VITRINE 57.
Les grandes dents, no. 9103, qui frappent d’abord la vue
du visiteur, sont des dent s m o l a i r e s de la mâchoire supérieure
du célèbre mammifère fossile, connu généralement
sous le nom de Dinothérium giganteum Kaup. Dinothérium
signifie bête t e r r ib l e . Cet animal est connu seulement
par sa tête colossale, dont la mâchoire inférieure est terminée
par deux énormes défenses, dirigées en bas. D’abord le
Dinothérium n’était connu que par quelques dents molaires,
que Cuvier pensa devoir rapporter au genre des tapirs, et
qui lui firent croire à l’existence d’une très grande espèce,
qu’il nomma Tapir gigantesque. Plus tard on trouva à Ep-
pelsheim des morceaux de la mâchoire inférieure. Sa grande
taille et la puissante armure qu’indiquent les défenses, le
firent nommer Dinothérium, comme nous venons de le dire.
Cet animal était sans doute un animal aquatique, plus voisin
des proboscidiens que ne le sont les sirénoïdes actuels, mais
appartenant probablement au même ordre que ces derniers.
On pense qu’il vivait vers les embouchures des fleuves, et
qu’il se servait de ses grandes défenses pour déraciner les
plantes riveraines et aquatiques, dont il recherchait surtout
les portions charnues. La découverte par M. le prof. Klip-
stein d’une tête complète dans les sables d’Eppelsheim, et la
description qu’en a publiée le dr. Kaup ont fourni des données
exactes sur cette partie de l’animal. Cette tête célèbre
est un des monuments les plus remarquables des êtres, qui
ont peuplé la terre pendant l’époque tertiaire.
Dans cette même vitrine se voient quelques dents très remarquables.
Ce sont des dents d’une espèce de l’ordre des zeuglo-
dontes, savoir du Squalodon G-rateloupi Gervais. J ’ai trouvé
ces dents parmi une multitude d’os de cétacés et de mammifères
sirénoïdes qui, dans le temps, ont été envoyés au musée
Tevler, et qui provenaient des couches tertiaires d’Anvers.
Le Squalodon était, d’après le prof. Van Beneden de Louvain,
un animal qui avait un museau allongé et étroit ;
des dents de deux sortes, les antérieures coniques et pointues,
les postérieures à deux racines et à couronne comprimée;
des membres antérieurs petits et en nageoires; des
membres postérieurs probablement nuis. M. le prof. Van
Beneden a rapproché le Squalodon des dauphins et plus
tard des phoques, comme nous le verrons tout-à-l’heure.
Une des dents exposées dans cette vitrine, a été trouvée aux
environs de Winterswÿk ou de Twickel, en tous cas en Gueldre :
c’est la petite dent qui est intermédiaire entre les dents à
racine simple et à racine double.
Ces dents de Squalodon sont marquées no. 11957.
Sauf quelques dents isolées du genre Rhinocéros, on trouve
dans cette vitrine quelques os de la tête de cet animal, et
parmi le nombre aussi deux mâchoires garnies de plusieurs
dents du Rhinocéros Schleiermacheri Kaup, no. 8495 et 8497.
Il n’est pas nécessaire de parler ici longuement des rhinocéros
fossiles, puisque ces animaux ne diffèrent pas sensiblement
des rhinocéros actuellement vivants. Rappelons seulement
que ces animaux sont caractérisés par une corne simple
ou double, qui arme le dessus de leur nez. Dans l’époque
diluvienne, les rhinocéros ont habité le nord du globe, jusque
dans les régions qui sont de nos jours presque constamment
glacées. Les découvertes les plus intéressantes de ces
animaux, sont celles qui ont été faites par des naturalistes
russes. Pallas a trouvé, en 1781, un rhinocéros entier, conservé
avec sa peau et enseveli dans le sable près de la Léna,
à 64 degrés de latitude nord. Malheureusement les circonstances
l’empêchèrent d’en recueillir le squelette complet, et
l’animal lui-même était moins bien conservé que l’éléphant
dont nous avons parlé p. 7; mais la description de Pallas
suffit pour montrer, que cet animal était probablement revetu
de poils, et organisé par conséquent aussi pour résister à un
climat plus froid, que celui que peuvent supporter les rhinocéros
actuels.
Le no. 8591 est le crâne avec des dents de VOreodon Cul-
bertsoni Leydi. L’oréodon était un animal intermédiaire entre
les pachydermes et les ruminants, sans cornes, avec des orbites
très grandes, des fosses lacrymales profondes, et ressemblant
en général à un petit dromedaire. Le crâne seul est
connu. Il provient des Mauvaises Terres, Nebrasca, Amérique
septentrionale.
Sauf les ossements, etc. que nous venons d’examiner, on
trouve ici encore un grand nombre de dents mol a i res
isolées accompagnées de quelques os m é t a t a r s i e n s etc.de
différents mammifères. Il nous porterait trop loin, si nous
voulions décrire tous ces débris d’une faune disparue: je
renvoie le lecteur à mon Catalogue.