mammifère! Au surplus, sur une autre
plaque se voit un os sacrum, dont les vertèbres réunis, si
je ne me trompe pas, forment cinq paires de trous, et je ne
saurais comparer tout cela qu’avec des os de mammifère.
Ces restes font présumer un animal de la taille d’un chat,
et qui ne pense pas ici au Didelphys de Stonesfield? En
décroûtant les dents on pourra avoir la certitude si je me
trompe ou non.” — L’auteur, Yon Meyer, poursuit: „Pendant
mon séjour à Haarlem (en 1847) je cherchais en vain
ce crâne dans le musée Teyler, je ne trouvais que l’os sacrum,
dont je reproduis une esquise, etc.”
Comme je viens de le dire, en rangeant quelques tiroirs
à fossiles divers, je trouvais dans un coin le petit bloc de
pierre, qui renferme le crâne et la mâchoire inférieure dont
parlait Quenstedt, et que Yon Meyer avait cherché en vain
dans le musée. Immédiatement j ’en fis faire une image photographique,
que j ’envoyai à Hermann Yon Meyer, accompagnée
d’une lettre, dans laquelle je lui communiquais ma trouvaille,
et lui demandais s’il croyait que nous avions affaire ici à un
mammifère. Peu de temps après le savant de Frankfort sur
le Main m’écrit qu’il ne pouvait pas voir dans ce crâne un
reste de mammifère ; qu’il avait la certitude que c’était le
crâne d’une tor tue, etc. A présent ce fossile se voit dans
la vitrine 23, et en bas de cet objet se trouve la lettre
autographique do Hermann Yon Meyer, lettre qui en 1987
aura sans doute une grande valeur.
A côté de ce crâne d’une tortue se voit une petite plaque
avec un fossile, qui me semblait représenter un petit s e r p e n t,
un ophidien quelconque, no. 4039 et 4040. Dans ma lettre
précitée à Yon Meyer, je demandais en même temps son
opinion quant à cet objet. Dans sa réponse, la lettre citée
ci-dessus, ce savant m’écrit, qu’il croit que ce sont deux
colonnes vertébrales entrelacées de deux exemplaires de
petits poissons, de deux Leptolepis de Solenhofen. A présent
je le crois également.
ARMOIRE 8.
Comme les vitrines que nous venons de parcourir, l’armoire
8 renferme des fossiles du calcaire jurassique. Le premier
fossile que nous devons examiner, no, 10339 et 10340, est
V Anguisaurus bipes Yon Meyer. Ce savant en dit dans son
Zur Fauna der Vorwelt T. IY. „Dans la collection du
Dr. Haeberlein à Pappenheim, Yon Munster a vu une pétrification
de Solenhofen, qui avait l’air d’être une anguille ou
un serpent, et que ce savant déclarait appartenir à un genre
nouveau de reptiles de la famille des sauriens bipèdes; dans
ce reptile il croyait voir le représentant du genre actuel
Bipes." L’échantillon dont parle Yon Meyer etqu’il a vu en 1847
dans notre musée, parait manquer de membres antérieurs, et par
conséquent se rapprocher des types nombreux, qui forment
une transition des sauriens aux ophidiens. L’anguisaure a une
tête qui rappelle un peu celle des serpents, des vertèbres
allongées à apophyses épineuses fourchues, et des côtes ventrales
coudées comme celles des ptérodactyles. Quelques auteurs
réunissent ce reptile aux pleurosaures de Yon Meyer; suivant
Pictet ce rapprochement ne paraît pas suffisamment démontré.
Au-dessus de Y Anguisaurus se trouve exposée la nageoi re
caudal e d’un poisson gigantesque de Solenhofen ; objet très
curieux et parfaitement extraordinaire, no. 6887. Au premier
abord on a de la peine à croire que c’est la caudale d’un
poisson qu’on a devant soi, surtout à cause des dimensions
extrêmement grandes: les fulcres qui bordent les rayons extérieurs,
et les écailles plus ou moins rhomboïdales et couvertes
d’une couche d’émail, prouvent assez clairement que