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y avons donné la première description exacte du véritable quinquina de Loxa*, qui
avoit été confondu jusqu’ici avec le Cinchona officinalis du Supplément publié par
Linné fils. Nous pensons rendre un service également agréable à ceux qui étudient les
propriétés médicales des végétaux, en publiant la figure de l’espèce de Psycbotria dont
la racine est l’ipécacuanha des colonies espagnoles. Il est certain que notre plante est
celle à laquelle M. Mutis a donné le nom de Psychotria emetica, et dont il a
envoyé une description à Linné, vers l’année 1765. Les petites différences que l’on
pourroit trouver entre notre description et les phrases descriptives insérées dans
le Supplément du Species plantarum*, proviennent de ce que le célèbre botaniste
de Santa-Fe de Bogota ne paroit pas avoir employé une loupe pour observer les différentes
parties du Psychotria. La figure que nous publions a été faite d’après un beau
dessin qui nous a été communiqué par M. Mutis, et d’après des échantillons recueillis
près du village de Nares, sur les rives du fleuve de la Madeleine.
M. Persoon avoit réuni dans son excellent Synopsis plantarum 3, le Psychotria
emetica au genre Cephaëlis, en le regardant comme synonyme du Gallicocca
ipécacuanha décrit par M. Brotero dans les Mémoires de la Société Linnéen'ne La
plante de Mutis et celles de Brotero fournissent en effet la majeure partie de l’ipé»
cacuanha qui vient en Europe par la voie du Portugal et de l’Espagne; mais M. Persoon,
après avoir comparé la description . très - précise du botaniste portugais à celle du
botaniste espagnol, s’est convaincu lui-même qu’elles ne sont pas faites sur des espèces
d’un même genre.
Le Raicilla 5 du royaume de la Nouvelle-Grenade ou Psychotria emetica de Mutis
et de Linné diffèrent du Callicocca non seulement par les caractères génériques, mais
aussi par la forme de la racine, par les stipules, par l’inflorescence et par d’autres, caractères
habituels ou physionomiques. Cet arbrisseau est cultivé dans les vallées chaudes et
humides des montagnes de San-Lucar, près de Simili et de Giron, comme dans le
district appelé la Vara de Guamoço, à l’ouest de la rivière de la Madeleine. Une livre
de raicilla coûte, au village de Badillas, une demi-piastre forte, ou à peu près cinquante-
deux sous. Les indigènes envoient le produit de leur culture par la voie des négocians
de Monpox, à Carthagène des Indes. Il résulte de là que l’ipécacuanha que les négocians
de Cadix répandent dans le reste de l’Europe, appartient presque en entier au
Psychotria emetica; je dis presque en entier, car il seroit possible que les habitans de
la Nouvelle-Grenade mêlassent en très-petites quantités, à la véritable raicilla des
montagnes de San Lucar, les racines du Viola parviflora de Mutis et du Callicocca
ipécacuanha de Brotero. Le Viola parviflora a bien certainement les mêmes propriétés
médicales que le Psychotria emetica ; e t , quant au Callicocca ipécacuanha, nous
soupçonnons qu’il existe aussi dans le royaume de la Nouvelle-Grenade. Une plante que
nous avons trouvée dépourvue de fleurs, dans un endroit cultivé sur les rives de la
Madeleine ( près du village de Badillas, dans les ravins de Bodote et de Santo Domingo),.
. a tout le port du Callicocca de Brotero.
1 Pag. 33, Pl. x.
3 1Spec. plant, ed. JVilld., tom. I , pag. g68.
3 Tom. I , pag. 203. Le genre Ccpliaëlis de Swartz est le Tapogomea d’Auhlet.
4 Acta. Soc. L in. Lond., Tom. V I, pag. 137, lab. 6.
® Petite racine ,* le mot d'ipécacuanha est inconnu parmi les indigènes de la Nouvelle Grenade.
PL. ÉQ U IN . P S Y C H O T R IA EM E T IC A . 145
L’ipécacuanha, employé comme vomitif dans les deux continens, est dû, de même
que le Caoutchouc, à des plantes qui forment des genres très-différens les uns des
autres. Le Psychotria emetica, le Callicocca ipécacuanha, le Viola ipécacuanha, le
V. emetica, le V. Calceolaria (V . itoubpu Aublet), le V. diandra, le Cynançhum
vomitorium Lam., ( Asclepias asthmatica Lin. fil.,),.le C. tomentosum Lam., le Peri-
ploca emetica Retz, l’Asclepias curassavica, le Dorstenia brasiliensis Lam., le D.arifolia
Lam. et lEuphorbia ipécacuanha offrent tous des racines douées de propriétés vomitives
p La nature organique, uniforme dans sa marche, mais variée dans ses moyens,
produit des mélanges chimiques analogues dans des végétaux qui sont loin d’appartenir
à une même famille.
E X P L IC A T IO N DE L A P L A N C H E C X X V I .
Fîg, 1 , Une racine fraîche.
Fig. 2 , une racine séchée.
Fig. 3, calyce.
Fig' k ) un rameau du Psychotria emetica dont les feuilles sont un peu moins larges qu'elles
le sont généralement.
1 De Candolle, dans le Bulletin de la Société Philomatique, T. III, p. 124.
T om.