58 D e v a B a n d o u l i è r e a b e c .
poiffon eft très-remarquable, à caufe de la manière fingulière dont il
.cherche la nourriture. Voici comme il attrape les mouches qu'il apperçoit
fur les plantes marines qui avàncent hors de l'eau. Il s’approche jufqu’à la
diñante de quatre à fix pieds ; & de-là il féringue de l’eau fur l’infeéte
avec tant de force, quil ne manque jamais de le précipiter dans l’eau
pour en faire fa proie. Comme ceft un lpeétacle très-amufânt, les grands
feigneurs de la plupart des îles des Indes orientales, entretiennent de ces
poilfons dans de grands vafes; pour fe divertir de cette chañe. Mr. Hommel
a fait lui - même .cette expérience. Il fit mettre quelques-uns de ces
poilfons dans un large vailfeau rempli d’eau de la mer. Après qu’ils furent
accoutumés à- cette prifon, il perça une mouche avec une épingle, &
l’attacha fur le côté du vailfeau : alors il eut le pïaifirde voir que tes
poilfons s’emprelfoient à l’envie de s’emparer de la mouche, & qu’ils
lançaient fans eeffe, & avec, la plus grande vîtelfe , de petites gouttes
d’eau, fans manquer jamais le but o jié On prend ce poiffon au filet & à
l’hameçon auquel on attache une mouche. Sa chair eft faine & de bon goût.
On le nomme :
' Scknahelfifch, Rdiijjilfifch, Spriczjifch Nos-Klippare , en Suède.
& Schlitte, en Allemagne. Bandouhère~a bec, chez les François.
Spuyt-yifch, en Hollande. .
Linné nous en a donné le premier deffin b) qui foit affez bon; mais
celui de Séba c) eft encore meilleur.
Gronov fe trompe quand il prend le Pilot-Fifch de Sloan pour le même
poiffon que le nôtre d). Il fuffit de voir le deffin de Sloan e ), pour'fe
convaincre que c’eft une efpèce de dorée / ) . C’eft par la même raifon
auffi que Gronoy a cité g') à faux Ray & Klein.
Quand' Gronov demande fi la coquette qu’on trouve dans XAppendice de
XIchtyologie de Willugliby, P l.5.jig 4, eft le même poiffon que le nôtre,
on doit répondre négativement; car c’eft la coquette h j que nous avons
repréfentée fur notre CCV ^ Planch. fig. 2. Si l’on veut bien comparer ces
deux deffins, on verra d’abord que mon jugement eft fondé.
a) StraUC Magaz. Tom. I. p i61. «) Jamaic. II. tab. fig. 4.
Fr. f a f c j j . fig, S. Zéus. ; î '
c) Thct ur. tab.a7..% . ,7 . . g ) Au Ifcu citó. .
d) Z o o p 235|. ; .... : ^ Chéodon Caprilcus. L.
D s z ’ O r b e . 59
•X.V.
l : o r b i ’ e .' :
C H Æ T 'O f I) j,y b / A O R b W Ë S .
Vn’. Ç . Î ' l I I 45“ V a a . n ç h E: R i C. 2 .
Le corps orbiculaire^ dix-neuf rayons à la nâgeoire de l’anus : Chætodon
orbicularis, radtis noyemdecim in pinna analL P . x ym . P . — A . —
J € . xv i. W Ê S Î I
O n reconnoît ce poiffon à fon corps qui eft en forme de difqué, & aux
dix-beuf rayons de la nageoire de l’anus. On compte dix-huit rayons à
la nageoire pectorale, fix à la nageoire ventrale, dix-neuf à celle de
l’anus, feize à la queue, & vingt-huit à celle du dos.
La tête eft petite & fort en pente. Les narines font Amples & non
loin des yeux. La prunelle eft noire, & l’iris d’un jaune d’or. Les mâchoires
font d’égale longueur; l’ouverture des ouïes eft'très-large, &la membrane
branchiale eft cachée fous l’opercule, qui eft étroit. La ligne latérale a chez
ce poiffon une autre direétion qu’aux autres bandoulière^ c a r au lieu de
l’arc ordinaire, elle forme plufieurs lignes droites interrompues, qui font
un angle obtus du côté du dos. L’anus eft placé au milieu du corps. La
nageoire ventrale qui eft longue, a un piquant; celle de l’anus en a trois,
& celle du dos fept. Jlans cette dernière,' le fécond, le troifième & le
quatrième rayon fe terminent en des barbillons fétacés. Lés autres rayons
de toutes les nageoires ont plufieurs ramifications. Le fond du .poiffon
eft bleuâtre.
II eft originaire des Indes orientales, d’où je l’ai reçu avec beaucoup
d’autres poilfons.
Les Allemands nomment ce poiffon: Sckeibe; & les François. Orbe.