région occipitale est mutilée, même les os pariçtaux manquent
presque totalement. Aussi la mâchoire inférieure fait défaut.
On sait que l’éléphant se caractérise surtout par des molaires
composées de lames verticales, formées chacune de substance
osseuse, enveloppée d’émail et liées ensemble par un
ciment. Ces dents se succèdent d’arrière en avant, de manière
qu’il n’y en a jamais à la fois qu’une ou deux de chaque
côté de chaque mâchoire. On sait aussi que les espèces différentes
du genre éléphant se distinguent surtout par la disposition
des lames d’émail des molaires. Ces lames forment
des rubans transverses dans l’éléphant d’Asie, et des losanges
dans l’éléphant d’Afrique. On peut aisément observer
ces caractères distinctifs en jetant un coup d’oeil sur les
molaires de l’éléphant d’Asie visibles dans le moulage à
côté du crâne fossile, et sur les deux molaires de l’éléphant
d’Afrique qui se trouvent exposées dans la vitrine Y. L’éléphant
fossile a les lames d’émail de ses molaires plus rapprochées,
plus minces et moins festonnées que celles des éléphants
actuels, de sorte que si l’on compare une de ces dents
à une du même âge de l’éléphant des Indes, c’est-à-dire
avec une dent qui a le même nombre d’éléments, on trouvera
plus de lames dans un espace donné. Les défenses du mammouth
étaient aussi grandes que celles de l’éléphant d’Afrique :
elles ont été perdues dans l’exemplaire qui est devant nous,
mais en revanche nous observons ici un des caractères les
plus distinctifs, c’est à-dire la longueur et l’amplitude des
alvéoles des défenses.
On a trouvé des débris d’éléphants fossiles dans la presque
totalité de l’Europe. La plupart des terrains de la période
diluvienne d’Allemagne, d’Angleterre, de France, d’Italie,
d’Espagne, de Suisse, de Belgique, de notre patrie et du Mer
du Nord entre l’Angleterre et la Zélande, en ont fourni
des ossements, surtout des molaires et des os des extrémités.
Ces débris ont toujours attiré l’attention par leur grandeur,
et donné lieu à des fables sur l’existence d’hommes fossiles
d’une taille gigantesque. Mais de tous les pays celui où ces
ossements paraissent le plus abondants, c’est la Sibérie. On
trouve dans les terrains récents de ce pays des ossements
et surtout des défenses d’éléphants si nombreux et dans
un état de conservation si parfaite, qu’on les exploite sous
le nom d’ivoire fossile pour les livrer au commerce. Les
Toungouses et les Jakoutes de la Sibérie expliquent ces
dépôts remarquables d’ivoire fossile par la fable suivante :
Ils croient que le sol est miné par des animaux d’une taille
gigantesque, qu’ils nomment mammont, ce qui veut dire taupe
s o u t e r r a i n e : ils s’imaginent que ces animaux sont destines
à vivre toujours dans l’obscurité des entrailles de la terre, et
que lorsqu’ils arrivent près de la surface, la lumière les tue.
Ils attribuent à ces animaux ces ossements si nombreux.
C’est ordinairement au bord des fleuves que l’on trouve ces
débris. On en conclût que les ossements ont ete entrainés
par les eaux courantes. Aussi le crâne qui est devant nous,
a été trouvé dans la rivière le Linge, comme nous le verrons
tout à l’heure.
On a déjà découvert depuis long une multitude de débris
plus ou moins complets du mammouth : presque toutes les
collections paléontologiques du monde en sont pourvues. Mais
la découverte la plus remarquable qui ait été faite de ces
animaux, est celle d’un cadavre entier trouve dans un bloc
de glace sur les bords de la Mer Glaciale. En 1799 un pecheur
toungouse découvrit, au bouches de la riviere la Léna, une
masse informe entourée de glace ; quelques années apres,
la fonte permit d’y reconnaître un éléphant. En 1806, Adams,
voyageant pour le musée de Petersbourg, trouva cet animal
déjà en partie mis à nu et mutilé par des animaux carnassiers.
Adams reconnut avec surprise que ce mammouth avait ete
couvert d’un mélange abondant de crin et de laine. Une portion
du squelette avait été entrainée; il put toutefois en
réunir la plus grande partie et le faire transporter a Petersbourg.
Le fait le plus remarquable qu’ait démontré cette
découverte, est que le mammouth était organise pour résister
à un climat froid, car il était protégé par une toison,
comme le sont aujourd’hui les ours et les autres animaux
qui vivent dans ces contrées. Dans la vitrine V, a gauche du
spectateur, se trouvent quelques crins du mammouth de Petersbourg.
Pictet dit du mammouth: „il était couvert d’un
pelage formé de long poils bruns, gros comme des crins de
cheval et longs de 12 à 15 pouces, mêlés avec d’autres plus
petits et plus clairs, et avec une laine abondante longue de
4 à 5 pouces, fine, assez douce, frisee et d’un fauve clair.
Le crâne de notre musée a été acheté en 1824, par feu
le prof. Yan Marum, pour la collection d’objets d’histoire
naturelle de la Société hollandaise des Sciences à Haarlem.
Dans les Natuurkundige Verhandelingen T. XIII de la dite
Société, on lit: „Ce crâne d’un éléphant est sorti de la terre
en Janvier 1820, à l’occasion d’une rupture de la digue nommée
le Lingedijk près Heukelum : le débordement ou l’inondation
creusant un trou d’une profondeur de 60 pieds, et de
ce trou est provenu le crâne. Aussitôt que ce fait était connu,
je m’empressai d’aller examiner l’objet. D’abord j’observais