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comme de la pâte. Enfuite on en fait des tablettes ou d’autres figures,
auxquelles on fait un trou au milieu, pour les pendre avec_une ficelle &
les fécher. Quelquefois on fe contente de les pofer les unes fur les autres,
de les couvrir d’une toile mouillée & de les faire fécher au foleil. Dans ce
cas, il n’y a que la chaleur du foleil qui puiffe les amollir. Après cela, on
les preffe dans les mains fur des planches, pour en former de petits,
bâtons; on les attache par les bouts, les unes aux autres, de manière
qu’elles prennent la forme de petites fauciffes, & enfin on les pend à des
cordes pour les faire fécher. D faut faire fécher cette colle à une chaleur
modérée & non au foleil, parce qu’alors elle fe fend.
Quand on la fait fondre avec du fucre candi, & qu’on la fait cuire,
jufqu’à ce qu’elle devienne jaune & tranfparente, on obtient ce qu’on
appelle colle à bouche. En y ajoutant de l’eau-de-vie, on fait aufii une
colle très-forte, dont on peut fe fervir pour racommoder le verre & la,
porcelaine caffés. Pour cet effet, on bat les véficules avec un marteau,
pour les réduire en petites plaques minces. On les coupe enfuite en petits
morceaux, & .on les fait fondre fur le feu dans de l’eau - de - vie
commune. D’autres les laiffent amollir pendant une, nuit dans de l’eau
claire ; les coupent enfuite en petits morceaux ; puis, les font cüire
pendant une demi-quart d’heure dans de l’autre eau, & remuent fans
ceffe la colle pendant tout ce tems. Après cela, on la paffe par un linge,
& on la laiffe repofer pendant quelque tems, pour pouvoir enfuite
l’écumer. Cette écüme cuite avec le fédiment dans un peu d’eau, donne
une colle qui furpaffe encore la première en clarté. Cette colle ainfi
préparée avec de l’eau-dé-vie, donne un vernis fi fin & en même tems
fi fort, qu’on peut s’en fervir pour raccommoder les verres, taffes, &c.
de manière qu’il eft prefquïmpofiible d’appercevoir les fentes, ,& qu’on
peut y mettre des liqueurs chaudes fans danger.
Dans les plus gros poiffons de^ ¡cette efpèce, on trouve affez fouvent
une pierre, qui eft connue fous le nom d e pierre-de-menfonge ( Belugenftein).
Selon Mr. Pallas, elle eft, fituée en dedans des reins, dans une petite
peau particulière. Lorfqu’on l’ôte toute fraîche, elle eft un peu molle &;
humide en dehors; mais elle fe durcit bientôt à l'air. On la trouve
fur-tout dans les pêcheries d’Aftracan; mais elle n’eft jamais plus groffe
qu’un oeuf de poule. La figure eft tantôt ovale, tantôt affez platte & un
peu bombée; ou plutôt elle a un un coin courbé à l’endroit où elle a été
voifine du cartilage du dos.
Les Ruffes & les Tartares font fécher la peau du grand-efturgeon, &
s’en fervent enfuite en guife de carreau de vitre. Selon Linné, on en fait
des
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des courroies de guindages très-fortes a ) ; mais Mr. Lepechin dit qu’on
ignore abfolument cet ufage en Ruflie.
Tous les inteftins de ce poiffon ont une couleur d’un noir bleuâtre. Le
gozier & l’eftomac font larges, au point que Mr. P allas prétend qu’un
grand-efturgeon médiocre peut contenir deux véaux marins & quelques
poiffons ¿). La véficule aérienne eft fans divifion, cunéiforme, & le bout
arrondi eft tourné vers la tête. Elle eft placée à l’épine du dos, avec
laquelle elle eft unie par des liens particuliers. Le'côté qui eft tourné vers
le dos, eft blanc, & l’autre noirâtre. L’ovaire eft double : il pefoit huit
cents livres dans le grand-efturgeon dont on a parlé. Selon Mr. Pallas
on trouve auffi des hermaphrodites parmi ces poiffons c). Ceux d’ailleurs
qui voudront connoître plus particulièrement les parties internes de ce
poiffon, peuvent avoir recours à Marftgli, qui les a repréfentées dans le
fixième tome de fon ouvrage fur le Danube, planches 9—ai.
On nomme ce poiffon :
Haufen, en Allemagne. Gorbufcha, entre treize & quatorze;
Wifchal & Morona, en Hongrie. Ulufchnaja ou Polumateraja, quand
Ghtt Dick, en Allemagne, & Je- il en a quinze;
fetra Tock & Serènwmftrtft, en Mmeraja , xeux qui pàlTént cette
Hongrie quand il n’a point de melure;
boucliers. : ‘Sclùp, ceux qui font très-gras.
Béluga, Bélouga, en Ruflie. Kiorpa, chez les Tartares.
Sapkowaja, dans le même pays, de- Chorbio, chez les Calmouques.
depuis fix jufqu’à huit palmes; Kalufchka, dans les environs du
Polumernaja, quand il en a neuf fleuve Amour.
& dix; Adello, Ademo & Adeno, en Italie,
Mernaja, quand il en a douze; Grand-EJlurgeon, en France.
Les caraétères que Linné tire d’un certain nombre de boucliers, font
incertains; car premièrement ce nombre varie fenliblement. Kiamer en
donne treize au dos & quarante-trois à chaque côté d). Sur les deux grands-
efturgeons que je poffède, j’en ai compté vingt-deux furie dos & quarante-
cinq fur les côtés. Mr. Lepechin dit qu’on en trouve fur le dos depuis douze
jufqu’à quinze, & fur le ventre depuis cinquante-cinq jufqu’à foixante e).
Statius Millier f ) & Bomare g } racontent, que les Italiens attirent le
grand-efturgeon fur les bords du Po avec dès inftrumens.de mufique, &
a) Sÿft. Nat. p. 404. ' \ \ e ) Rëifen. Tom. I. p. 159.
b ) Reif. Tom. II. p. 3 4 1. f ) L. S. III. p. 492.
c ) Au lieu cité. g-) Voyez fon Di&ionnaire à l’article EJlurgeon.
d ) Elench. p. 383.
Part, IV . ■ B b