
j88 L’ A N T I QJU I TE' EXPLIQUE'E, See. Liv. I.
C H A P I T R E V I .
1. Funérailles finglantes des 7{ois des Scythes. IL des particuliers Scythes.
III. ob/eques des Germains.
I. T Es funérailles fanglances des Scythes font décrites en ces termes par
J| yHerodote :» Les fepulcres des Rois, dit-il, font aupayis des Gerrhes.
» Quand leur Roi eft mort, ils y creufent une grande foife quarrée à l’endroit
» où le Boryfthene commence d’être navigable ; & prennent enfuite le corps
»> tout oint de cire, ils fendent le ventre, font fordr les entrailles,des lavent,
« les rempliilent d’ofier pilé, d’aromates, de femence de perfil fie d’anis. Ils le
» recoufent enfuite, le mettent fur un char, & le conduifent à une de leurs na-
» tions : ceux-ci le reçoivent, Se font les mêmes ceremonies que les Scythes
qu’on appelle Roiaux-, c’ell à-dire qu’ils fe coupent le bout de l’oreille, fe
■■ tondent les cheveux , le taillent le bras, fe déchirent le front & le nez, fe
» percent la main gauche de la pointe d’une fléché. Après quoi ils conduifent
»> le cadavre à un autre peuple de leur domination ; ceux-là les accompagnent
» &les mènent à d’autres , jufqu’à ce que le corps.du Roi a fait tout le tour
» des nations de Ion obéiflance. Ils le rendent aux Gerrhes, dans le payis defl-
« quels font les fepulcres. Là ils mettent le corps avec la biere fur un lit', fi-
» chent des lances de chaque côté, & mettent du bois deflus. Ils étranglent une
» de fes concubines, qu’ils placent dans fà biere, quieftaffez large pour la
*> contenir avec le Roi : fon échanfon, fon cuifinier, fon écuier , fon valet de
>■ chambre, fon valet à meflàges font étranglez de même. On tue encore des
•> chevaux pour les funérailles, auxquelles entré auflî tout ce qu i! y a de meil-
» leur & de plus précieux , comme des vafes d’or ; car ils ne fe fervent ni d’ar-
» gent ni de cuivre. Après tout cela ils travaillent à l ’envi à faire un monceau
»> de terre le plus grand qu’ils peuvent. Quand l’année après les funérailles eft
»re volue, ils recommencent la ceremqnie^& prennent cinquante de fe s dome-
»ftiques qui lui étoient lès plusfamïliers, & qu’ifavoit’ choifis, tous Scythes
» naturels , le Roi ne prenant jamais d’efclave à lorîfèrvice : ils les étranglent
» tous, & étranglent de même cinquante chevaux, auxquels ils fendent le ven-
•> tre , qu’ils vuident & rempliffent de paille. Ils dilpofent enfuite des bois
C A P U T V I .
/, Reg um Scytharum cruenta fu n e ra . I I . A l i o -
rum item Scytharum. U l . R x fe q u ite
Germanorum. " -
L p C y th a r u m cruenta funera fiedeferibit Herq>
i3 dotus Melp. 72. Regum fepulcra apud Gcrrh&s
funt. V b i Boryfthenes jam vavigabilis eß3 ibi cum rex
eorum deceßit3 [erobern eff odium in gent ern forma qua-
drata : hoc tibi prapararunt, accipiunt mortuum carport
cera oblito 3 alvo evulfa atque expurgata , quam
fitere contufo & thymiamate apiique femine & anifi
cum impleverunt confuunt rurfus , impofitumque plau-
ßro cadaver ad aliam gentem ferunt. Quodquiexci-
piunt 3 eadem agunt quaregii Scytha : auris partem
amputant, ennem circumtondent , brachia circumci-
du nt, frontem nafumque confauciant , finifiram manum
fagittis trajiciunu Poßmodum regis cadaver ferunt car-
pento ad gentem aliam cui imperitant9qua ipfos comitatur
ad eos , unde primum vénérant. V b i jam mortuum
cir cum feterites lußraverunt fingulas gentes quibus imper
a v it , apud eos debonunt qui in extremis Gerrhis
habitant , & infepulcfis. Poßeaquam fuper torum in
Jocjtlo pofueruht, haß i s hinc atque hinc defixis , defu-
pen Vigna difponunt l3 de in de pallio contegunt. In reli-
qito loculi ßatio aliqtiam ejus concubinam ßrangulatam
fepeltknt, neenon eum qui vinum mifcebqt, & cocumy
& equifonem, & minißrum, & eum qui erat a nunciis -,
neenon equos & aliarum rer um omnium primitias, quin
etiam phialas aureas, nam argentum aut as non in u ft
habent. Plis aElis humum certatim omnes in jiciunt, captent
es tumulum quam maximum efficere. £ lap fo anno
rurfus hoc agunt : ex famulis régis intimos fumunt3
funt autem Scytha indigena ; nam famuli funt quos
rex jufferit j nec ullus venalitius eiminißrat■ Horum
minißrorum quinquaginta cum ßrangulaverunt, ac to-
tidem praßantifßmos equos : vacua ta dr purgata alvo
paleis implent ac confuunt > & ubi dimidium fomicis
fuper duo ligna refupinatum fiatuerint, alter unique di-
F UNE R A I L L E S DES S C Y T H E S . j8,
