
176 L 'A N T IQ U I T E ' E X P L IQ U E 'E , &c. L i v.. I.
ne fît la même chofe de fon corps après, fa mort, averti de fon heure il fe retira
dans l'intérieur du defert avec deux de fes moines , & leur ordonna dé
l’enterrer en un lieufecret, & de ne jamais montrer le lieu de fa fepulture;
teftificatus eft. Ac ne corpus, fuum pari tra&aretur corpus fuum in arcano quodam loco ponerent, nec
modo , mords præfcius in interiorem fefe erernum cuipiam fepultura: locura oftendcrent.
reccpir cum duobus Monachis , ipfifque præcepit ut
■ îft&iSi- -ï&ÊSS* -Hs fâ'fâî •?$.'&%,
C H A P I T R E IL
I. Piiflage de la, barque de Caron , & jugement prononcé fur les morts Egyptiens
felan Diodore. 1 1. Les Mumies repré/entées. I IP Funérailles
des Rois d’Egypte.
I . T ES parens du' mort, continue Diodore, annoncent aux juges & aux
1 j autres parens ou amis le jour des obfeques , & leur difènt qu’un
» tel , qu’ils appellent par fon nom, doit traverfer le lac. Les Juges s’al-
» femblent au nombre déplus de quarante, & le rangent en demi cercle au
» delà du lac dans un lieu marqué,Ta barque deftinée pour cela eft conduite
» par un batelier qu’ils appellent Caron. On croit qu’Orphée qui voiagea en
» Egypte apris de ces ufages desEgyptiens une partie de la fable fur les enfers
» a quoi il a ajouté plufieurs ebofes que fon imagination lui a fournies. Après
» que la barque a traverfé le la c , avant qu’on débarqué la biere & le corps il
» eft permis à chacun de l’acculer : fi quelqu’un l’accufe, & prouve ce qu’il
« avance, le corps eft privé de la fepulture ; fi l’accufateur ne peut rien prou-
“ ver, il eft puni comme calomniateur. Si le mort eft trouvé innocent fes
>■ parens quittent le deuil, & fe mettent à faire fon éloge. Ils ne parlent jamais
y> ni de la qualité ni de là race, comme font les Grecs, pareeque les Egyptiens
«croient que chez eux tous font également nobles; mais ils font mention dans
» leur oraiîon funebre de la maniéré dont le mort a été élevé, de là piété en-
« vers les dieux, de là probité, de là juftice ; & ils prient les dieux des enfers de
» le recevoir au nombre des gens de bien.Le peuple après les parens loue à fon
» tour le mort comme devant vivre éternellement avec les gens de bien dans
« le roiaume de Pluton. Ceux qui ont. des lieux de fepulture propres, mettent
« leur mort en une place marquée. Ceux qui n’en ont point, font une petite
c a p u T il.
/- T ranßtus in cymba Char ont is, & judicium
de menais Ægyptüs latum fecundum Dio-
darum. I I . Mumioe teproefentatoe. II I . Flirtera
Regum Ægyptiorum.
I* J A I E M exequiarum , pergit Diodorus, co-
1 7 gnati judicibus alïtfque confangniticis & ami -
cit pranunciam , dicuntque taltm quetn nomine fuo indicant
j lacttm effe tranfiturum. Popen veto co nth s \udi-
cibus plus quadra gins a , atque in quopiam hemicyclo
confident ibtrs in quodam préparant ultra lacum ctmfcffu:
navicula ad harte rem inftneBa trahitur , gubernante
proreta , quem Lingua fun Charon tent vacant : indeque
Orpheum in eÆgyptum peregrination pabulum de infc-
rit partim imita tum , partim commenttcm f e i f f e perhibent.
Deduilo per. flagman navigio. priufquam mertui
loculus deponatur .qmfquis accufare veilt , a lege pote-
fiatem Isabel. Qjtodfi quit in medium progrejfus infiitu-
tam accufationem probaverit, lata per judices fententia
cadaver a fepultura privatur , fin contra accuftttor ca-
lumniofus deprehendatur , magna obnoxius eft poena :fi
inculpates deprehendatur mortuus , depofito cognati la-
Bit ad deftmBi hinder procidunt., & de genere qtiidcm
nihil memorant, quod tamen Graci in more habent t
plttant enirn zAsgyptii fe unites aque nobiles effe ; fed ut
a puero educates & infiruBus fuerit , ,,t dees jufiitiam-
que coUterit recenfent, ac dees inferos ut in piornm con-
fortium recipiantur rogant. Landes popular excipit &
defunBum pradicat t ut qei atemum cam piis avum in
Ditis regno fit aBurus. Cadavera quibul propria funt
monumenta in defignatis ad hoc locis reponunt!Qui vert
ftp ultra non habent, domi adiculnm confirumt ”, ere-
L E S M U M Î Ë S . t'ÿ?
