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à une groffeuf affez confidérable, & pèfe jufqu’à dix-huit à vingt livrés.
Cependant ceux du Cap de Bônne-Epérance ne paffent pas un quarteron.
Celui que je poffêde eft de la grandeur du deflin ci-joint.
Hippoerate eft le premier qui fait mention de la torpille. Il la met dans
la çlaffe des poiffons mangeables, regarde fa chair comme un aliment
fain, & confeille de la manger rôtie lorfqu’on eft attaqué de l’hydropifie
qui provient de l’obftruétion du foie s). Cet auteur ne parle point de
l’engourdiffement qu’occafionne ce poiffon à ceux qui le touchent. Mais
Platon qui étoit prefque fon contemporain, a connu fes effets éleétriques;
par enfaifant parler Socrate avec Menon, il lui fait dire: Tu m’as étourdi
par tes objections, comme la torpille, poiffon large de mer, étourdit ceux
qui la, touchent de près r).
Arifiote parle de la torpille en plufieurs endroits de fes ouvrages u j.
Il remarque entr’autre, que par la propriété que ce poiffon a d engourdir
les animaux qu’il touche, SI étourdit les poiffons qui nagent près de lui,
& s’en empare dans cet état v j.
Théophrafle difciple d’Ariftote, femble avoir eu une connoiffance plus
étendue que fon maître fur les propriétés de la torpille : car Athenee
rapporte, que Théophrajle a foutenu dans fon ouvrage fur les animaux
venimeux, que lorfqu’on touche ce poiffon avec un bâton ou avec un
harpon, on reffent un engourdiffement x j.
Tiphilus en lavoit plus fur la i-nrpilie que les prédéceffeur ; car il dit
dans fes vers à Nicandre y j , que’ ce ne font pas toutes les parties de ce
poiffon qui ont indiftinctement la propriété d’engourdir les perfonnes ou
les animaux avec lefquels elle eft en contait. Cette obfervation a été
confirmée par les. naturaliftes modernes; mais elle mfi beaucoup de
difficultés à l’explication des effets éleétriques de ce poiffon.
Hero d’Alexandrie, remarque déjà que les fecouffes produites par la
torpille, font transmifes & propagées-par le cuivre, le fer & d’autres
çorps fblides {)•
Pline, qui parle en plufieurs endroits de la torpille dàns fon hiftoire
naturelle a), rapporte que l’engourdiffement ou le choc qu’elle produit, fe
, ) De intem. affefl. l i b . .13 , ç. 16. 30. a ) H. A. l i t . J . - I I .
( ) O Socratcs, ut mihi vidiris, me proeftigiu 6 lib. 6. c. 1 0 . 1 1 . lib. 9. c. 37, De Ufu Part. lib. 4.
veneficiis, incantationibusque, perturbas, adeo ut cap. 1 2.
ambiguitatis Jim pie nus. A c mihi videris omnino, f i V ) Lib. 9. cap. 37*
tamcn te iocando mordere aliquantulum decet, quant x') Deipnofophift. lib. VII.
Jimïllimus effic tum forma y tum c ester is omnibus f y ) Theriaca Commentai-, H.
latijjimo iUi p ifii marinoy qui Torpédo dicitur i illc j ) Pn.eumat. II. Olymp. 65*
f i quidem hominemfibipropinquantem tangentemque, a) H. N. lib. g. c. 23. J.9. c. 23* 4a* 1* c* *7*
fiupidum reddit. Moeno five da virtute. Dialog. \6.
D e l a T o r p i z z e . 4 3
propage par dé longues verges ou des harpons. Mais lorfque cet auteur
dit que le contait de ce poiffon rend perclus les membres de ceux qui le
touchent, & que les mufcles les plus forts viennent impropres à leur
fonétions par un feui attouchement A)’, il faut avouer qu’il a beaucoup
exagéré les effets que produit la torpille. La phyfique moderne nous
fournit de femblables exagérations, & fur--tout le phyficien qui éprouva
le premier la commotion éleétnque, puifqu’il prétendoit avoir été malade
pendant pluflems féurs. II affura qu’il ne voudrait pas pour tout le
royaume de France en éprouver'une fécondé cj.
Plutarque, qu’on ne met guère au nombre des naturaliftes diftingués,
femble avoir mieux connu les propriétés de la torpille que tous fes
prédéceffeurs; car il raconte que ce poiffon fait éprouver des fecouffes
non-feulement aux corps qui le> touchent immédiatement, mais encore
aux bras des pêcheurs qui le prennent, dans des filets d j. Quand cet
obfervateur rapporte que lorfqu’on verfe feulement de leau fur le corps
de ce poiffon, après l’avoir péché, l’on éprouve une commotion, cela ne
peut avoir lieu que lorfque le jet de l’eau qui tombe fur le poiffon eft non
interrompu jufqu’à la main; car alors il forme un corps conduéteur qui
établit une communication entre lé poiffon & l’homme. Cette circonftance
n’a pas été obfervée par l’auteur; ainfi fi elle n’a pas lieu, il eft impoffible
que le choc fe propage du poiffon à l’homme. Le même auteur rapporte
encore que la torpille par fés~ëilnves, qu’il compare à des flèches, agit
d’abord fur l’eau, &.feulement par Ton intermède fur les poiffons qui fe
trouvent autour d’elle, & qui lui fervent de proie;! étant engourdis par-là
& refroidis à un degré qui ne leur permet plus de fe mouvoir.
Parmi les anciens, Oppian eft celui qui femble indiquer avec le plus
de précifion l’endroit où fe trouve la matière qui engourdit les animaux
qui touchent la torpille; car il dit que les éfluves fortent des côtés e).
Quoique les anciens fuffent très à portée de faire des obfervations fur,
le phénomène intéreffant qu’offre la torpille par l’engourdiffement qu’elle
occafionne aux perfonnes qui la touchent?, on ne trouve guère dans leurs
ouvrages que des récits plus ou moins exagérés, comme on peut le voir
b) Voici ce- qu’il en dit : Torpédo etiam procul Hoec gravis & mollis, funt nulloe in corporepigro
& elonginquo, vel f i hafia vingare attingatur , quam- Vires, & nimîum premitur gravitate : natantem
vis preevalidos lacertos torpefeere quamlibet ad cur- Noncredas : liquidis ita clam fubrepit in undis,
fum veloces aligare pedes. Lib. ^ 1. c. 1 . sit duo f i tollunt difienta per ilia rami>:
c ) Mofihenbroek. Dans la Préface à fon Hift. Qui fraudempro robore fiaient, pifiemqut tuentur.
de Phyfique. ’ Quosfi quis traclat: perdit per metnira vigorem^
■ d) De Induftr. Animal, p. 246. Sanguine concreto rigidos nec commovet artus. '
e ) Voici ce qu’il en dit: Valvuntur fubito contrario in corpore vires.
Natura torpédo datum, proprium quoque membris» Alieücon. lib. 2. v. 63.