dans les riches serres de Malmaison ; j’y ai toujours vu un calice tétraphylle renfermant
quatre fleurs. Si cette régularité est aussi constante dans les autres espèces de ce genre,
je pense qu’il seroit bon de comprendre seulement sous le nom de Mikania, toutes
les composées qui présenteroient un calice tétraphylle renfermant quatre fleurs, des
graines couronnées par une aigrette sessile garnie de poils, et un réceptacle nu.
Ce genre seroit assez nombreux en espèces, ainsi que les suivans, c est-à-dire, ceux formés
par les composées qui offriroient un calice à cinq, six ou sept folioles, renfermant un
nombre égal de fleurons. On ne sauroit établir trop de divisions dans les corymbifères :
c’est le seul moyen de sortir du chaos dans lequel nous sommes à leur égard. Le genre
Piqueria, établi par Cavanilles 1 , et adopté par tous les botanistes , présente un
caractère aussi limité que le seroit celui du Mikania que je propose, et ceux des genres
qui le suivroient.
La nouvelle espèce de Mikania dont je viens de donner plus haut la description, est
originaire du royaume de la Nouvelle-Grenade, ou elle est connue sous le nom de
Guaco ou Vejuco del Guaco. Nous avons vu cette plante, pour la première fois, dans
le petit village de Turbaco, situé à quelques lieues au sud de Carthagène des Indes,
et élevé à peu près de 36o mètres ou 186 toises au-dessus du niveau de la mer ; elle
étoit cultivée dans le jardin de Don Ignacio Pombo, négociant instruit et ami des
sciences, qui en avoit tiré des graines de Santa-Fe de Bogota.
C’est au célèbre Mutis que nous devons la connoissance du Mikania Guaco, et les
avantages aussi inappréciables qu’inattendus que cette plante offre à la médecine.
Il paroit bien prouvé, d’après les expériences multipliées faites dans le royaume de
Santa-Fe , par MM. Mutis, Zea , Don Pedro Vargas, Don Francisco Matis, et autres,
que c’est le remède le plus propre à combattre la morsure des animaux venimeux
qui infestent les parties humides du nouveau continent.
Le détail de ces expériences ayant été imprimé plusieurs fois, je me contenterai ici
de citer les ouvrages^qui en font mention 2, et me bornerai à dire ce que j ai appris
de positif sur ce végétal précieux, dans les conversations que j’ai eues avec M. Mutis,
directeur de l’expédition botanique de Santa-Fe, et avecM. Matis, l’un de ses peintres
les plus distingués.
C’est le suc du Guaco, ou la décoction de cette plante, qui, pris intérieurement,
rend nuls les effets funestes de la morsure des serpents. La quantité qu’on doit prendre
de ce suc, ou de cette décoction, n’est pas déterminée; mais lorsqu’on se trouve dans le
cas d’en faire usage après avoir été piqué par un animal venimeux, il est très-utile
d’appliquer aussi, sur la partie blessée, un cataplasme formé des feuilles de ce végétal,
et de le renouveler souvent.
Toutes les parties du Mikania Guaco dégagent une odeur forte, pénétrante et
nauséabonde : c’est sans doute à ces principes que sont dues ses propriétés. Nous
avons rencontré plusieurs espèces du même genre, qui ont une odeur plus ou moins
forte : il seroit curieux de s’assurer si elles ont les mêmes propriétés, ainsi que toutes
les espèces de quinquina jouissent plus ou moins des propriétés fébrifuges.
1 Icón. , Y o l. I I I , pag. 19.
* Vid. Diaerio de Santa-Fe. Semanario de Agricultura. Anales de ciencias naturales. Alibbrt , Noitveaux
Elimens de Thlrapeutique, seconde édition, Tom. I I , pag. 532.