Butlneria d’Amérique était à cinq coques, ou, si l’on aime mieux, que leur déhiscence était septicide :
chez les Commersonia, au contraire, la déhiscence est loculicide, comme Gay ( i) et Brown (2) l’ont observé,
et comme je l’ai reconnu moi-même dans le Commersonia GaudicJiaudii (3). Gay et Gærtner
ont trouvé, dans le Commersonia echinata, un périsperme charnu et des cotylédons planes; j ’ai observé
le même caractère dans le Commersonia Gaudicfiaudii ,• et mes Buttneria, au contraire, m ont offert des
cotylédons rouléssanspérisperme. — Voilà donc des différences extrêmement importantes entre les deux
genres Commersonia 'et Buttneria ; e t s i, après avoir décrit ce dernier, je veux tracer les caractères
essentiels du Commersonia, }e le ferai comme il suit : Ca ly x 5-divisas. P e ta la 5 , marginibus introflexis
filamenlafertilia basi amplectentia, in ligulum apice attenuata. Tubus stamiheus varié divisus : antheroe 5,
petalis oppositoe. Ovarium 5-loculare; loculis S-6-ovulatis. S t y l i 5 . Capsula dehiscentiA loculicidâ 5-
v a l vis. Pebispebmum camosum. Embryo axilis : cotyledones planas, haud convolutoe. — 11 est bien clair,
d’après tout ceci, qu’il faut laisser parmi les Commersonia, les Commersonia dasyphylla And., et C. ïier-
mannioefolia Gay in Kunth Nov. Gen., puisque, d’après les excellentes figures de M. Gay, et ses descriptions
plus parfaites encore, les pétales de ces deux espèces n’ont point d’appendice dorsal, que les loges de
leur ovaire sont à trois ovules, leurs styles au nombre de trois, la déhiscence de leur capsule loculicide,
qu’enfin l’embryon du C. dasyphylla est entouré de périsperme et que ses cotylédons sont elliptiques
non roulés. — Ainsi nous aurons deux genres parfaitement distincts, parfaitement naturels, et
dont les espèces se trouveront groupées, non-seulement daprès leurs caractères, mais encore daprès
leur pays natal, puisque les Buttneria appartiennent à l ’Amérique, et les Commersonia h l’Océanie (4).
§ II. D u genre Rullingia. — Nous avons vu combien la description de ce genre, due à l’illustre
Brown, peut aider à la connaissance du genre Commersonia. Nous devons regretter sans doute que cette
description soit aussi courte; mais telle qu’elle est, il est aise de voir que Brown n a point prétendu,
comme l ’a pensé M. de Candolle, comprendre sous le nom de Rullingia, les Buttneria à tiges sans
aiguillon ; i l a même cru le Rullingia plus voisin des Commersonia que des Buttneria puisque c’est
avec le Commersonia qu’il le compare, et i l lu i donne, dans sa figure et sa description, des pétales
semblables à ceux des Commersonia. Ce Rullingia n’ayant que deux ovules dans les loges de son ovaire
et offrant une déhiscence septicide, il est assez vraisemblable qu’il faudra le considérer comme intermédiaire
entre le Commersonia et le Buttneria.
§ III. Direction des semences et de la radicule. — On Sera sans doute étonnéde lir e , dans ma description,
que la semence de Buttneria est tantôt suspendue et tantôt ascendante, la radicule tantôt supérieure
et tantôt inférieure. Rien cependant n’est plus facile à concevoir. Dans les loges de l’ovaire, l’ovule
supérieur est ascendant, et l’inférieur suspendu. Chez le B . scabra, l’ovule inférieure avorte, par
conséquentla semence fécondée doit être ascendante, et la radicule inférieure; dans le B . melastomoe-
fo lia , au contraire, oh c’est l’ovule supérieur qui avorte, la semence fertile doit-être suspendue et la
radicule supérieure. Ceci contribue encore à démontrer combien M. Richard père a eu raison de
regarder comme un faible caractère la direction de la radicule relativement au péricarpe.
§ IV. De s divisions du genre Butlneria. — Pour peu qu’on veuille conserver les rapports qui existent
entre les espèces de ce genre, on ne peut le diviser d’après l’absence ou la présence des aiguillons ; car
des espèces extrêmement voisines, telles que les B . scabra et melastomoefolia ont l’une des tiges armées
d’ai«uillons, et l’autre des tiges sans aiguillons; et le sagittifolia qui vient se placer si naturellement
entre ces espèces, pourrait être rangé à volonté dans l’une ou l’autre section, puisque ses aiguillons, peu
nombreux, ne se voient bien qu’avec la loupe.
1 . (i58) BUTTNERIA celtoïdes. f Tab. XXVI.
B. caule fruticoso, procumbente, aculeato ; foliis ovato-oblongis, longé acuminatis, basi
corilatis, obsoletè serratis, utrinquè puberulis, suprà subasperis, paniculis axillaribus, urn-
belliferis, folio brevioribus; tubi staminei 10-iidi divisuris 5 antheriferis.
Caulis fru tico su s , 7 -8 -p ed aü s , p ro cum b en s , ramosus, 5-co s tatu s, a cu lea tu s , pub es cens : ram i su b -
(1) Voyez la Monographie des Buttniriacies, p. 10 et 14.
(2) Brown dit que le Rullingia diffère du Commersonia par sa capsule dont les valves s*ouvrent par le milieu, des cloisons;
donc il a vu une déhiscence loculicide dans le Commersonia.
(3) Je ne dissimulerai point que Gærtner a décrit (Fruct. I I , p. 79 ) des coques dans le C. echinata, et qu’il a dessiné des
coques dans ses figures c et d-, mais d’un autre côté sa figure h montre évidemment une déhiscence loculicide.
(4) 11 sera intéressant d'examiner bien positivement à quel genre appartient le B. herbacea Roxb. Je doute que ce soit
un vrai Butlneria. La figure et la description de Roxburg ne donnent sur ce point aucune lumière.