que dans ce crâne était resté la particularité qui le distingue
surtout de l’éléphant d’Asie, et attendu que cette partie
manque généralement dans la plupart des crânes de l’éléphant
fossile qu’on a trouvé jusqu’ici en Europe, je croyais que
c’était une affaire d’une très grande importance d’acquérir
cette pièce rare et instructive. Car dans ce crâne la partie
antérieure, qui est formée des alvéoles des défenses, a été
conservée parfaitement et entièrement, à l’exception toutefois
des parties inférieures de ces alvéoles.”
Depuis 1824 ce crâne célèbre a été conservé dans la collection
de la Société hollandaise des Sciences à Haarlem. En
1885 M.M. les directeurs de cette Société ont offert cet objet
intéressant au musée Teyler : à présent il en forme un ornement
précieux.
VITRINE V.
Nous venons de parler des dents des éléphants et de leurs
différences spécifiques. Dans la vitrine V nous voyons, outre
le poil du mammouth et les dents de l’éléphant d’Afrique
que nous venons de décrire, encore une multitude de restes
de mol a i res et de défenses du mammouth. Toutes ces
molaires nous présentent les lames d’émail disposées en lignes
à peu près parallèles, tandis que dans l’éléphant d’Afrique
elles forment des losanges.
A côté des restes du mammouth on voit ici quelques dents
et un fragment d’une défense d’un mastodon, probablement
du Mastodon angustidens Kaup. Ces dents (des moulages?)
sont un cadeau offert dans le temps par Kaup à mon prédécesseur
Van Breda, qui les a déposées dans un des tiroirs du
musée.
A côté de ces molaires du mastodon se trouve une petite
collection d’ossements du Halitherium Schinzi. Cet animal
sirénoïde fossile avait tous les caractères osseux du dugong
actuel. Le halithérium vivait probablement sur les côtes de
la mer et vers l’embouchure des fleuves, comme aujourd’hui
les dugongs et les lamantins. Ces os proviennent du terrain
miocène de Flonheim en Allemagne.
Dans la même vitrine on remarque une collection d’os du
grand oiseau coureur , qui est connu sous le nom de Moa.
On sait que l’ordre des oiseaux coureurs comprend des oiseaux
à ailes trop courtes pour voler, comme les autruches et les
casoars actuels. La découverte la plus remarquable d’un
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oiseau coureur fossile ou subfossile, a été faite dans les
terrains les plus récents de la partie du nord de la Nouvelle-
Zélande.
De nombreux ossements de ces oiseaux, rapportés en Europe
et étudiés par plusieurs savants, ont prouvé l'existence de
plusieurs espèces et même de deux genres, le genre Dinornis
et le genre Palapteryx. Le genre le plus nombreux en espèces
et le plus anciennement connu, est celui des Dinornis. Leurs
os sont pleins à l’intérieur, et le fémur en particulier ne
présente pas le trou pour l’air, si caractéristique de la plupart
des oiseaux. Les proportions des membres montrent un
développement énorme de la jambe : le fémur de notre
exemplaire a une longueur de 0,36 m., le tibia est long de
plus de 0,78 m. et le tarse, quoique très long, 0,49 m., est
néanmoins plus court à proportion que dans l’autruche et
les casoars. Il n’est pas impossible que ces oiseaux gigantes •
ques aient vécu dans la Nouvelle-Zélande pendant l’epoque
actuelle, et qu’ils aient été détruits par les naturels de l’île.
L’état de conservation de leurs os et leur gisement superficiel
peuvent le faire penser. On trouve chez les Maoris des
traditions sur un grand oiseau, Movie ou Moa, qui vit encore,
suivant eux, dans l’intérieur du pays, qui se retire dans des
cavernes inaccessibles et auquel ils attribuent les os du
dinornis.
A côté des os d’oiseaux coureurs, dont nous venons de
parler, nous remarquons dans la même vitrine une petite
collection d’ossements d’animaux provenus de Pikermi, village
près Athène, Grèce. En 1860, M. le prof. Gaudry a exploité
le gisement fossilifère de P ik ermi et en a rapporté pas
moins de quarante-trois caisses d’ossements fossiles. Quelques-
uns de ces fossiles très remarquables se voient ici, exposés
dans la vitrine Y. Les plus importants sont les suivants : le
crâne avec les chévilles des cornes du Palaeotragus Roueni
Gaudry, no. 12456; la chéville de corne de l'Antilope Rothi
Wagner, no. 12461; l’os tibia du Helladotherium Duvernoyi
Gaudry, no. 12454; la mâchoire du Hipparion gracile Christol,
no 12464; le fémur d’une espèce de Rhinocéros ; une dent
du Metarctos diaphorus Gaudry, no. 12474 et plusieurs autres,
surtout des dents du Camelopardalis attica Gaudry et Lartet,
no. 12453 ; et avant tout la mâchoire inférieure avec des
dents et quelques os métacarpiens du Mesopithecus pentelicus
Wagner, nos. 12474 et 12475.
Ces ossements nous prouvent que la Grèce dans la
période miocénique a été habitée non seulement de plusieurs