en forme.de demi voûte, & d’autres au deflous enmêmeforme, &percent «
les chevaux de plufieurs longues & fortes perches qui vont jufqu’aucou;puis«
ils mettentees chevaux fur ces voûtes, en forte que les épaules s’appuient fur«
la plus haute, & le ventre fur la plus baffe, & que les jambes de devant & de«
derrierè pendent en l’air : ils leur mettent des mords & des brides leur dref- «
lent le cou, & attachent les brides à des pieux. Sur chacun de ces chevaux ils«
mettent un des domeftiques étranglez , dans le corps duquel ils fichent un «
pieu , qui le perce jufqu’aü coü pour le faire tenir droit : ce pieu eft fiché «
parle bas à un plus gros pieu qui perce le cheval d’outre en outre. Après«
qu’ils ont mis cette garde de cavalerie autour du fepulcre, ils fe retirent.«
Voila les funérailles des Rois. «
II. Quand les autres Scythes meurent, leurs parens les mettent fur un cha-«
riot, fie les font tourner de côté fie d’autre chez leurs amis, chacun defquels «
fait un feftin a la troupe qui 1 accompagne, fie met autant de viandes pour le «
défunt qu il en donne aux conviez : ils les promènent ainfi pendant quarante«
jours, au bout defquels ils les enfeveliffent ; fie fe purifient enfuite en cette »
maniéré. Ils fe frottent, ôrfe lavent la tête ; fie pour fe purifier le corps ils «
mettent trois pieux joints par le haut l’un avec l’autre, ou ils attachent des«
bonnets de laine tendus fie ferrez autant qu il fe peut. Entre ces pieux eft «
une cuve à fe baigner , où ils jettent des pierres ardentes. «
III. Les Germains , dit Tacite , faifoient leurs funérailles fàns grande ceremonie
, Se avec peu de dépenfe, même pour les plus grands Seigneurs. La
feule diftinélion qu’il y avoir entre les nobles & les gens du commun, étoit
qu’ils bruloient le corps de ceux-là avec une certaine forte de bois. Us ne jet-
toient fur les bûchers ni vêtemens, ni aromates, chacun y étoit mis avec fes
armes -, on y mettoit quelquefois le cheval que le défunt montoit.lls n’avoient
d’autre maufolée que des motes de terre couvertes de verdure. Ils mettoient
bientôt fin aux lamentations fie aux larmes, quoique la douleur perfeverât.En
effet il appartient aux femmes de pleurer, fit aux hommes de conferver la mémoire
des défunts. Nous parlerons encore plus bas des funérailles des Germains,
lorfque nous ferons la defeription d’un fepulcre extraordinaire de
Gaulois trouvé à vingt ou vingt deux lieues de Paris. *I,
m idium fuper altera duo ligrid , & item alia multa hu-
jufeemodi defixerunt; turn fuper ea equos imponunt,
craffis tignis , in longum ad cervicem ufque t raj eblos \
it a ut priores fornices fufl incant armos equorum ; pofte-
riores vero juxta femora fufeiplant ventres 3 utrifque
cruribus fuperne dependentibus. Equos autem infrenanty
eorumque habenas ad palos colhgant : dehincfuper eo-
rum fingulos fiatuunt fingulos quinquaginta juvenum
ftrangulatorum hunc in modum: unicuique eorum return
ftipitem per fpinam ad cervicem ufque transfigunt j
quod inferius ftipitis exfiat ultimum , infigunt tigno illi
quo equus trajeStus eft• H is equitibus fepulcro circum-
pofitis abeunt : hunc in modum reges fepeliunr.
I I , A lios autem Scythas cum decefferunt proximi qui-
que in plauftris collocatos ad amicos circum ferunt: ipfos
finguU amicorum excipicntes, epulum cadaver c omit antibus
prabent, tarn propinquis quam cateris, & cadaveri
tantumdem ciborum quantum aliis omnibus affignant. A d
hunc modum privati homines quadraginta die bus circumaguntur,
Dehinc humant ur : poft quam autem
humarunt Scytha , it a fe pur gant, V b i caput abfterfeJ
runt & laverunt y hac circa corpus faciunt. Tria Ligna
ftatuunt mut no inclinata , circa hac pratendunt laneoi
pileos , qnam maxime pojfunt conftipantes y & in al-
veum in medio lignorum pileorumque pofitum lapides
conjiciunt ex igne fulgentes.
I I I. De Gcrrmnoruîn fiinere h x c îaCitiis de
moribus German. Funerum nulla ambitio : id folum
obfervatur , ut corpora clarorum virorum certis lignis
crementur• Struem nogi nec veftibus nec odoribus cumu~
lant : fua cuique arma , quorumdam igni & equus adji-*
citur. Sepulcrum cefpes erigit. Monument or um arduum
& operofum honorem3 ut gravem Je fun bit's afpernantur.
Lamenta ac lacrymascito , dolorem & triftitiam tarde
ponunt. Feminis lugefe honeftum eft , viris meminiffe.
Infra de Germanorum fun ere rurfils agemus cum de
fepulcro fingulariffimo Gallorum, /exagefimo ab
uibe Lutetia lapide reperto , ferme» eric«