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lement roussâtre, marquées en dessous de nervures transversales
qui vont de la côte principale au limbe : les feuilles caulinaires,
beaucoup plus courtes, sont opposées, droites, beaucoup plus
aiguës, et leur base embrasse la moitié de la tige.
Fleu rs radiées, d’un beau jaune, disposées en corymbe, du diamètre
d’un à deux pouces (3 à 6 centimètres), composées de fleurons
hermaphrodites au centre, mais dont les ovaires sont stériles, et
de demi-fleurons femelles à la circonférence.
Involucre (calice) commun, composé de vingt à vingt-cinq folioles
imbriquées, disposées à peu près sur trois rangs, glabres en dedans,
couvertes extérieurement d’un duvet laineux de couleur d’or : les
folioles extérieures sont les plus courtes et de forme ovale; les
intérieures, plus longues, sont lancéolées.
F leuron hermaphrodite, en forme d’entonnoir, divisé à son limbe
en cinq dents ovales.
É t a m i n e s : cinq, fixées au sommet d u tube de la corolle : filets capillaires,
blancs : cinq anthères réunies en un seul tube cylindrique
au dessus des dents de la corolle, et terminée chacune par
une petite dent ovale, membraneuse, rétrécie par sa base.
Pistil : ovaire abortif : style droit : stigmate simple.
Demi-fleuron comme lancéolé, linéaire, divisé au sommet en trois
dents égales.
Pistil : ovaire ovale, terminé par un style filiforme : deux stigmates
écartés et recourbés en dehors.
G raine ovale, nue, convexe en dehors,.offrant un angle du côté
intérieur.
Réceptacle garni de paillettes membraneuses, linéaires, plus étroites
à leur base, couvertes de poils en haut et en dehors seulement,
glabres dans toutes ses autres parties.
O B S E R V A T I O N S .
La plante que je viens de décrire a été trouvée pour la première fois par Mutis, près
de la ville de Santa-Fe de Bogota, où elle est connue sous le nom de Fraylejon. Mutis
ne pouvant la rapporter à aucun genre connu, lui a donné le nom de M. Espeleta, qui
a beaucoup favorisé l ’expédition botanique de Santa-Fe, lorsqu’il y exerçoit les fonctions
de vice-roi.
Nous avons aussi trouvé le genre Espeletia dans les environs de Santa-Fe et dans la
montagne de Quindiu, où nous l’avons décrit. Dans le reste de notre voyage, nous
avons rencontré deux espèces de ce même genre, dont nous allons aussi donner la
description.
Quoique le genre Espeletia n’ait aucun ' rapport d’hâbitus avec l e Silphium, c’est
cependant celui de tous les genres connus avec lequel il a le plus d’affinité, tant par
ses caractères botaniques que par ses propriétés. Les trois espèces du genre Espeletia
que nous présentons ici, fournissent toutes de la résine, ainsi que les Silphium ; mais
elles sont recouvertes dans toutes leurs parties d’un duvet soyeux, tomenteux, plus ou
moins épais. Les Silphium connus sont tous des plantes glabres et rudes au toucher.
Les folioles du calice et les paillettes du réceptacle, dans l’un et l’autre genre, présentent
de grandes différences dans leur forme et leur disposition ; les .corolles sont les
mêmes, mais c’est surtout dans la forme des ovaires et des graines que se trouvent
les caractères distinctifs' des genres Silphium et Espeletia.
La plante découverte par Mutis, celle qui a servi à établir le genre, je la nomme
Espeletia grandiflora., parce que c’est, de toutes les espèces connues celle qui a les
plus grandes fleurs. Nous l’avons trouvée très-abondamment près la ville de Santa-Fe
de Bogota et dans la montagne de Quindiu, à une élévation de i34-7 toises (2,608 mètres)
au dessus du niveau de la mer. Elle fournit de toutes ses parties, et en grande
quantité, une résine transparente d’un beau jaune. Les imprimeurs estiment beaucoup
cette résine; ils la font entrer dans la composition de leur encre, et trouvent qu’elle
lui donne un degré de supériorité bien au dessus de celle où n’entre pas cette résine.
Les habitans de Santa-Fe donnent le nom de trementhina (térébenthine) à cette résine,
je ne sais trop pourquoi; car elle n’a ni l’odeur ni la consistance de la térébenthine
du commerce.
L ’Espeletia grandiflora est une plante très-importante par la résine qu’elle produit,
non-seulement pouf le nouveau monde, mais encore pour l ’Europe, où l ’onpourroit
la cultiver en plein air.
E X P L IC A T IO N D E S F IG U R E S .
Planche L X X . Fig. i ,u n fleuron muni d’une des paillettes du réceptacle.
Fig. 2 , un demi fleuron.
Fig. 3 , une foliole 'de Vinvolucre.
Fig. 4, un fleuron ouvert longitudinalement, pour montrer l’insertion des étamines, la
forme des anthères et la petite dent membraneuse qui termine chacune d’elles.
Fig. 5, une feuille radicale.
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