AVERTISSEMENT.
L ’a l tér a tio n de ma santé m’a forcé d’interrompre cet ouvrage, et comme elle n’est malheureusement
point encore rétablie, j ’ai cru devoir m’adjoindre des collaborateurs. Les
deux hommes qui veulent bien réunir leurs efforts aux miens, MM. Adrien de J ussieu et
C ambessedes, offrent la plus belle garantie à ceux qui chercheront dans cette Flore une
véritable instruction. En débutant dans la carrière, M. C ambessedes a montré qu’il était
imbu des plus saines doctrines, et qu’on pouvait attendre de lui des travaux utiles. Digne
héritier d’un nom illustre, M. Adrien de J üssieu a déjà prouvé qu’il était doué d’un véritable
esprit d’observation, et qu’étranger à l’amour des systèmes, il étendrait le domaine
de la science, en suivant la route tracée par son père et par l'immortel R ichard. Je seconderai
ces messieurs autant qu’il dépendra de moi, et les intervalles que me laisseront mes
souffrances, je les consacrerai à la science à laquelle j ’ai fait tant de sacrifices (i). L’ouvrage
n’éprouvera d’ailleurs aucun changement dans le plan sur lequel il a été conçu.
Gomme la plupart des plantes que j ’ai recueillies dans mes voyages ont été analysées sur
le frais, avec plus ou moins de détail, et que, dans mes manuscrits, j ’ai joint à la description
des parties les plus délicates ce qu’il y a d’essentiel sur le port et les localités, on
sent combien cette Flore, lors même que je serais obligé de ne plus m’en occuper, combien
cette Flore, dis-je, doit avoir d’avantages sur celles qui se font d’après des échantillons
recueillis par des hommes à peu près étrangers à la botanique. L ’ordre des familles sera
celui que j ’ai indiqué dans mon Mémoire sur la série linéaire. Les descriptions génériques
et spécifiques seront aussi étendues que dans les premières livraisons (2), et elles seront
également accompagnées de remarques sur l’organisation, les affinités, la synonymie et la
géographie des plantes décrites. Enfin, animés du même esprit, les trois collaborateurs
mettront tous leurs soins à offrir au public un ouvrage qui puisse ne point être inutile à
la science.
Auguste de SAINT-HILAIRE.
i5 janvier 1823.
(1) J’ai déjà rédigé en partie les Malvies, Sterculiées, Dombeyées et Tiliacées, qui doivent paraître dans les prochaines
livraisons.
(2) Au point où la science est parvenue, les descriptions doivent nécessairement être complètes. On n’a pas besoin de
dire cependant qu’il est impossible à l’homme le plus exact de ne rien négliger. Il y aura toujours des caractères que
l ’on ne rendra point, soit parce que l’expression manque, soit parce qu’ils sont trop difficiles à saisir; il faut d’ailleurs
savoir se borner, et l’on ne saurait, sans une fatigue extrême, revenir sans cesse sur les mêmes objets. On peut promettre
des descriptions complètes ; il n’est donné à personne d’en faire de parfaites.