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nageoire, & finit en une pointe. Elle eft couverte de trente - cinq
boucliers, & le tronc de treize. Cependant on ne trouve pas exactement
ce nombre fur tous les chevaux marins : car de neuf que j’ai devant les
yeux, il y en a trois qui ont à la queue un bouclier de plus que les autres.
Sur le dos & les côtés, qui font gris, on remarque un grand nombre de
points noirs & blancs, & fur quelques-uns des taches blanches & étroites.
Le ventre eft brun. Les nageoires font tendres & rougeâtres. Le -tronc eft
applatipar les côtés, ainfi que la tête. Dans quelques-uns, les tubercules
de la tête & du dos font garnies de barbillons.
Nous trouvons ce poilfon en quantité fur les côtes de la Méditerranée,
fur-tout à Pozzuoli, Naples, Marfeille, dans la mer du Nord, dans le
détroit du Sund, aux îles Malouines & à la Jamaïque. Il parvient à la
longueur de huit à douze pouces. Il vit comme les autres poilfons de ce
genre, de petits infectes aquatiques.
L’eftomac eft grand; le coeur petit; le foie long, étroit & d’un jaune
pâle. La véficule du fiel eft de la groffeur d’un grain d’orge. Le canal
inteftinal eft court, & fans aucune finuofité. La véficule aérienne eft
fituée fous l’eftomac. L’ovaire eft double.
Ce poilfon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Seepferdchen, en Allemagne. Sea-Horfi, en Angleterre.
Cheval marin, Cheval & Chevalet, Hav-Boever , en Dannemarc.
en France. Söe Heß, Sôe-Bæver, en Norvège.
Cavaletto marino, en Italie. Jean couda, Lautvd femelle, aux
Caulinho, en Efpagne. îles Moluques,
Bifcia, àVénife. Ktedoe lævet, Jong-Koning, aux
Zeepardje, en Hollande. _ Indes.
Le cheval marin étoit connu des Grecs. Pline parle en plufieurs
endroits d’un poilfon fous le nom d’hippocampus a ); mais comme il en fait
mention parmi les poilfons dont on fe fervoit pour repréfenter les dieux
marins, il faut ou qu’il ait eu une faulfe idée de notre poilfon, ou qu’il en
ait eu un autre en vue.
R ay, qui fe trompe en faifant quatre efpèces particulières de ce
poilfon A), eft alfurément caufe que Klein y a trouvé trois variétés c).
Les barbillons, les tubercules un peu plus faillans, les enfoncemens plus
profonds entre les boucliers, ne font que des accidens qui dépendent de
la
a) H. N. lib. 36. cap. 5. c) MiiT Pifc. III, p. 2.3. n. 32. «. ß. y .
i ) Synopf. p. 45. n. 1 —4.
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la différence d’âge & de fexe. Par la même raifon, je ne faurois être du
fentiment de Gronov quand il fait une variété du cheval marin dont les
tubercules font garnies de barbillons d).
Selon Bellon, le mâle doit avoir une forme pentagone depuis le
nombril, & la femelle hexagone e). Mais je doute fort de la jufteffe de
cette obfervation du moins dans les neuf chevaux marins que j’ai
examinés, je n’ai apperçu aucune différence.
C’eft Bellon qui nous a donné, le premier deffin de ce poilfon. Afin
de montrer fa reffemblanco avec le cheval * il l’a. repréfenté avec une
crinière, & l’a mis au nombre des habitans des eaux qui n’ont point de
fang/). Bientôt après Rondelet en donna un deffm un peu meilleur; mais
ïi lë [regarde comme un infefte g). C’eft ce que fait auffi Gefner,■ qui omet
auffi toutes ies nageoires dans le deffin qu’il en donne A). Selon ce dernier
auteur, ce poilfon eft un remède contre la morfure d’un chien enragé. ..
Ælien dit que le ventre du cheval marin . eft venimeux z) ; Pline,
Galien & Rondelet le vantent comme un remède falutaire contre diverfes
maladies. Selon toutes lés apparences, cet animal n’eft pas plus utile que
nuifible, & fa figure fîngulière eft probablement caufe qu’on lui attribué
des propriétés extraordinaires. -
Pontoppidan fe trompe en regardant ce poilfon comme un infeéte, &
en difant que les pointes avancées lui fervent de pieds, pour marcher fur
■ferre ferme'A); car ces pointes n’ont point-d’articulations.
EnDalmatiè, on regarde encore aujourd’hui ce poilfon comme un
remède contre le lait coagulé dans les mamelles' des femmes /); & les
Norvégiens le prennent pour un poifon m y.
Quand Linné dit que la nageoire de l’anus eft fituée devant l’anus, &
que par conféquent il faut le regarder comme un poilfon de la clâffe des
abdominaux, l’expérience le contredit zz); car- je l’ai toujours trouvée
derrière l’anus.
d) :ZoopK. p: 43. n. 170. i) Lib. 14. c. 14..
t^qbàtp.444.,, u i) Nnrw. Tom.ir. p.,^S.î .,4
• f ).Au lieu cité. "" . , ' Z) Brimn. Pile. Maff. .p. il.
gj’De Pifc. P. n. p. 114. ni) Pontppp. Au lieu cité.
AjvÂquac.' p.’ 414. , . P-;4I8-' ■
Part. IV . B