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a toujours écrit de fa propre main : Frère Charles Plumier, minime B. £. Quelquefois
il y a auffi : Fratèr Carolus Plumierus, botanicus Regis, Les deiïins font collés fur dix
grand papier fort ,| de 1 autre cote duquel fe trouve ordinairement la dcicription de
ranimai repréfenté fur la page fuivante. Quant aux defcriptions, elles font tantôt en
françôis de tantôt en latin. Lorfqu’il eft queftion d’un animal qui a été déjà décrit par
JVÎàrcgraf dans fon Hijloria Brajihae, ou par le père Dutertre dans. fon Kiftoire des
Antillesj il n’entre pas dans un grand détail, & renvoie le lefteur à ces auteurs. Mais
quand il s agit d un animai inconnu, il ne fe contente pas feulement d’une limple
defoription, mais il en donne auiïi l’hiftoire. Dans fès, deiïins on reconnoît bien toutes
les parties, 6c par elles on peut fe faire une idée bien claire & jufte de ces animaux.
Ordinairement il les a repreièntes dans leur véritable grandeur, 6c avec leurs couleurs
naturelles. Si le poiiïon étoit plus grand que le papier, il l’a repréfenté en deux ou en
trois parties différentes. Dans plufieurs la tête eft repréientée de différens côtés,, 6c
dans quelques-uns le corps auiS.j Et afin qu’on pût iè faire une idée jufte de l’épaifleur.
de 1 animal, il a ajoute encore la circonférence de la partie la plus épaifle. C’eft ce
quon peut voir iurtout aux poiftons. De cette manière l’hiftoire naturelle de Ges
animaux ii éloignes 6c iï peu connus encore, devient beaucoup plus claire. Les figures
font deflinees avec tant de foin, qu’on peut caraétérifer chaque poifîbn d’après le Syftème
de Linné, 6c meme compter le nombre des rayons. Outre ces poiftons, on y voit encore
un grand nombre de crabes, de pommes de mer, d’étoiles de mer, déplantés marines,
de tortues de terre 6c de mer, de grenouilles, de coquilles, de limaçons, de ferpens,
de vipères 6c de lézards. Mais ce qui rend ce manuferit ïiirtout très -> remarquable,
c eft une anatomie exaéte du crocodille, de la tortue de mer, d’une efpè'ce de lézard
des Antilles ¿z), de la vipère de la Martinique, d’une greffe grenouille, 6c de la dorade.
A cote des coquilles 6c des limaçons on voit toujours aufli leurs habitans. Parmi ces
animaux il s ën trouve beaucoup qui n’ont pas encore été décrits. Ce feroit une véritable
perte poür 1 hiftoire naturelle, fi ce manuferit, 6c iiirtout la partie qui traite de fanatomie
des animaux, n’etoit [jamais publiée. Quant aux animaux mêmes , le goût moderne
des voyages 6c de l’hiftoire naturelle qui augmente de plus en plus j fait eipérer qu’ils
feront peu à peii décrits par d’autres auteurs , de même que j’eipère publier les poiftons.
Mais peut - on bien fe flatter que quelqu’autre pénètre dans ^intérieur des animaux,
comme a fait le père Plumier, 6c qu’il nous en donne une anatomie aufli détaillée?
Toutes lës parties anatomifees de ces animaux, font repréfentées iur trente-cinq planches.
Je veux bien me prêter à la publication des ouvrages utiles; je veux bien céder à un
libraire le maniiicrit avec les deiïins, 6c pour un prix très - modique ; ou je m’offre
moi-meme de les publier, s’il iè préiènte un nombre de fouferipteurs affez grand pour
fournir à là plus grande partie des frais de l’impreflion. Mais ce que j’aimerois le mieux,
e eft que quelqu un fe chargeât de publier tout le manuferit, avec les poiftons qui s’y
trouvent, 6c que je n ai pas encore décrits. Ce feroit furtout un honneur pour la nation
- françoiie,
a ) Lacerta Iguana. Linn.
