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nourriture au petit, pendoit hors de fon bas-ventre, en formant un fac
qui feterminoit en un canal de la groffeur d’une plume de poule. Ce
canal, après avoir percé les mufcles abdominaux, s’élargiffoit en forme
de fac, & aboutilfoit au boyau qui transmet la matière qui fert à fa
nutrition. Ce boyau étoit rempli en partie de la matière jaune qu’il reçoit
de l’oeuf, & en partie d’une fubftance femblable à celle qui. nageoit dans
l’eftomac. Comme cette matière fe trouve dans différens endroits, on
peut conclurre de là, qu’outre la nourriture que le poiffon prend par le
vaiffeâu ombilical, il en reçoit auffi par la bouche; ce qui eft contraire à
l’opinion de ceux qui prétendent, que tant que le foetus eft dans le ventre
de la mère, il ne reçoit uniquement de nourriture que par ce vaiffeau m).
Ce poiffon fe nomme :
Zitterfifch & Zitterràchen, en Aile- Eforpijo, Tremouleti, Dormigliofe,
magne. â ÎMarfeille.
Krampfijch, Stompvifch, Ziddervifch Torpedine, en Sardaigne.
& Trillroch, en Hollande. ' Sgrampho■/ à Vénife,
Crampfish, eleciric Ray & Torpédo, Tremorirp , Batte Porta, à Gênes.
en Angleterre. Occhidtella, â Rome.
Viola, eri Portugal. Para, au Brélil.
Torpille, Torpède*, en France. CJ-jà^Mau Cap i3e Bonné-Ëfpé*
Tremble'& Dormiggliofe, à Bour- rance,
deaux, fur les côtes de Poitou, Lerrjnachi, en Perfe.
d’Aunis & de Gafcogne. Riad, en Arabie.:,
Bellon a fait deux efpèces de la torpille tachetée & non tachetée,
& en a donné le premier des deifuis affez bons pour' fon teins n ).
Rondelet les a multipliés fans néceffité, & en a formé quatre efpèces,
qu’il a fait deffiner o). Gefner les a copiés & augmentés de quelques
nouveaux deffins p ) , mais très - mauvais.. Enfuite Aldrovand a imité
Bellon q ); Jonfton r) & Klein s) Rondelet i). Willughby n’en fait qu’une
efpèce, de même que Salvien; ce que Ray, Artédi & 2,inné approuvent
avec raifon.
Pline prétend que lorfque ce poiffon eft pris dans le tems que la lune
eft dans le ligne de la balance, & qu’on l’a gardé trois jours en plein air,
il facilite les femmes dans leurs accouchemens u). Mais cette idée n’eft
m) Obferv. interno aile Torpedine di Stif. 1768- r ) De Pifc.'p. 3 1.
, n ) Aquat p.jgp ( jj .H E p - 3^•
0 ) HÉ.*âês Poiin P. I. p. 358. ■■■':■ lieu cité,
p ) Aquat. vp. 590—993.'" i r 32. cap. 10.,
ÿ) DePifc. p. 417.418*
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pas mieux fondée que celle de ceux qui prétendent qu’en fe frottant avec
le fiel de ce poiffon, on appaife les feux de l’amour.
Rondelet fe trompe quand il dit que notre poiffon ne paffe pas fix
livres a ); car on en trouve qui pèfe dix-huit livres & plus, comme nous
l’avons dit plus haut.
L’expérience journalière nous démontre, que l’on eft fouvent induit
en erreur par l’imagination : car lorfqu’on fe figure une chofe, on croit
pofitivement qu’elle eft. Moore1 a été fûrement dans' ce cas quand il
raconte qu’il a éprouvé des fecouffes, non - feulement en touchant une
torpille morte, mais auffi en touchant la peau d’une autre qui avoit été
dépouillée >■).
Quand Linné dit que lorfqu’on retient fon haleine, en touchant la
torpille, on ne reçoit aucun choc, il a été fans doute induit en erreur
par Kcempfer, qui raconte, qu’en faifant des expériences publiques fur la
torpille, au Golfe de Perfe, Un Africain, qui étoit dans la foule, s’approcha,
& failît le poiffon fans éprouver le moindre choc. Kcempfer demanda à
l’Africain la caufe de ce phénomène. Celui-ci lui répondit qu’il n’y avoit
qu’à retenir fa refpiration en faififfant le poiffon. Notre phyficien fit
l’épreuve lui-même, & trouva que l’Africain avoit raifon. Mrs. IVatsh
& Spallamani ont fait les mêmes effais, fans avoir ie même fuccès; car
ils éprouvèrent des fecouffes toutes les fois qu’ils faifirent le poiffon x ). i
Il y a lieu de' croire que la -torpillejur laquelle Kcempfe r faifoit fes
expériences étoit trop affoiblie pour faire reffentir des fecouffes, ou que
l’Africain & cet auteur ont preffé trop fortement les organes éleitriques
du poiffon. Cette dernière caufe me paroît yraifemblablë ; parce que
lorfqu’on veut preffer fortement une chofe, on eft obligé de retenir fa
refpiration.
Mr. Spallamani rapporte, que Linné a regardé la torpille comme un
poiffon venimeux j ) . Mais je ne fâche pas que Linné ait fait mention
de cela; du moins il n’en eft pas queftion dans fon Syftême.
y) Hifti des Poifl! P. I. p. 359.
x ) Reife. nach Afric. p. 176.
y ) Joutnal de Rosier. AniL 1783. p. aao.
I ) Au lieu cité.