Il parait que le chirurgien Hoffmann à Maestricht receuillit
à l’exemple de Drouin,' vers l’an 1770, des restes de'tortues
fossiles trouvés dans les fameuses carrières, creusées depuis
un temps immémorial dans la montagne St. Pierre. D’après
Cuvier, Ossements fossiles T. Y part. 2, p. 239, Walch parle
déjà de ces restes, et Burtin, Oryctographie de Bruxelles p. 93
dit: „Dans les carrières près de Maestricht on a trouvé deux
carapaces de tortues ; elles font partie du beau cabinet de fossiles
de feu M. Hoffmann. D’après un mémoire de P. Camper,
inséré dans les Philos. Transact. 1786, il paraît que ces
restes de tortues sont devenus la propriété de ce savant. Il
dit: „Après la mort de M. Hoffmann, sa famille m’offrit à
acheter la collection entière. En Août 1782 je partis pour
Maestricht, avec le dessein d’examiner les objets, et je fus
forcé d’admirer la richesse et la beauté de la collection,
surtout des ossements fossiles de la montagne St. Pierre.
Comme les héritiers ne prenaient point en considération les
frais de transport sur la Meuse, où chaque souverain exige
un impôt énorme de tout objet qui passe son territoire, ni
sur le petit nombre de personnes en état d’acheter cette
collection, ils fixaient le prix si haut, que personne ne pouvait
agréer. La fille aînée, devenue propriétaire de la collection
entière, m’offrit enfin les spécimens principaux pour un prix
raisonnable.” Parmi ces spécimens principaux se trouvait la
carapace dont parle Camper dans le mémoire précité comme
d’un ,,dos entier d’une tortue de cette montagne, long de quatre
pieds et large de seize pouces.”
La grande tortue de Maestricht, no. 11289, de notre collection,
passée de la collection de Hoffmann dans celle de
P. Camper à Klein Lankum près la ville de Franeker en Frise,
y resta jusqu’à la mort du savant professeur anatomiste. Les
échantillons du cabinet de P. Camper, devenus la propriété de
son fils A. Camper, furent étudiés par ce savant, surtout
en ce qui regarde les restes du Mosasaurus qui se trouvaient
dans la collection de son illustre père. Plus tard, en conséquence
d’une disposition testamentaire, le cabinet entier de
P. Camper, y compris les restes de tortues déjà fameux, fut
acheté par l’Etat néerlandais, et transporté à l’université
de Groningue. On m’a raconté que la grande tortue de
Camper, notre no. 11289, fut déposée dans un des corridors
ou dans la vestibule de l’édifice académique de Groningue,
et que quelquefois les étudiants de cette université s’asseyaient
sur ce fossile, surtout quand ils revenaieht du manège et
quand leurs bottes étaient encore pourvus d’éperons.
En parlant des restes du mosasaure j ’ai déjà dit que legouvernement
néerlandais en 1852 instituait une commission pour
dresser la carte géologique des Pays-Bas; qu’à la demande
de cette commission les fossiles de Camper furent transportés
à Haarlem et déposés dans les salles du Pavillon; qu’après
la dissolution de cette commission, les fossiles du cabinet de
Camper ont été cédés au musée Teyler et en même temps
aussi ceux des collections de feu Henckelius et de feu
Thierens, comme aussi les objets de Maestricht que la commission
avait rassemblés elle-même et qui se trouvaient alors
déposés au Pavillon dans le bois de Haarlem. Tous ces objets
remarquables sont ainsi déposés depuis le 7 Novembre 1861
dans notre musée, où je les ai réunis aux fossiles de Maestricht,
provenus des collections de Yan den Ende et du major Drouin,
qui formaient déjà alors un ornement de la précieuse collection
de notre musée.
Passons à présent à une courte revue de ces restes de
tortues de Maestricht No. 11289 est le fossile nommé par Camper
le dos e n t i e r d’une tor tue. Ce bloc calcairepisolithique
a une longueur de 1,33 m., une largeur de 0,58 m. et une
hauteur de 0,26 m. On y voit la pièce nuchale, presque toutes
les pièces vertébrales, quelques pièces costales et quelques
extrémités non élargies des côtes, aux deux côtés du bouclier
dorsal. La bordure de la carapace manque tout-à-fait, comme
de même quelques pièces costales, probablement une conséquence
des éperons des étudiants de Groningue : vu la friabilité
très grande de la craie tufeau de Maestricht, ces parties
ont été pulvérisées et par là perdues. La partie postérieure
est détachée du reste, mais dans la crevasse on aperçoit une
section transversale d’une vertèbre dorsale. J ’ai décrit en
détail ce fossile dans les Tortues fossiles du musée Teyler
p. 7 et suivants, comme aussi tous les autres échantillons de
notre musée : si cette description vous intéresse, o ami lecteur,
vous trouverez ce traité dans les Archives du musée Teyler, T. II.
No. 7451 est la t o r t u e de Yan den Ende. Quand je
visitai pour la première fois, en 1851, le musée Teyler, j ’y
vis dans une vitrine deux restes de tortues de Maestricht.
Plus tard on m’apprit que ces deux fossiles avaient été auparavant
la propriété de feu M. Yan den Ende, qui avait
vendu ces échantillons à M. M. les directeurs du musée
Teyler. Il ne m’a pas été possible de savoir de qui Yan den
Ende avait acquis ces fossiles, ni quand ils étaient trouvés
dans la craie de Maestricht. Le seul fait précis en relation
avec ces objets, est qu’ils se trouvent déjà depuis l’an 1840
dans le musée. Ils n’ont jamais été décrits, au moins autant
que je sache, ni par Yan den Ende, ni par Yan Marum, ni