Ê ‘F - Àt ë f f î È. ' V
françoife, à laquelle nous devons tant d’excellens écrits fur l’hiftoirê naturelle, fi elle
vouloit contribuer à la publication de cet ouvrage. Le père Feuillé, dans fa Defcriptidn
des plantes médicinales de 1’ Amérique, 6c Mr. Gautier, dans fon Journal de phyfique,
ont emprunté de ce manuferit beaucoup de poiftons, de tortues 6c de crabes, qui
fe trouvent dans ces ouvrages. Le premier ne fait point mention de Plumier, & mérite
par conféquent qu’on l’accufe de plagiat; le dernier a cité en plufieurs endroits la fourefe
dont il a puifé; cependant il-vaudrait bien mieux qu’il ne l’eût point fait; car toutes
fe s‘figures, en général, font copiées avec tant de négligence, & fi mal coloriées,
qu’elles nous donnent non feulement une opinion très-défavorable de l’adreffe du
dëflinateur; mais encore qu’elles ne peuvent contribuer que fort peu, ou point du tout,
aux progrès de l’hiftoire naturelle. Pour fe convaincre de la vérité de ce que j’avance
ici, il fufîit de comparer les deux copies des deux poiftons que Mr. Gautier repréfënte
dans fon Journal de phyfique a) , Part. H, p. 158 6c 160 avec celles que j’en ai
données Planch. 174, & 175.
Je ne fais ce qu’eft devenu le fécond Tome du manuferit du père Plumier, dont
nous avons parlé plus haut, 6c fi, outre les oifeaux, il contient encore d’autres animaux.
Il feroit à fouhaiter que tout ce que ce favant infatigable a defiiné, fut rendu public
par la voie de l’impreflion.
Le fécond manuferit, duquel j’ai emprunté plufieurs deiïins, fe trouve dans là
colleftion des manuferits de la bibliothèque royale à Berlin. Il côntient deux volumes
in-folio, dans lefquels fe trouvent des deiïins enluminés très-remarquables de plüfiëürs
animaux de l’Amérique méridionale, avec une courte defcriptioïi de chacun. Ils font
de la main du célèbre prince 6c héros, Jean Maurice, comte de NaJJau- Sigen, fous
la conduite duquel la compagnie des Indes occidentales, dans les pays bas, conquit
peu à peu la plus riche moitié du Bréfil, dans les années 1637 6c 1638 b \ Ce prince
après y avoir,été gouverneur jufqu’en 1644, retourna en Europe, devint gouverneur de
Vefel, 6c grand-maître de l’ordre teutonique à Sonnenbourg, 6c mourut en 1679.
C’ eft pendant les huit années qu’il a paffées au Bréfil, qu’il a fait ces deflins remarquables,
dont Marcgraf nous a donné, dans fon Hijloria Brajiliae, une partie gravés- en bois;
mais la plupart font fi mauvais, qu’on en peut porter prefque le même jugement que
des eftampes de Mr. Gautier,
Une partie de ce manuferit précieux eft en petit folio, en parchemin blanc, avec
ce titre: Celjis Joli, Mauriti Najfov. Iconum brajilicarum, Tom. I. Elle contient trente-
deux animaux quadrupèdes, quatre-vingt fept oifeaux, neuf amphibies, vingt-quatre
poiftons, trente -6 c - un infeftes, quelques coquilles 6c étoiles de mer, & une fèche;
en tout cent quatre-vingt treize pages. Sur chacune eft une figure de poifîbn, d’oifeau,
de quadrupède, d’amphibie, d’infeéte ou de ver. Tout eft deiïiné très-nettement, 6c
a) Il a pour titre ; Obfervations périodiques iur la i ) On trouve un plus grand détail dans l’ouvrage fui-
, -Phyfique, l’hiftoire naturelle & les arts, ou Journal des vant : Çafpar' Borlaeus rerum per oefennium in Brafilia 6t
Sciences & des arts, par Mr. Toujfairu ; avec les planches alibi nuper gefiarum, fub praefeSura illuflrijjimi Comitis
imprimées en couleur, par Mr. Gautier fils. Tom. I—IV. ’Johann. Mauritii Naflov. &c. Comitis, Hijloria. A Am-
in-4to. Paris 1756— 175g. fterd. 'çhpzjean Blimu, 1647. in-fôL avec des eftampes.
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