P R É F A C E .
J e finis mon ouvrage par cette partie, n’ayant pas aflèz de loifir pour l’achever
complettement. Cependant je donnerai un Appendice coniidérable auflitôt que mes
affaires le permettront. Je poflède encore plus de cent deflins ornés des plus brillantes
couleurs: & un très-grand nombre des poiffons de mon cabinet ne font pas encore
delfines. Beaucoup de ces deflins font tirés des manuforits du père Plumier 6c du prince
Maurice de Nijfau- Singen. Le premier a demeuré aflèz longtems aux Antilles, & le
fécond au Brefil : l’un & l’autre ont fidèlement copié les poiflons fiir les lieux même 6c
les ont peints avec leurs couleurs naturelles. C’efl: ce que je puis aflurer,. au moins
de ceux que j’ai comparés avec les poiflons que j’en poflède. J’ai reçu aufli une très-
belle colledion de poiflons des Indes orientales, qui ont encore leur forme 6c leurs
couleurs naturelles ; parce, qu’après avoir été préparés tout frais, ils ont été enduits
d’un vernis., Outre cela, feu Mr. le Dr. Koenig a enrichi mon cabinet des poiflons de
Surate; Mr. le Dr. Martini 6c le millionnaire Joh/i m’en Ont donné quelques-uns de
Tranquebar, & meilleurs Spengler 6c Chemnitç de Copenhague m’en ont envoyé de
Norvège; enfin Mr. le comte de Querhoent, ancien capitaine des vailfeaux de guerre
au Croific en Brétagne, m’a communiqué plufieurs deflins des poiflons de ce pays.
C’efl: ainfi que je lins devenu poflèflèur, non feulement d’environ foixante-&-dix
nouvelles eipèces, mais encore de quelques individus qui, à caufe de leur fingûlarité, ne
pouvoient être rapportés à aucun des genres connus. On trouvera, dans cet ouvrage,
la defcription d’un grand nombre de poiflons ornés des plus riches couleurs ; mais on
ne iàuroit pourtant les comparer, en beauté, à ceux que je poisède encore; car les
climats chauds des Indes orientales, nous fourniflènt beaucoup de perroquets a) 6c de
dorades b ), genres auxquels j’ai été obligé de ceflèr. J’ai aufli reçu de la Norwège des
poiflons très-bigarrés, qui doivent être comptés dans ces deux genres. Il efl: remarquable
que les animaux aquatiques de ces dernières contrées offrent les plus belles variétés de
couleurs très-vives: qualité qui, félon le célèbre Mr. de Buffbn 6c autres auteurs, ne
convient qu’aux animaux de la zone torride.
J’efpère que mes leéteurs ne feront pas fâchés, fi je leur communique ici quelques
notices littéraires for le père Plumier, dont il efl: fouvent queftion dans cet ouvrage,
& du prince Maurice, duquel j’ai emprunté aufli plufieurs deflins.
a) Labras. Linn» ; ^'i^i Sparus. Lina.
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