c’est une nageoire caudale d’un poisson ganoïde rhombifère,
auquel j ’ai donné le nom de Tetragonolepis eximius Winkler.
Cette nageoire a une longueur de 25 centimètres et une largeur
de 49 centimètres. En supposant que la caudale était
proportionnée au reste du corps, on peut évaluer la grosseur
gigantesque du poisson : On trouve alors que le Tetragonolepis.
eximius a dû être un poisson d’une longueur de 1,875 m.
et d’une largeur de 1,05 m. Or, parmi les poissons des mers
de notre époque il n’y a que quelques-uns, comme le flétan
et quelquefois la raie cendrée, qui atteignent une taille pareille.
Dans cette armoire nous observons sur deux plaques de
pierre un exemplaire de la famille des squatinides et qui
provient des couches lithographiques de Bavière. Il porte le
nom de Thaumas alifer Von Münster. Les poissons squatinides
se distinguent par leur bouche fendue au bout du museau
et non en dessous, par leurs yeux situés à la face dorsale,
et par leurs grandes pectorales. Les thaumas ont une
tête ronde, un corps large et aplati, des dents lisses, comprimées,
pointues. Quelques auteurs prétendent que le Thaumas
alifer Münster appartient au genre Spathobatis Thiol-
lière, et peut-être à l’espèce nommée Spathobatis bugesiacus
Thiollière, qui se voit représentée dans la vitrine VJf et aussi
dans l’armoire 18.
Au-dessus des deux plaques à Thaumas alifer nous observons
deux exemplaires du genre Belonostomus. Ces poissons
du calcaire lithographique sont faciles à reconnaître à
leur corps allongé et tout d’une venue. Ils sont très voisins
des aspidorhynches dont nous avons examiné des exemplaires
dans la vitrine 21, mais leurs deux mâchoires sont égales,
et leur corps est ordinairement plus élancé, en sorte qu’ils
ont l’apparence de nos bélones actuels: les écailles sont
minces et disposées en rangées inégales; quelques-unes de
ces écailles sont deux fois aussi hautes que longues.
En haut, se reposant sur notre caudale de tetragonolepis,
se voit un poisson qui a été nommé le Thrissops Heckeli
Thiollière, no. 14842. Ce squelette de poisson a été trouvé
à Cirin, dans le calcaire lithographique. Il se distingue par
des écailles petites, arrondies en arrière, plus hautes que
longues, un squelette grêle, des pectorales grandes, des ventrales
petites; l’anale est longue et la caudale inéquilobe.
Les dents sont petites et acérées.
VITRINE 25.
Dans cette vitrine nous observons un grand nombre d’i nsectes
fossi les provenues des couches miocènes d’Oenin-
gen. Le calcaire marneux d’Oeningen, un dépôt d’eau douce,
contient une multitude de fossiles, des restes de mammifères,
d’oiseaux, de reptiles, de poissons, de crustacés, de plantes, et
renferme aussi de nombreuses empreintes d’insectes. Ces
insectes d’Oeningen, dont les restes fossiles sont quelquefois
conservés de manière à permettre des déterminaisons rigoureuses,
ont été étudiés par plusieurs naturalistes et particulièrement
par feu le prof. O. Heer. Ce savant lui-meme
a vu et déterminé les échantillons que nous observons ici:
quelques-uns portent encore les étiquettes écrites par Heer.
La faune entomologique d’Oeningen est remarquable par le
grand développement des sternoxes dont les larves rongent
le bois, qui forment 26 pour 100 de l’ensemble des coléoptères
connus dans ce gisement; le groupe des buprestes surtout
frappe dans la collection d’Oeningen par son abondance,
par la grande taille des espèces, et par leur ressemblance
avec celles des pays chauds actuels. Il va sans dire que nous
ne décrirons pas ici tous ces échantillons : remarquons seulement
parmi les plus beaux no. 8257, 8258, 8010, 8046,
8249, 8114, et entre autres aussi les élytres de YHydro-
philus giganteus Heer, no. 8101, 8102, 8103. En etudiant
ces insectes d’Oeningen, on est frappé par le développement
des palpicornes, c’est-à-dire des coléoptères aquatiques herbivores,
comparé à celui des hydrocanthares ou coléoptères
aquatiques carnassiers. Aujourd’hui les premiers sont aux
seconds dans la proportion de 72 à 100, tandis que dans
la période tertiaire la proportion était renversée; dans la
marne d’Oeningen les palpicornes sont au moins deux fois
plus nombreux que les hydrocanthares.
VITRINES 26 et 27 et ARMOIRE 9.
Ces deux vitrines 26 et 27 et l’armoire 9 renferment un
grand nombre de poissons fossi les d’Oeningen, localité
très célèbre pour la faune ichthyologique des terrains tertiaires.
Ces poissons d’eau douce se sont conservés de diverses
manières. Tantôt, et c’est le cas le plus fréquent, le squelette
est complet, et tous les os, restés en place, permettent
de reconstruire l’individu; souvent aussi on ne retrouve que