§ III. Des rapports qu'ont entre eux les différens genres de la famille des Géraniacées.
H est incontestable qu’il n’existe pas, entre les genres de la famille des Géraniacées,
autant d’affinité qu’entre ceux des familles en groupe; mais ils ne sont pas unis par de
moindres rapports que les genres de la plupart des familles par enchaînement.
M. de Candolle, en admettant une famille des Tropéolées, doute lui-même que cette famille
doive être adoptée (.an ordo legitimus? Prod. I , p.-683), et nous allons montrer,que
les différences légères que ce botaniste célèbre a cru entrevoir entre ses Géraniées et ses
Tropéolées, disparaissent à l’examen, ou n’ont qu’une valeur extrêmement faible. Les Tropéolées,
dit-il, paraissent différer des Géraniées par des étamines libres, et en nombre
différent de celui des pétales ; par des fleurs axillaires, et surtout par la structure du fruit
et des semences ( 1. c.). Mais les fleurs des Géraniées DC. sont souvent axillaires; très-ordinairement
leurs étamines paraissent à peine soudées, et M. de Candolle lui-même admet
des étamines quelquefois entièrement libres dans ses Géraniées (staminum filamenta ra-
rissimè libéra, p. 637, l . c . ) ; enfin dans un genre très-voisin, l ’Oxalis, il existe des espèces
à étamines libres, ou presque libres, et d’autres à étamines réunies. Le nombre des
organes mâles, et celui des parties du calice s’accordent aussi peu dans les Rhincotheca que
dans le Tropoeolum (V. Nov. Gen. vol. V. p. 233), et cependant M. de Candolle n’hésite pas
à placer ce genre parmi ses Géraniées. S’il existe un long gynophore dans ces .dernières,.on
en voit un naissant dans le Tropoeolum. On trouve, il est vrai, cinq ovaires dans YErodium,
le Géranium, etc. ; mais les loges de l’ovaire unique s’étendent jusqu’à l’axe dans le Tropoeolum,
et l ’on sait que le genre Galipea, qui a des rapports avec la Capucine, présente
cinq ovaires dans quelques espèces, et un seul dans d’autres. L ’embryon est, à la vérité,
courbé dans les Géranium, Erodium, etc., et il est droit dans le Tropoeolum; mais l ’embryon
du Rhincotheca admis, comme je l ’ai dit , parmi les Géraniées par M. de Candolle ,
diffère bien plus du leur que n’èn diffère celui àn Tropoeolum, puisque non-seulement il
est droit, mais encore pourvu de périsperme.
Ce genre, en formant un lien entre le Tropoeolum et les Géraniées àn célèbre auteur du
Systema, unit, d’une manière plus intime encore, ces dernières et les Oxalidées du même
botaniste. En effet, les ovules y sont suspendus comme dans Y Oxalis (Y. Nov. Gen. 1. c.) ; et,
avec un long gynophore et cinq ovaires distincts comme dans les Géranium, Erodium, etc.,
ce même Rhincothera présente dans sa semence, ainsi que Y Oxalis, un embryon droit placé
dans l’axe du périsperme , et.ayant également une radicule supérieure. D’ailleurs, si la fleur
du Pélargonium a un épèron comme celle de la Capucine, la fleur du Géranium n’est pas
moins régulière que celle de Y Oxalis. A la vérité il existe cinq ovaires dans les Géra-
niéés D C ., tandis qu’on ne voit qu’un ovaire dans Y Oxalis; mais du moins cet ovaire est divisé
jusqu’à l ’axe comme celui du Tropoeolum. Si le gynophore est fort court chez les
Oxalis, il est certain qu’il y existe ; dans quelques espèces de ce genre, j ’ai retrouvé les cinq
„landes qui accompagnent les étamines des Géranium; enfin les ovules sont suspendus dans
X Oxalis et le Tropoeolum.
loe Linum , dont plusieurs auteurs ont, comme moi, reconnu les'rapports avec l ’Oxalis,
s’en rapproche plus encore, s’il est possible, que celui-ci des Géranium, Erodium, etc.
Dans tous ces genres, la priffloraison du calice et celle des étamines est absolument
semblable; et celle de la coroUe en particulier est la même dans les genres Géranium,
Oxalis et Linum. Les pétales sont souvent soudés à la partie inférièure dans le Linum
et l’Oxalis; leurs étamines sont également réunies à la base ; d n’en existe, il est v rai,
quecinq dans XOxalis, mais on y voit en outre cinq rudimens de filets qui doivent être
assimilés aux fflamens stériles ieïErodmm. On trouve le même nombre de styles dans
les Géraniées DC:, XOxalis et le Linum. L’ovaire est unique dans ces deux derniers ; les
ovules y sont suspendus, le périsperme charnu, l’émbryon axile, droit ou presque droit ;
enfin la radicule supérieure est tournée vers 1 ombilic.
De tout ceci, il est bien clair que pour peu qu’on veuille observer des proportions à peu
près égales entre les différentes divisions du règne végétal, on ne trouvera pas même assez de
distance entre les groupes quon a formés sous les noms de Géraniées proprement dites,
Oxalidées et Linées (1 ), pour conserver ces groupes comme de simples tribus (2).
(1) J’ai moi-même admis autrefois une famille des Linées (Mémoire sur le Placenta); mais alors je n’avais pas fait I
diverses observations que je consigne ici.
. (2) On a cru pouvoir s’étayer de l’opinion de M. de Jussieu pour séparer les Oxalis des Géranium, etc. J’ai placé c
auprès des Rutacées desquelles l’illustre auteur du Généra voulait que Y Oxalis fût rapproché ; mais il n’en est p
¡r VOxalis des ii que le motif qu’avait M. de Jussic Géranium et le mettre à côté des Rutacées tir;
c d’ui: .r long-temps partagée par tous les botanistes, erreur qui consisi
isiinilerle prétendu arille des
ixtérieurc de la graine, du prétenduarille des Rutacées, partie inlérie e d u p é r
arpe.