s’il avait pu le découvrir. En revanche, j ’ai rencontré dans
notre musée un bloc de pierre portant quelques restes de la
carapace d’une tortue, tirée des couches du système bruxel-
lien. Il ne m’a pas été possible de savoir l’origine ou l’histoire
de ce bloc de pierre: je l’ai trouvé dans un coin obscur
au fond d’une armoire, sans étiquette ni indication quelconque.
Je lui ai donné le no. 8451 de mon Catalogue. Il
présente des impressions laissées par la surface intérieure de
la carapace. Ces impressions sont celles des pièces vertébrales,
des deux séries de pièces costales et de quelques restes
de pièces marginales. On voit çà et là quelques lames écailleuses
d’une couleur brune et adhérentes à la pierre, comme
si le périoste de la voûte du bouclier dorsal s’est conservée
en partie.
En faisant en 1868 un petit voyage en Belgique, j ’ai visité
non seulement les musées de Bruxelles, celui de l’université
de cette ville, nommé le Musée royal d’histoire naturelle
de Belgique, et celui de feu Yan der Maelen; le
musée de l’université de Liège, et celui de l’université de
Louvain ; mais aussi celui de feu le dr. Armand Thie-
lens à Tirlemont. Dans ce dernier musée je vis une très
belle tortue fossile qui, d’après son propriétaire, avait été
trouvée à Loupoigne près Nivelles, dans les couches du terrain
bruxellien. Thielens a bien voulu me céder pour le musée
Teyler ce fossile précieux, et c’est ainsi qu’il se trouve ici
dans la vitrine YIII.
Cette tortue se présente sur deux blocs de pierre, ou pour
mieux dire dans un seul bloc, mais qui a été fendu, de manière
que chaque partie a conservé quelques restes de l’animal.
L’une des parties, no. 13102, celle dont la surface est
convexe, nous présente la majeure partie du bord, quelques
restes de vertèbres, quelques fragments des pièces costales,
et plusieurs impressions assez profondes de ces mêmes pièces.
L’autre partie, qui est concave, no. 13101, nous montre environ
la moitié du bouclier dorsal, savoir la partie antérieure
du côté droit, vue de la surface inférieure, et aux endroits
où les écussons ne se retrouvent pas, on voit les impressions
laissées par les plaques dermales et par les sillons qui séparent
ces plaques. Ces deux blocs de pierre s’emboîtent et
s’ajustent parfaitement l’un sur l’autre.
En 1863, le conservateur émérite du musée Teyler, feu
le prof. Yan Breda, déposait dans notre collection un bloc
de pierre grisâtre, présentant la carapace à peu près entière
d’une tortue vue en dessus. En me montrant pour
la première fois ce fossile, il me disait: „Yoilà une tortue
nouvelle”, sans y ajouter le nom, ni la localité. Plus
tard, lorsque je lui demandai le nom de cette tortue fossile,
il me répondit: »je ne me souviens plus de son nom,
mais je pense que vous le trouverez dans un des ouvrages
de Owen.” La lecture de l’ouvrage de Owen sur the Fossil
chelonian reptiles of the Wealden clays and Purbeck limestones
me donna bientôt la certitude, que notre tortue ne saurait
appartenir à une autre espèce qu’à celle nommée Pleuroster-
non ovatum Owen. Ce beau fossile porte à présent le no. 8450
de mon Catalogue. Je l’ai décrit dans mon traité sur les Tortues
fossiles du musée Teyler p.110: j ’y renvoie le lecteur,
plutôt que de faire ici encore une fois une description détaillée.
Disons seulement que ce bloc de calcaire purbeckien
ne présente que la carapace vue de la face supérieure, dont la
forme est celle d’une ellipse parfaite. Les parties postérieures
et la bordure du côté droit sont plus ou moins endommagées.
Dans le compartiment inférieur de cette vitrine nous remarquons
encore une coquille gigantesque d’une espèce de Perna
et quelques exemplaires du genre Nautilus du calcaire piso-
lithique de Maestricht. Ensuite un grand bloc et quelques
petits échantillons de bois p ét r i f i é du bruxellien; et enfin
un poisson fossi le extrêmement beau, de la montagne
St. Pierre. Il ne m’est pas possible de dire ici le nom de
cet échantillon parfaitement unique, attendu qu’il n’est pas
décrit encore, et que jusqu’ici moi-même je n’ai pas eu l’occasion
d’en faire une deséription et de donner un nom à cette
espèce nouvelle. J ’espère m’en occuper bientôt.
Examinons à présent les beaux restes de la t o r t u e fossile
de Maest r icht , exposés dans cette vitrine, mais auparavant
il sera nécessaire de donner un court aperçu historique,
concernant l’origine etc. de ces restes précieux.
En 1766, un officier, le major Drouin, qui demeurait à
Maestricht, commença à constituer une collection de fossiles
de la craie tuffeau des environs de cette ville. Il rassembla
non-seulement une multitude de coraux, de madrépores, d’é-
chinodermes, de bélemnites, de mollusques, de crustacés etc.
mais parmi ces objets aussi quelques ossements de tortues et
surtout les magnifiques mâchoires du Mosasaurus Camperi,
dont nous venons de parler p. 73. En 1784 Yan Marum
acheta la collection entière du major Drouin pour le musée
Teyler, et c’est ainsi que les premiers ossements de tortue
sont arrivés dans notre musée.