entière de la plaque et qui forme des sinuosités, dont les
concavités se voient tour à tour à droite et à gauche. Je
présume que cette empreinte a été faite par une queue d’un
animal plus ou moins longue, mince et dure, qui était pourvue
à son extrémité d’une membrane, d’un pavillon quelconque,
et qui a été traînée le long d’une surface composée de limon
calcaire détrempé et semi-liquide. Il paraît que pendant que
cette membrane fut traînée en avant, elle a quelquefois perdu
sa position verticale pour prendre une position horizontale, et
que, tour à tour à gauche et à droite de la ligne sinueuse
médiane, elle a causé des stries creuses dans le limon mou,
des sillons ou des rainures qui indiquent que cette membrane
en forme de pavillon a été plissée, ou du moins qu’elle avait
une surface plus ou moins inégale, avec des côtes ou des
tubérosités plus ou moins dures.
Quel est l’organe d’un animal qui a pu laisser une telle
impression ? Sans doute il est une queue traînante, terminée
par une membrane, un pavillon membraneux qui a fait un
mouvement de va-et-vient sur une surface composée de limon
calcaire semi-liquide. Mais si l’animal avait laissé cette impression
de sa queue en marchant, sans doute on devrait
trouver les impressions de ses pieds à côté de celle de la
queue. Je crois donc que l’animal n’a pas laissé cette impression
en marchant, mais en volant, en rasant le sol, probablement
au moment où il était sur le point de se poser à terre.
J ’ai donné le nom Ylchnites rhamphorhynchi phytturi
Winkler à cette empreinte : dans mon Histoire de VIchnologie
on pourra lire pourquoi j ’ai choisi cette dénomination.
La paire de plaques, marquée no. 13195 et 13196, présente
deux rangées d’impressions de pieds tétradactyles et
cruciformes: chaque rangée étant composée de sept impressions,
tandis que toujours deux empreintes sont opposées l’une
à l’autre. Les trois doigts antérieurs sont à peu près d’égale
longueur. Le quatrième doigt, le postérieur, est le plus long
de tous.
Il paraît, vu la position réciproque des empreintes en
paires et l’une toujours à côté de l’autre, que l’animal a
marché en sautillant, et qu’il a dû être un bipède, ou au
moins un animal qui, en se mouvant sur la terre, ne posait
pas ses pieds antérieurs sur le sol. Il est à peu près certain
que l’animal en sautillant des deux pieds, les levait ensemble
et dans le même moment, comme le font, par exemple, nos
moineaux actuels. Nous ne voyons point de trace d’une queue
sous la forme d’un sillon ou rainure longitudinale entre les
paires de traces. Il s’en suit ou que l’animal n’avait point
de. queue, ou que celle-ci était trop courte pour pouvoir
être traînée le long du sol pendant la marche de l’animal,
ou bien qu’il la tenait élevée, lorsqu’il se mouvait en sautillant
à la manière de notre écureuil actuel.
J ’ai donné le nom Ylchnites pterodactyli Kochi Winkler
à ces empreintes : on peut lire dans mon Histoire de l Ichnologie
pourquoi j ’ai choisi ce nom.
La troisième paire de plaques à empreintes, no. 13193
et 13194, est la plus curieuse des trois. On y voit une
rangée double de traces de pieds, composée de huit paires
d’impressions tétradactyles et cruciformes. Au milieu de ces
deux rangées on observe une rainure, qui apparemment a
été formée par une queue traînante. Ensuite on voit un endroit
de la plaque, qui présente quelques dépressions à côté
de petites élévations et deux ou trois creux peu profonds,
séparés par quelques bosses longues et peu hautes. Cet endroit
a tout à fait l’air comme si un corps large et rond s’est
remué dans le limon calcaire. Au bord de cet endroit à superficie
inégale, on remarque une série d’impressions petites,
droites et ressemblant à de petites gouttières disposées f?n
éventail, et puis une autre rangée de traces de pieds s’avançant
dans une direction qui forme un angle à peu près
droit avec la première rangée.
Dans mon Histoire de VIchnologie p. 199 j ’ai taché d expliquer
ces formes d’empreintes. J ’y ai dit: „un animal bipède
ou quadrupède, mais qui, en se mouvant sur la terre, ne
posait pas ses pieds antérieurs sur le sol — un animal qui
étendait en marchant ses quatre doigts à manière de former
une croix — un animal qui avait une queue assez longue
pour traîner sur la surface du sol lorsqu il s’avançait en
sautillant a laissé la rangée double de traces qui va du
bord inférieur de la plaque jusqu’à l’endroit a superficie
inégale et comme piétinée. Là, il a pris un peu de repos,
et s’asseyant sur les talons, il a fait avec la partie postérieure
de ses métatarses une paire d’impressions en forme de
petites cannelures. Mais son repos n’a pas été de longue
durée, il s’est déplacé six ou sept fois, faisant chaque fois
des impressions en forme de petites gouttières, avec ses métatarsiens,
et graduellement il s’est tourne dans un demi-cercle,
peut-être pour tenir l’oeil sur un ennemi qui rodait autour
de lui, et enfin, ne se croyant plus en surete, il s est enfui
dans une direction qui l’éloignait du lieu ou il avait cru
trouver le repos ou peut-être une proie.
3*