
î ?S L’ A N T IQ T J IT E' E X P L I Q U E E , &c. L i v . ï.
encore vu il n’y a pas longcems entre les mains de fon frere l’Abbé la hache de
giade oriental, qu'il a peucêtre encore aujourd’hui, & qu’il eftime beaucoup.
Il ne faut point douter que ce ne fut la ièpulture de deux nations, & de
Pantiquité la plus reculée. Ces corps entiers rangez fous la même ligne étoient
de quelque nation barbare qui n’avoit encore l’ufage ni du fer ni d’aucun métal.
Les deux qui étoient dans un fepulcre fait de grandes pierres, étoient apparemment
des chefs ou des princes de cette nation; & c’eft pour cela que l’un
d’eux avoit pour hache une pierre précieufe. Les corps brûlez étoient des Gaulois
, qui bruloient les corps de leurs morts, comme nous venons de dire.
Peutêtre que ces Barbares avoient été pris en guerre, & furent enfuite immolez
aux Mânes des Gaulois défunts : c’eft ce qu’on peut dire de plus vraifom-
blable. Quant à la différence de l’épaiflèur du crâne, il falloit que ces Barbares
qui l’avoient plus dur que les Gaulois, allaffent la tête nue & rafe ; ce
qui fait durcir les crânes. Sur quoi nous rapporterons une hiftoire tirée d’He-
rodote dans fon troifiéme livre :» J’ai vu, dit-il, une chofe digne d’admira-
» tion, c’eft que les os des hommes tuez à la bataille de Cambyfe contre
» les Egyptiens le voient feparez les uns des autres, comme au jour du combat,
* ceux des Perfes d’un côté, & ceux des Egyptiens de l’autre ; & que les cra-
» nés des Perfes font fi fragiles, quen jettant un gravois contre on les cafte *
» au lieu que ceux des Egyptiens font fi durs, qu’on a grande peine à les caftTer
« a coups de pierres.Les gens du payis m’en donnoient une raifon qui me paroit
» être la véritable ; c’eft que les Egyptiens fo rafent la tête des leur enfance &
» vont ainfi la tête nue même au-foleil; ce qui leur durcit le crâne, & les empê-
» che auffi de devenir chauves ; il n’eft point de payis ou l’on voie moins de
» chauves que dans l’Egypte. Les Perfes au contraire ont le crâne plus fragile ,
» parcequ’ils s’accoutument dès l’enfance à couvrir leur tête d’un bonnet ou
»> d’nne tiare, & vont ainfi couverts toute leur vie. *■ C’étoit aulfi apparemment
la raifon pourquoi ces Barbares avoient la tête plus dure que les Gaulois.
L’endroit ou étoient enfev élis tous ces corps avoit trente pieds de long.
Comme j’ai eu occafion de parler fouvent & à differentes perfonnes de cette
découverte ; quelques-uns m’ont dit qu’on déterre fouvent de ces fortes deha-
ches dans les parties Septentrionales de la Gaule Belgique , dans la Picardie ,
dans l’Artois & dans les autres payis les plus voifins de la baffe Germanie des
in manibus fratris ejus Abbatis Cochercllii vidi fecu-
ïem illam ex giado oriencali, quam ipfe magni facie-
b a t , & force adhuc penes fe habet.
. Nihil dubii eft duarum hie nationum fepulturam
futtTe & remotiflirai ævi. Corpora ilia integra eodem
ordine atque linea poftta , cujufpiam barbarie gentis
erant, quæ nullum adhuc ferri vel metalli cujufpiam
ufum haberet. Duo autem illiqui in fepulcro ingen-
tibus lapidibus ftru&o condi ti erant, cæterorum duces
aut principes fuiffe videntur: inde eft eriam, quod
ex iis unus ex preciofo lapide adornatam fecurem
habuerit. Ii quorum corpora adufta, Galli erant : illi
enim , ut jamdiximus , morruorum cadavera crema-
bant : forteque barbari illi in bello capti Manibus de-
fun&orum Gallorum immolati fuerant ; hoc certe fat
verifimile efle videtur. Quod fpe&at autem ad calva-
riae fpiflitudinem ; Barbari, ut videtur, illi qui du-
riore quam Galli erant^ nudo abrafoque capitc
incedebant j quæ res efficit ut calvaria durior den-
ftorque evadat, circa quam rem hiftoriam quamdam
ex Herodoto in Thalia defumtam hie confignarc vi-
fam eft ; Rem mirxm inquit, ego vidi ex indigenes
feifeitarus. Offaeorum qui in acie ceciderunt cum jace*
rent effnfa 3 étant fepatatim pofita :nam feorfum erant
P erf arum, aliorfum zÆgyptiorum, ut ah initio diftinfta
fuerant. : fed Perfarum capita adeo fragilia funt 3 ut
vel folo calculo f i ferlas , perforare poffis s sÆgyptiorum
contra ita f im a , ut ea v ix iftu lapidis perfringas 3 cu-
jus ret caufam banc illi reddebatit, factleque mibi per-
fuadebant, quod <u£gyptii ftatim àpueritia radere
capita foie ant, atque cranium foil expojitum induretur3
qua eadem caufa eft non calvefeendi : ex omnibus quippe
bominibui paucifftmos quis eÆgyptios calvos vide,at. H i
igitur bac rat tone rob aft a crania habent. A t Perfis cur
fragilia fint capita id in caufa eft . 3 quod a principle
affuefiant capita operire , geftantes pileos tiarafqUe*
Eadem quoque de caufa , ut videtur , barbari ifti du-
riorc erant capite quam Galli. Locus ubi h«ec omnia
corpora fepulta erant, triginta pedibus Ion eus crac.
Cum frequens fefe occafio obtuleric hæccomme-
moraadi ac pluribus narrandi, a quibufdam audivi
hujufmodi fecures frequenter crui in parcibus fepcen-
trionalibusGalliæ Belgicæ,in Morinis videlicet in
Artefia,in alii'fque regionibus Batayix inferiorique
T o n ie V