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verre : mais il n’entreprend point d’expliquer quelles font les modifications
que le fluide éleétrique fubit dans le corps de cet animal, &; comment il
y elt mis en jeu.
Comme il n’a eu en fa 'poffeffion que deux torpilles, il n’a pas pu
répéter toutes les expériences que Mr. Walsh a exécutées, mais il en a
fait quelques-unes qui lui font propres. “ En irritant le dos de la torpille,
,, j’obtenois, dit-il, la fecouffe, foit qu’elle fût hors de l’eau, foit qu’elle y
„ fût plongée. La fecouffe fe faifoit fentir ou à une feule main, ou à
■„ toutes,les deux, fuivant que j’en appliquois oii une feule, ou l’une à
„ l’autre fur le dos du poiffon. Si, au lieu d’irriter le dos, je piquois
„ légèrement la poitrine, je recevois également une commotion, mais
„ pas auffi fréquemment qu’en piquant le dos. Si j’irritois le dos d’une
„ main, & la poitrine de l’autre, celle-là recevoit la commotion, & non
•„ pas celle-ci. Mais lorfque j’irritois le dos avec deux doigts d’une main,
„ & avec les huit autres doigts la poitrine, alors c’eft du côté de la
;, poitrine que partoit la fecouffe. j’ai obtenu tous ces réfultats, fans
„ m’être jamais ifolé, & il étoit auffi indifférent quelle poiffon le fût ou
„ ne le fût pas.................... j ’ai rapporté cette fuite de faits, non pour
„ contredire la belle théorie des deux états différens d’éleétricité découverts
•„ fur la torpille par Mr. Walsh, mais pour la foumettre au jugement
„ des phyficiens qui cultivent cette branche naiffante d’expériences
„ phyfiologiCo-éleétriques”.
Quelques minutes avant que les torpilles expiraflent, elles offrirent à
l’auteur un fait affez. curieux. Les fecouffes ne fe firent plus fentir alors,
comme auparavant, par intervalles : elles fe changèrent en une batterie
continuelle de petits coups affez légers. “ Suppofez, ce font ces termes,
„ que j’euffe foiis les doigts un coeur aétuellement en pulfation, & vous
aurez quelqu’idée de ce phénomène bizarre, à l’exception que de coeur
„ n’auroit produit fur moi aucune fenfation douloureufe, là où ces petites
„ fecouffes occafionnoient fur ma main une véritable douleur, qui ne
- s’étendoit pas au-delà des doigts. La batterie dura fept minutes; &
pendant ce court efpace de tems, mes doigts reffentirent trois cents
feize fecouffes ; puis elles s’interrompirent, & alors je n’éprouvai plus
„ que quelques fecouffes languiffantes toutes les deux bu trois minutes,
„ ’jufqu’à ce que la torpille fût morte”s(8|
Mr. SpallahTpni nous apprend encore cet autre fait intéreffant, que la
torpille eft capable de donner la fecouffe éleétrique, non - feulement
lorfqu’elle eft née & qu’elle nage dans l’eau, mais auffi lorfqu’elle eft
encore comme foetus, renfermée dans le fein maternel. 11 en difféqua une
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à l’iilftant où elle vénoit d’expirer : c’étoit une femelle. D vit dans fon
ovaire des oeufs prefque ronds & de différentes grandeurs; & en ouvrant
deux vaiffeaux qui aboutiffoient au reétum, il trouva deux foetus parfaitement
formés, qu’il détâcha de leurs enveloppes, & qu’il fournit aux
mêmes épreuves qu’il avoit faites fur leur mère. Ils lui donnèrent une
véritable fecouffe, petite à la vérité , mais très-fenfible, & qui le devînt
jplus encore lorfqu’il les ifola fur une lame de verre,
Il faut remarquer que la torpille ne caufe pas toujours des commotions,
& que lorfqu’elle eft tranquille, on peut quelquefois la manier affeê
longtems fans reffentir aucun effet ; mais que lorfqu’elle eft irritée, où
qu’elle veut échapper, elle décharge alors fa matière éleétrique. On peut
réfoudre de-là la différence qui fe trouve dans les obfervations de divers
auteurs. Car Kolbe o) & Windus p') éprouvèrent une commotion en
touchant la torpille avec un bâton. Mais Jobfon y) & Moore r) n’ont
reffenti aucun effet en la touchant auffi avec un bâton. Atkins la mania
pendant un jour entier, fans recevoir la moindre fecouffe s). L0ren.7j.ni
& Réaumur r) l’ont auffi touchée affez longtems avant que de recevoir
le premier choc. Au refte, on mit une torpille parmi des autres poiffons
vivans qui étoient dans un vaiffeau; mais ils ne furent ni engourdis, ni
endommagés de là moindre chofe u).
La torpille fe tient dans les fonds vaféux & fablonneux. Elle vient
auffi fur les bords, & lé cacho dans lejable. Alors elle a beaucoup plus
de vigueur que lorfqu’elle eft dans l’eau. Car les pêcheurs anglois difent
que lorfqu’ils paffent, par un accident imprévu, fur une torpillé, ils
reçoivent une fi forte Commotion, qu’ils en tombent par terre x~). Selon
Kæmpfer , les femelles font reffentir de plus fortes fecouffes que leS
mâles y'). Elle vit des poiffons qu’elle engourdit lorfqu’ils nagent au-deffus
d’elle, & s’en emparé quand ils font dans cet état. Elle aime fur-tout lès
loches de rivière {■); car Kæmpfer en a fouvent trouvé dans fon eitomac.
Comme la torpille a le corps large & lés nageoires étroites, elle ne peut
nager que fort lentement; or, fi elle n’avoit pas la qualité d’efigourdir
les autres poiffons, elle né pourroit que rarement s’emparer de fa proie.
Elle fe fert de cette qualité, non-feulement pour fe procurer de la noutriturëj
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• o) Reife nach dem Vorgeb. der gut. Hoffnung.
p ) Reife nach Marokko, p. a i .
. q) Goldhandel, oder Entdeckung des Flufles
Gambra. p. 25.
r ) Reife in die inländ. Theile v. Afirica. p. 176.
s ) Reife nach Guinea, p. 47.
t ) Hift. de l’Acad. royale des Sciences de Paris.
Ann. 17 14 . Ed. gvo. p. 4 5 1.
u ) Allgem. Reifen. HI. p, 346.
x ) Penn. B. Z. III. p. 9a.
y ) Amoenit. p. 509.
{ ) Cobitis Tænia. L.
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