thambre eh leurs maifons, où ils appuient la biere toute droite contre la«
muraille. Si l’on arefufé la fepulture aux morts ou pour crime ou pour dette,«
les parens les enterrent dans leurs maifons ; & il arrive fouvent que leurs«
defeendans âiant acquis des biens & amaffé des richeffes , paient leurs«
dettes , expient leurs crimes , & leur font enfuite de magnifiques funerail- «
les. Les Egyptiens fe font un devoir de porter un grand honneur à leurs«
peres & à leurs ancêtres morts. Ils ont aüflî la coutume de donner en gage«
pour des dettes les corps de leurs peres morts : fi quelqu’un ne les rachetoit«
pas, il feroit déshonoré pour toujours, & privé lui même de fepulture«
après là mort.«
II. On voit encore aujourd’hui beaucoup de ces corps embaumez de la première
maniéré, envelopez de plufieurs bandes de toile ; on appelle ces corps
les Mumies d’Egypte. Plufieurs cabinets en confervent, & l’on en deterre tous
les jours | elles ont ordinairement au gofier une piece d’or pour paier la
barque de Caron. Outte la première envelope de bande de toile à plufieurs
tours il y en a pardeffus une autre toute peinte & chargée d’hieroglyphes &
de dieux Egyptiens. CeS Corps fe trouvent ordinairement dans des caiffes de
bois aufli toutes peintes d’hieroglyphes & de figures des divinitez Egyptiennes.
Nous en donnons ici de plufieürs maniérés : l’une où les deux mains
paroiflent, fut apportée à Paris l’an lèqt. les deux autres font tirées de Pietro
de la Valle , une autre du P. Kirker. On eh pourrait ajouter un grand nombre
d’autres ; mais qui n’apprendraient rien de nouveau.
A celles là nous ajoutons un deffus de Mumie chargé de figures & d’hie-
roglyphes, tiré d’un manuferit de la Bibliothèque de S. Viétor, qui apparte-
noit autrefois à M. de Peirefc. On trouve encore aujourd’hui en Egypte de
ces grands fouterrains que les Grecs appelloient hypogées, où les corps font
rangez en differentes chambres ; on va par des chemins & des rues de l’une
à l’autre ; ce font comme des villes ou des habitations fous terre.
I II . Diodore qui nous a fait la defeription des funérailles des Egyptiens &
de leur maniéré d’embaumer, noüs fait auflî celle des obfeques de leurs Rois.
»> Quand un Roi d’Egypte eft mort, dit-il, tous les Egyptiens en font un deuil«
commun, ils déchirent leurs habits, ils ferment les temples; tout exercice«
Vaque, on ne célébré point de fêtes, chacun fe barbouille le vifàge avec de«
Ûumcjuc loculum ad firmijfirmm parietem conftitmnt.
Sepuliitra prohibit os vel oh intentât a crimina 3 vel ans
alieni caufa , fuis in adibus condmti E t fape fit in pofle-
rum, u,t opibus auBi nepotes debit is aut criininïbns ex-
folutos honorifica majores fepultura dignentun, SanBif-
Jïme autan parentes & majores in iternam habitationem
tranfiatos colère & in honore habere zÆgyptiorum mos
efiu H ac etiam ipfis efi confue tudo, ut parentufn tnor-
tuontm corpora pro creditis oppignerent ; f i qui veto
non redimant 5 ii magnum dedecus confequuntur3 ac pofi
mortem fepultura privantur.
IL Multa hodieque vifuntur hujufraodi colrporâ
primo nobiliorique modo aromatibus condita 3 multis
cannabinis fafciis conftri&a, quæcorpora triro voca-
feulo appellantur Mumiæ Ægyptiacæ. In mufeis multis
fimilia aflervantur, quotidiequenova eruuntur in
Ægypto : quæ corpora fie condita minimum auréum,.
uti narrant, in giitture habent, quo Charonti nau-
lum folvant : præter priorem fafeiarum cannabinarum
fa:pius replicacarum apparatum 5 alia in fuperficie tela
eft depiéta concinne pofita, & hieroglyphis orna-
ta , itemque numinum Ægypriacorum figuris. Hæç
condita corpora in capfis vulgoiigneis conduntur,
quarun? item capfarum fuperfici.es Hieroglyphicis
diifque Aigypriacis opplera eft. Aliquot hie proferi-
mus diverlo more concinnaras Mininas , quarurri
prior Lutetiam allata anno 16 91 . faciem fimul atque
manus oftentat j bin.as ex Petro de Valle mucuati fu-
mus , quartam ex P. Kirkero : rriultas quoque alias
adjicere poflemus, quae non magis ad reinotitiam
conferrent.
His adjieimus tela: depi6tse figuram, quae Mumiarri
quampiarn npemerat, quam ex manuferipto quodani
codice Cl. V. Peirefcii, qui nunc in bibliotheca Si
Vi6toris exftat, eduximus. In Aigypto hodieque re-
periuntur fubterraneae camera:, quas hypog£a Graeci
vocabant, ubi acdiculie mulrae, ab aliaque ad aliam itur
per vias fubterraneas , qua: urbis ceu quamdam fpc-
ciem conftiruunt.
I I I . Diodorus qui funerum AEgyptiaeorum ritum
nobis fiipra nairavir, necnon condiendi corpora for-
mam edpciiit, jam hie Regum .exfeqiiias deferibitt
Pofi Regis enjufpiam e v ita excejfum, omnes per
<l/£.gyp turn luBu communi ffe ep to , lacerare vefies 5
facras aides claudere , facrificia inhihere } nec fefia cele-
brare per oBoginta dies folebant i capitibus aittem Into