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n e fut pius à découvrir, rïiais à peifect
i o n n e r .
Ses ramilles ont été toutes conservées
avec les seuls changements qu'amène néc
e s i a i r e i n e n t le progrès de la science, soit
en apprenant à connaî tre à fond des plantes
qui n'etaient connues qu'imparfaitement,
soit en en faisant découvrir un grand nomb
r e de tuMJvelles, pour lesquelles il faut ou
former des cadres nouveaux ou élargir les
anciens. Mais dans ces cas, si les limites
c o n v e n t i o n n e l l e s changent , les rapports
réels ne changent point, pas plus, par exemp
l e , que ceux de di\ers points dans une
é t e n d u e de pays qui , de province unique,
s e r a i t scindée en plusieurs départements.
A . - L . de Jussieu ne cessa, pendant le
r e s t e de sa longue vie, de travailler luimême
à ces perfectionnements et de préparer
une seconde édition , qui ne devait
j a m a i s voir le j o u r ; car les matériaux s'acc
u m n l a i e n t à mesure que ses forces déclin
a i e n t et que sa vue affaiblie se refusait à
des observations poussées à un degré de finesse
et de précision de plus en plus élevé.
Il se contenta donc de publier une suite de
f r a g m e n t s dans de nombreux mémoires, où
il remaniait des familles ou des groupes plus
g é n é r a u x . Mais s'ii- en admi t ou fonda beaucoup
de nouvelles, et en modifia souvent
la série en quelques points, je ne trouve
pas dans ses écrits publiés ou manuscrits
q u ' i l ait j ama i s changé la base même de son
s y s t è m e , soit qu'il y attachât réellement
peu dMmportance, soit qu'il la trouvât suffisante,
confirmé dans ce sentiment par le
succès même de sa méthode et par Thabit
n d e .
La connaissance intime des graines était
u n des fondements des familles nouvellement
établies, et Jussieu en avait examiné
par lui même la s t ructur e et la germination
sur un grand nombre d'exemples, sur tous
ceux que , pendant plusieurs années , le jardi n
e t les collections de Paris purent offrir à
ses observations. Mais pendant que son livre
s ' i m p r i m a i t , il en paraissait en Allemagne
u n autre qui lui serait puissamment venu
en aide, celui de Joseph Gacrtner sur les
f r u i t s et les graines [De fructibus et seminihus
plantarum, 1788-91). On conçoit toute
l i m p o r t a n c e de cette publication qui donna
à la scienfel a description et la figure exactes
d e mille genres étudiés par rapport a Ci?îi
caractères d'une si grande valeur. Personne
n e la sentit mieux qu'A.-L. de Jussieu qui,
plus tard , dans une suite de treize mémoir
e s , repassa en revue toutes ses familles,
en contrèlant les caractères et la composi -
tion de chacune d'elles au moyen des docu •
ments nouveaux ajoutés par Ga3i tne r . Celuici
profila moins de Touvrage de Jus s ie u qu'il
connut dans l'intervalle entre les publications
de ses deux volumes; car il modifia à
peine, dans le second, la classification qu'il
avait établie dans le preuï ier. \ \est vrai qu'il
n ' a n n o n c e pas de plus haute prétention que
celle d'une méthode purement carpologiqne
e t , de pins, s 'appl iquant seulement aux fruits
q u ' i l a connus et fait connaître. Mais cette
m é t h o d e , si les caractères du fruit et surtout
de la graine eussent été évalués à leur
taux véritable, aurait pu se rapprocher, plus
que tout autre système fondé sur la consid
é r a t i o n d'organes partiels, de la méthode
n a t u r e l l e et présenter les genres combinés
s u i v a n t leurs véritables rapports. Or ces
r a p p o r t s , Giertner ne paraît pas les avoir
l a i r e m e n t a p p r é c i é s ; ce que prouvent l'étude
d e sa classification, dans laquelle il a eu surt
o u t égard à une certaine disposition artificiellement
symétrique , et les deux discours
d ' i n t r o d u c t i o n où il développe ses idées sur
la valeur relative de ces caractères. Il y établit
fort sagement que c'est de l'ensemble
des parties que doivent se déduire les rapports
naturels; que, parmi ces parties, les
f r u i t s et g raines , plus uniformes que celles
d e la fleur, doivent en conséquence fournir
des caractères plus généraux ; mais it n'a
pas vu, ou d u moins signalé, leurs divers degrés
de corrélation nécessaire , qui ne lui
e û t pas échappé s'il avait étudié sur la nat
u r e les unes aussi bien que les autres. Il
admet deux ordres de caractères carpologig
u e s e t spermatologiques: les uns communs
à des familles tout entières ou au moins à
des genres, les autres beaucoup plus var
i a b l e s et conséquemment réduits le plus
souvent à une valeur spécifique. Dans le
p r e m i e r ordre il place la situation des parties
( p é r i e a r p e , loges, placentaire et radic
u l e ) ; la forme du placentaire portant des
g r a i n e s en nombre défini ou indéfini; la
n a t u r e charnue de l'arille et du lest; l'absence
du périspertne ou son grand développ
e m e n t ; h direction de Tembryon, droite
ou remarquablement courbée; la différence
de forme entre les cotylédons: dans la sec
o n d e , la consistance du péricarpe, du
réceptacle commun et du périsperme; la
g r a n d e u r et l 'épaisseur de ce pér isperme ; les
courbes ou plis moins prononcés des cotyl
é d o n s ; l'absence ou la présence de la plumule.
