La tète eft greffe; l’ouverture de la bouche large; les deux mâchoires
font d’égale longueur, & garnies de plufieurs rangs de dents pointues &,
recourbées en arrière. La langue, le palais & le gozier font armés de
dents de la même efpêce. À la mâchoire inférieure, on voit des barbillons,
aulïï bien qu’aux joues. Les narines & les yeux de ce poilfon font placés
comme au précédent À chaque bord faillant des yeux, on apperçoit
trois piquants & un barbillon fort. Les yeux font grands ; la prunelle
noire eft entourée d’un iris jaune & rougeâtre. Sur la première, on voit
trois barbillons vers la partie fupérieure, & aü dernier quatre rayons
bruns. L’opercule dés ouïes a deux piquants forts, au-deiïus & au-deffous
defquels on. en voit plufieurs autres plus petits. L’ouverture des ouïes eft
large, & les rayons de la membrane branchiale font courbes & forts. La
ligne latérale règne aux environs du dos dans une direction parallèle avec
ce dernier : elle eft garnie de petits barbillons. Le ventre eft long, &
l’anus plus éloigné de la tête que de la nageoire de la queue,. Le fond du
poilfon eft d’un brun rouge , tirant fur le blanc, & marqué de taches
brunes. Le dos eft brun; les nageoires font bleuâtres, & les rayons qu'on
y voit, font tachetés de jaune & de brun. A la nageoire dorfale, je
trouve douze, piquants; trois à celle de l'anus, & à la nageoire ventrale
un feul, qui'eft fort & courbé en arrière. Dans la dernière, les rayons
ont plufieurs ramifications; mais dans toutes les autres ils font fourchus
aux extrémités.
On trouve ce poilfon dans la mer atlantique, dans la méditerranée &
dans la mer d’Amérique: car Gronov en décrit un du Cap de Bonné-Elpé-
rance a ) ; Salviaüpn autre de Rome b); Duhamel un de Biarrits c ) ,'&
Browne, un de la Jamaïque d ). Ceux qu’on pêche dans la méditerranée
ne pèfent guère plus de trois livres; du moins Salvian n’en a jamais trouvé
de plus gros e). Mais dans la mer dû nord, ftï doit être bien plus gros; car
Pontoppidan en a trouvé qui avoient trois & quatre aunes de longueur f ) .
Les pêcheurs de Biarrits le prennent avec des haims jufqu’à fix lieues au
large, tirant fur le riord-oueft, où ils en prennent avec d’autres poiffons.
Le tems de leur pêche eft depuis le mois de Juillet jufqu’au commencement
de l’hiver g'). C’eft un animal vorace très-fort, car il n’attaque pas
feulement des poilfons de fa groffeur, corrime affure Pontoppidan h'),
mais il dévore aufli des oifeaux de mer; il eft fur-tout l’ennemi de la
maure
j- û)jZooph. p. 87. n. 141. e J.'Au lieu cité.
y./'J Aquat. p. 199, . , . i. , f ) — — —.
c ) Traité des Pêch. Tom. II. p. 96. g) Duham. Tznité des Péch. Tom, UI. p. 96.
d) Jamaic. p. 454. n .3.- f g ç g ' ' A) Norw. Tom. II. p. 1S7.
D e x A C r a b e x> e B i a r r i t s . 9
' maure du Havre z). Oppian le peint aufli comme un poilfon vorace
très-redoutable C). En Italie, on mange fa chair; mais en Nonvège on
la méprife /.).
Arijlote, qui divife les poilfons félon leur féjour, en ceux qui vivent
fur les bords, ou en pleine mer, ou indifféremment à l’un & l’autre de
ces endroits; met ee poilfon dans la dernière clalfe. Athénée le compte
parmi ceux qui aiment les endroits pierreux.,mj). Comme. les naturaliftes
modernes ne difent rien de fon féjour, je crois que ce poilfon très-vorace
fe rend par-tout où il trouve de quoi fatisfaire fa voracité. On le prend
au filet & à l’hameçon. Ceux qu’on pêche0[dans la méditerranée ont la
chair maigre; cependant les Italiens la trouvent de bon goût lorfqu’ils ont
été pris fur des bords pierreux ou en pleine mer n). Mais ceux qu’on
prend dans la mer du nord ont la chair coriace; voilà pourqucBles
Norvégiens n’en mangent point : ils fe fervent feulement du foie pour faire
de l’huile. Ce poilfon peut facilement bleffer avec fes piquants forts celui
qui l’attaque imprudemment, & produire, fous de certaines circonftances,
les mêmes âccidens fâcheux dont nous avons fait mention dans l’article
précédent. Selon Arijlote, il fraie deux fois par an o); favoir, en automne
& au printems; mais félon Oppian, il fraie quatre fois dans cette eipace
de tems péjîÿji
Le foie eft d’un jaune pâle ; la rate d’un rouge brun, & le canal des
Inteftins n’à que deux finuofîtés.
... Ce poilfon fe nomme:
Der grofsfchuppigte Drachenkogf, en Groote Scorpioen, en Hollande.
Allemagne. Scrofano, en Italie.
Crabe de Biarrits, OU le Sacarailla Scorpena, en Sardaigne.
de St. Jean de Lu{, en France. Madone, à l’île de Malte.
Scorpi, Scorpotie ou Rafcajfe rouge, Poifotmed Grooper, à la Jamaïque,
en Provence.
Quand Gronov demande, fi le {eus que décrit Jdnnè dans fon Mufeum
Regium, pag. 68, eft le même poilfon que le n ô tre ,P faut répondu
affirmativement; car Linné le cite lui-même dans la dernière édition de
fon Syftème y).
i ) Larus mârinüs. L, fii) Sâxatiliss,
k j ÿ o i c i c e qu’il en dit t » ) Saiv. Aquat. p.aôôcft/i
A t bis lucinam labrax > loto iftvOtat ûnho > o) Hift. Anim. lib. 5 cap. 9,
Quatuor at part us horrcndus fcorpius edit. p ) Haliet. lib. t..
H a l i e t . Lib. I. q) S. N, p. 45a.
I ) Pontopp. Norw. II. p. 187*
Part. V I. G
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