
H I S T O I R E .
Plusieurs des naturalistes q u i, à lepoque du renouvellement des sciences
dans l’O c c id ent, se sont occupés du règne v ég éta l, ont décrit avec exactitude
les plantes qu’ils ont eu occasion de connaître; mais la science était alors trop
peu avancée pour qu’ils pensassent à distinguer les différences diies aux circonstances
et aux localités de. celles qui sont véritablement essentielles a la
nature de chaque végétal ; aussi décrivirent-ils comme espèces un grand nombre
de variétés. Lorsque Linné entreprit de réformer la Botanique, il reconnut
bientôt que la même plante avait été décrite par le même auteur sous autant
de noms qu’elle présente d aspects différents; et, nosant plusse fier aux descriptions
faites par les anciens auteurs, il n’accorda aucune place dans le catalogue
des êtres naturels à tous ceux qu’il n’avait pas vu lui-même, ou qui
ne présentaient pas des Caractères tellement saillants qu’on ne pût craindre
d’équivoque. Cette précaution était sage, sans doute ; il en résulta cependant
qu’un grand nombre de plantes qui avaient été bien décrites par Gessner, Ma-
thiole, l’E c lu se , Lippi, Tournefort et plusieurs autres, furent depuis négligées
et presque oubliées. Tous les ans la Botanique, armée de moyens plus surs et
plus exacts, reconquit quelques-unes de ces espèces méconnues : déjà les voyageurs
qui ont parcouru l’Orient ont retrouvé la plupart des plantes décrites par
Tournefort dans son corollaire ; ces sortes de découvertes ont même un intérêt
particulier, en ce qu’elles servent autant à éclaircir l'histoire critique de la
science que celle de la nature elle-même. Ces réflexions s’appliquent à la T u lipe
dont nous donnons la description; cette plante a été très-bien décrite
par l ’E cluse, dans son ouvrage intitulé Curoe posterions; elle a été aussi connue
de Gaspard Bauhin et de Tournefort, mais négligée ensuite par les Botanistes.
Depuis deux ans, elle a reparu dans les jardins consacrés à 1 avancement
de la science : nous avons eu occasion de l’observer, soit au Jardin du M u séum
national d Histoire naturelle, soit dans celui du C. Cels. Ce cultivateur
l'a reçue du C . Amoreux, sous le nom de Tuïipa Cyprioni. Nous avons cru devoir
lui donner le nom du Botaniste, q u i, le premier, l a décrite et figurée avec
soin.
Cette Tulipe fleurit au printemps; sa corolle s’épanouit plusieurs jours de
suite à neuf heures du matin, et se ferme entre une et trois heures de 1 après-
midi.
Son pays natal n’est pas exactement connu ; il paraît, d après le nom que
l’Ecluse lui a assigné, quelle est originaire de la Perse;
Cette plante mérite, aussi bien que les autres espèces de ce genre, dêtre
cultivée dans lés jardins d’ornement.