Dans sa distribut ion systématique, il
d i s t i n g u e d'abord les plantes en acotylédon
é e s , monocotylédonées et dicoiylédonées,
en faisant toutefois remarquer que celte
d i s t r i b u t i o n n'est pas toujours bien nette,
e t que souvent les unes passent aux autres.
C'est que, pour les exemples par lesquels
il croit justifier cette assertion, il
a commis précisément autant d'erreurs,
c i t a n t des jembryons cotyledonés pour acot
y l é d o n é s , tandis qu'il n'a pas étudié la
f r u c t i f i c a t i o n des véritables cryptogames ( à
r e x c e p t i o n du Chara), et admet tant parmi
les monocotylédonées des graines générale^
n . e n t reconnues aujourd'hui pour apparten
i r aux dicotylédonées. Les considérations
q u ' i l emploie ensuite sont dans leur ordre
successif: la position du fruit supère ou inf
è r e ; la direction de la radicule infère,
s u p è r e , centripète , centrifuge ou vague
( c ' e s t - à - d i r e ne se tournant rigoureusement
ui en haut de la loge , ni en bas, ni en dedans,
ni en dehors) ; le fruit simpl e ou composeî^
monocarpées et polycarpées); les graines
pourvues ou dépourvues de périsperme (albuminées
et exalbuminées); l'embryon droit
ou courbe; la consistance diverse du péri-
<;arpe et sa déhiscence. Il cont inue à distinguer
des gymnospe rme s et des angiospermes.
Chacune de ses divisions présente les mêmes
coupes symétriquement répétées, ainsi que
nous l'avons dit. Gaertner a fourni à la
science une masse considérabl e de faits beaucoup
plus exactement observés et figurés
q u ' i l ne l'avaient été avant lui. Proclamons
t o u t e notre reconnaissance pour ce grand
service par lequel il a aidé à fonder quelques
unes de nos lois, s'il n'a pas pris luimême
le rang de législateur.
L ' i n f l u e n c e que devaient exercer sur la
m a r c h e de la botanique les principes et le
modèle donnés par A.-L. de Jussieu, ne se
fit pas sentir immédiatement, soit que les
esprits fussent détournés de ces paisibles
spéculations par le grand nu)uvement qui
agita toute la fin du xvm® siècle, soit qu«
le développement de la doctrine nouvelle
exigeât dans ses adeptes des intelligences
j e u n e s et neuves, initiées par une étude
longue et approfondie. Nous ne trouvons
dans les dernières années de ce siècle que
l ' o u v r a g e de Ventenat ( Tableau du règne
végétal selon la méthode de Jusmu, 1798),
q u ' o n ne peut guère considérer que comme
u n e traduction française du Genera plantarum
avec des modifications de peu d'imp
o r t a n c e .
Nous devons citer cependant quelques
b o t a n i s t e s français contemporains et amis
d e Jussieu , qui adoptèrent ses idées et confirmèrent
les bases de sa méthode: Oesfont
a i n e s , par l'observation de la différence
q u ' o f f r e n t d ans leur s t ructur e et leur accroiss
e m e n t les tiges des monocotylédonées et celles
des dicotylédonées; Louis-Caude Richard,
en const a t ant que les g r a ine s des unes et celles
des autres présentent dans leur germination
u n e différence également essentielle (endor
h i z e s e t exorhizes). Celui-ci contribua surtout
au progrès, en portant dans l'analyse
des parties de la fleur et du fruit une précision
et une exactitude jusqu'alors inconn
u e s , et rendant l'iconographie botanique,
ainsi perfectionnée, un puissant auxiliaire
d e la description dont elle abrège et éclaircil
merveilleusement Tétude. Son analyse
des embryons endorhizes ou monocotylédonés,
et ses mémoires sur plusieurs familles,
m a l h e u r e u s e m e n t trop peu nombreux, sont
restés des modèles en ce genre.
Dans les cours du xix' siècle, l'arrangement
des plantes par familles est devenu
d ' u n emploi de plus en plus général et s'est
s u b s t i t u é aux anciens systèmes dans la plup
a r t des ouvrages de quelque importance.
Il fut appliqué par De Candolle le premier
à l'ensemble des végétaux indigènes {Flore
française, ISOo), par M. Robert Brown
{ProdromusFloroe novoe Hollandioe, Londres,
1 8 1 0 ), et par M. Kunth {Nova generaci
species plantarum quas ad plagam oequinoctialem
orbis novi collegerunt A. Bonpland
et AL de Flumboldt, 1815-1825 (1)),
(i) Tous 1rs cV-tails analytiques tics rigures, si immbreux ri
si exacts dans ctt ouvrage, ont ¿'té tlessinrs pnr l'aute-ur îinmème.
quoiqu'ils portent le nom th' M. T.npui , au pmre;.ii
duriiirl ou tinit s-nienca la figme ahiémW df .•l.f.fiue
j plimt*'-