O B S E R V A T I O N S .
La plante que nous Venons de décrite a été découverte par M. Mutis, èn 1761,
peu de temps après son arrivée dans le royaume de la Nouvelle-Grenade ; Linné fils
l’a fait connoïtre sous le nom de Befaría æstuans1. Près de Santa-Fe de Bogota, sur
la chaîne de montagnes calcaires à laquelle la ville est adossée, ce bel arbuste végète
entre quatorze et seize cents toises de hauteur j dans l’hémisphère austral, dans la
partie des Cordillères moins élevée, qui avoisine le Rio Catamaÿo, près du village de
Gonzanama, il descend jusqu à des plateaux qui n’ont que douze cents toises de hauteur
au-dessus du niveau de l’Océan. Nous l’avons, observé également sur un sol calcaire et
sur des rochers de schiste primitif.
M. Zea, élève du célèbre Mutis et professeur de botanique à Santa-Fe, pense que
1 Acunna oblonga et l’A . lanceolata de la Flore du Pérou sont exactement les mêmes
plantes que Linné a insérées dans son Species, sous les noms de Befaría æstuans et
B. resinosa \ Nous ne pouvons rien affirmer de positif à cet égard, quoiqu’il ne reste
aucun doute sur l’identité des genres Befaría et Acunna. Selon MM. Ruiz et Pavon3,
celui-ci diffère du premier par un. calice à sept divisions, par une capsule à sept
loges et par des anthères qui ont deux pores au sommet. Tous Ces caractères se
retrouvent dans le genre Befaría de Mutis,- et M. Ventenat 4, après avoir examiné les
herbiers de Dombey, a confirmé les doutes que MM. Zea et Cavanilles oüt élevés les
premiers sur le genre Acunna.
Le Befaría de l’Amérique Méridionale végète sous la zone torride dans des endroits
où le thermomètre centigrade se scmtient presque pendant toute l’année, le jour entre
12 et 14 degrés, et la nuit entre 4 et 6 degrés. Il est probable cependant que la
culture de ces arbrisseaux de la haute chaîne des Andes trouveroit dans . nos plaines
encore plus de difficulté que la culture des plantes alpines de la Suisse et du Tyrol.
Ces dernières jouissent en été d’une température irès-élevée, tandis que les végétaux
des Cordillères comprises dans les régions équinoxiales souffrent lorsqu’on les transporte
dans les climats où la chaleür de l’atmosphère s’élève pendant • plusieurs mois
à 24 ou 26 degrés. En général les botanistes qui traitent de la culture des végétaux et
des moyens de- les acclimater, ont exagéré l’analogie qui existe entre le climat de
l’Europe australe et celui qui est propre aux vallées de Mexico et de Quito. Ce n’est
pas en Provence, en Espagne, et dans le royaume de Naples que les Ëscallonia, les
Befaría, les Yallea, les Brathys, les différentes espèces de Quinquina, et tant d’autres
productions précieuses des Andes , pourroient trouver cette douce température de
l’air, ce printemps perpétuel, qui n’expose jamais les organes des plantes ni à un
froid rigoureux ni à de fortes chaleurs. Il dépend tout aussi peu du cultivateur européen
1 Befarla foliis lanceolatis, floribus
system., Vol. n i, pag. 60S. Spec, plant,
pldntamm, Pl. ii ,’pag. 3.
3 Anales de ciencias naturales, Madrid, Tom.
3 Description des plantes du Jardin de Cels, T<
4 Syst. ueget. floree Peruv., Tom. i , p.. 123..
T om. 1É
î. Link., Suppl., pag. 247.M a nt., n. a4a. Hoüttuyn, Pßanzen-
'•d. WilLlenoiv, Tom. 11, PL n , pag. 846. Persoon, Synopsis
, pag. i 5i.
i , pag. 5i.
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