ARMOIRE 19.
Cette armoire contient une douzaine de plaques pierreuses
du calcaire liasique, qui présentent des échantillons magnifiques
de cr inoïdes. Nous avons déjà parlé de ces fossiles,
p. 60. J ’y renvoie le lecteur.
VITRINE 58.
La vitrine 58 est remplie entièrement de dent s de re qu ins
fossi les. La plupart de ces dents de requins ont été trouvées
dans les couches tertiaires de plusieurs pays de l’Europe ; quelques
unes proviennent de la craie de Maestrieht. Nous ne
pouvons pas décrire ici toutes ces dents: le nombre des espèces
en est trop grand. Remarquons cependant que la plupart de
ces dents sont triangulaires, comprimées, tranchantes; que
quelques-unes présentent un cône creux à l’intérieur; que les
unes sont des dents dentelées et les autres à bord lisse, etc.
Nous observons ici, entre autres, plusieurs échantillons de dents
colossales: ce sont des dents du Carcharodon megalodon Ag.
dont quelques-unes proviennent des terrains pliocènes aux
environs de Twickel en Gfueldre, du crag d’Anvers, et des terrains
miocènes de Malte. Voyez no. 8933, 8937, 8939. Ces dents
gigantesques nous prouvent que les carcharodons fossiles ont
été de très grands poissons, qui étaient en possession des
grandes dents si abondantes dans presque toutes les collections
paléontologiques. 11 est naturellement difficile d’être certain
que la grandeur des dents ait été exactement proportionnelle
à la taille du poisson, mais si l’on part de cette donnée comme
hypothèse, on verra qu’un carcharodon vivant de 5 m. de
longueur, a des dents de 0,05 m. de hauteur et de 0,03 de largeur,
et que le Carcharodon megalodon a des dents de 0,15 m. de
hauteur et de 0,09 de largeur; ce qui lui donnerait une
longueur de 15 m.
Les dents du genre Corax sont pleines à l’intérieur: elles
ont une base large et des dentelures fortes.
Les dents des Galeocerdo sont creusées d’une cavité interne ;
le pourtour est crénelé d’une manière très inégale, sur toute
son étendue la base ayant de fortes crénelures et la pointe
de très fines.
Les dents des grisets, Notidanus, sont composées non d’une
pointe conique ou principale, mais d’une série de dentelons
subégaux, dont le premier, qui est le plus grand, est lui-même
crénelé à son bord antérieur. Ces dents sont massives à l’intérieur,
comme celles des carcharodon et des corax.
Les dents des Otodus ont la forme des carcharodon, mais
en diffèrent par l’absence complète de dentelures, tandis qu’elles
ont un bourrelet ou dentelon très marqué de chaque côté.
Les dents des lamies, Lamna, diffèrent de celles des genres
précédents par leur forme grêle et allongée, qui les a fait
comparer à des langues.
Les Myliobates sont des raies armées, c’est-à-dire celles qui
ont sur la queue un ou plusieurs aiguillons; leurs dents sont
à couronne plate, juxtaposées ou réunies par leurs bords et
soudées par de fines sutures, de manière à former de larges
plaques semblables à des carreaux. Le no. 11631 provient
du terrain bruxellien.
Sauf les dents de requins fossiles, que nous venons de parcourir,
la vitrine 58 contient une petite collection très remarquable
de dents de poissons du terrain bruxellien. Voici
l’origine de cette collection. En 1873 feu .le dr. Armand
Thielens de Tirlemont, me fit l’honneur de m’envoyer une
collection de restes d’animaux fossiles, trouvés dans le terrain
bruxellien, afin d’en faire la description. Peu de temps après,
aux premiers jours de l’an 1874, M. G. Vincent de Bruxelles
eut l’obligeance de m’envoyer toutes les dents de poissons
fossiles du sol de sa patrie, qu’il possédait, et c’est de cette
manière qu’il m’a procuré l’occasion de voir, d’etudier et de
décrire les échantillons remarquables, qui composent la riche
collection de ce savant. La plupart de ces dents fossiles proviennent,
d’après M. Vincent, de l’assise bruxellienne, zone
supérieure de sables blancs à grès lustrés de Woluwe St.
Lambert près Bruxelles, et le reste provient de la zone remaniée,
s’observant notamment à Calevoet sous Uccle et à Schaerbeek
près Bruxelles, entre les sables ypresiens et les sables blancs
bruxelliens. Les descriptions des dents de ces deux collections
ont été insérées dans les Archives du musée Teyler, T. III et
IV. Il m’a été permis de retenir quelques échantillons des
espèces nouvelles décrites : je les ai exposés dans cette vitrine,
tous accompagnés d’étiquettes portant les noms. N’oublions
pas de jeter un coup d’oeil sur les dents de Cestracion Duponti
Winkler; d'Enchodus Bleekeri Winkler; de Trichiurides
sagittidens Winkler; de Trigonodus tertius Winkler; à’Otodus
Vinçenti Winkler etc. Quelques lettres de M. Vincent et de
feu le dr. P. Bleeker, eu égard ces dents de poissons, se
trouvent dans la vitrine 58.