
thode; que ces animaux surpassent généralement
en grandeur les autres de leur classe, et
que leurs téguments plus solides les rendent
moins périssables, ou permettent du moins de
restaurer et de conserver les portions les plus
intéressantes de leur corps, on ne sera pas
surpris de cette prédilection, et l’on accordera
quelle est bien légitime.
Dans la série des inseGtes, les Coléoptères
nous semblent d’ailleurs devoir occuper le
premier rang. Un de nos plus habiles observateurs,
M. Marcel de Serres, professeur à la faculté
des sciences de Montpellier, ne partage
pas,il est vrai, ce sentiment; les Orthoptères,
dont il nous a si bien fait connaître l’anatomie,
auraient, selon lui, et d’après quelques considérations
fondées principalement sur un plus
grand développement des organes loco-moteurs,
la supériorité sur tous les insectes. Je crois
qu’il attache trop d’importance à ce motif, et
que la question ne peut être éclaircie et résolue
que par la comparaison d’un ensemble de
rapports. Nul doute, par exemple, que les écrevisses,
les homars, les langoustes, et autres
crustacés décapodes macroures, ne jouissent
d une plus grande faculté loco-motrice que les
crabes, ou les brachyures du même ordre de
crustacés, et cependant l’ordre naturel nous
force d’adjuger à ceux-ci la priorité. Dans
mon opinion, les Coléoptères sont aux autres
insectes ce que les crustacés décapodes sont
aux autres animaux de la même classe, ainsi
qu’aux arachnides. Je pense, en un mot, que,
tout compensé, les uns et les autres sont,
dans leurs classes respectives, les mieux organisés.
Le corps des Coléoptères est, ainsi que dans
les autres insectes hexapodes, composé de
quatorze segments ; le premier forme la tête,
les trois suivants le tronc, et les dix autres
l’abdomen. Le corps des crustacés en offre
généralement un de plus ; mais les observations
que je rapporterai bientôt, rétablissent
l’harmonie. La tête présente deux antennes
de figures très-variées, et qui, un petit nombre
de cas excepté, sont composées de onze
articles ; souvent elles diffèrent selon les sexes,
et celles des mâles sont ou plus longues ou
plus développées latéralement. Les yeux, et
toujours à facettes, sont généralement plus
globuleux et plus saillants dans les espèces
carnassières, ainsi que dans plusieurs de celles
qui, ayant des mouvements lents, sont habituellement
fixées sur des végétaux, et ont,