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les yeux. Le dos eft gris ; les côtés & le ventre font argentins. Il n’y a
point de nageoire ventrale, ni de ligne latérale. Les nageoires font
petites, à rayons ramifiés, & celles de la poitrine ont une direétion toute
différente que dans les autres poiffons; car elles font horizontales & non
perpendiculaires; c’eft-à-dire qu’elles font attachées au tronc félon
la longueur & non félon la largeur du poiffon. Par conféquent, elles ne
fervent point au poiffon pour avancer, mais pour tenir en équilibre fon
corps mince & large, & pour fe mettre fur un côté. Il prend cette
pofition lorfqu’il retire une nageoire, & qu’il continue à battre l’eau avec
l’autre : alors il tombe fur le côté. Il 1e met âinli pour fe repofer; & alors
il eft facile de s’en emparer. Mr. Brünniche raconte, qu’ayant remarqué
du vaiffeau qu’il montoit, un de ces poiffons endormi dans la mer, un
mouffe fauta dans l’eau, le faifit & l’apportât d). Les nageoires du dos &
de l’anus font longues, fituées à l'extrémité du corps, & réunies avec la
nageoire de la queue qui eft courte. Les rayons des deux premières
nageoires font divifés en tant de petites branches, qu’elles forment une
peau velue qui fait l’office de nageoires peétorales pour faire avancer le
poiffon: car comme la nageoire de la queue eft très-courte, le poiffon
ne fauroit s’en fervir que pour fe tourner, & très-peu pour avancer. La
peau qui renferme la nageoire de la queue eft épaiffe, & fes rayons font
Amples, Par le moyen des nageoires du dos & de l’anus, le poiffon fe
trouve en état d’aller au fond de la mer, pour y pourfuivre fa proie, &
pouf remonter à fa volonté. Il va au fond quand il retire la nageoire de
l’anus, & qu’il pouffe contre l’eau avec la nageoire du dos; & il remonte
en faifant le contraire.
Quoique ce poiffon habite la Méditerranée, il a cependant été inconnu
aux Grecs & aux Romains. C’eft Salvien qui nous; l’a fait eonnoître lé
premier. Celui qu’il décrit pefoit cent livres. Mais dans la mer du Nord
qu’il habite auffi, il parvient à une groffeur monftrueufe. Burla.ce pari©
d’un de ces poiffons pris près de Plimouth, qui pefoit cinq cents livres V).
Qn en trouve auffi dans la Méditerranée qui ont huit à dix pieds de long c).
Outre cela, ce poiffon fe trouve également fur les côtes de Dalmatie
& vers le Cap de Bonne-Eipérance. Sa chair eft blanche comme de la
neige, & fe réfout au feu en une efpèce de colle; mais elle eft défagréablè,
parce qu’elle a un goût d’huile, & elle eft tellement attachée à la peau,
qu’il eft difficile de l’en féparer. Elle eft mêlée d’une graiffe qui donne à la
cuiffon
à) Piïc. MaiT p. g.
b ) -Penn. B. Z. III. p. 130.'
c ) Rondel, de Pifc. P. I. p. 4aG.
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cuiffon une mauvaife huile, qui ne peut fervir qu’à brûler. Outre cette
huile, on ne fe fert que du foie, dont on peut faire par l’affaifonnement
un affez bon mets.
Le foie eft gros & divifé. Là véficule du fiel répond à l’eftomac, non
loin de fon ouverture fupérieure. Les reins font larges, & les canaux
urinaires fe terminent au fond de la veffie. Les canaux urinaires ont une
ouverture particulière derrière l’anus. Le canal des inteftins eft large,
forme plufieurs détours, de même que dans les quadrupèdes.
On nomme ce poiffon :
Schwimmendekopf, Miihlenjleinfijch, Molle, à Marfeille.
en Allemagne. Bont; en Efpagne,
Molenjleenvifch, en Hollande. Pefce Tamburro, Molo & PefcePe-
Sun-Fish, MolebuPe, en Angleterre. toego, en Italie.
Lune, eiLFrance. Knmar, dans l’île de Malthé. ,
C’eft Salvien qui nous a donné le premier deffin de ce poiffon. Ce
deffin eft bon ; mais il a été copié tantôt bien, tantôt mal par les
ichtyologiftes qui font venus après lui.
Jufqu’à Artédi, on a traité de la lune dans des articles à part; mais
cet auteur fyftématique la plaça parmi les coffres, quoiquelle nait pas
la moindre reffemblance avec eux.
Linné fe trompe en la mettant au nombre des poiffons qui ont quatre
dents d) ; car on n’y trouve que la mâchoire fendue, qui repréfente
deux dents.
Ce poiffon quant à la forme, diffère tellement des autres poiffons du
même genre, qu’on pourrait avec raifon lui confacrer un genre particulier,
& donner la queue tronquée pour un caraâère diftinétif. Comme
Aldrovand e) & Ml'. P a
mant / ) ont décrit un de ces poiffons qui étoit
long, & que Mr. P a
llas en a fait eonnoître un rond de cette efpèce g ) ,
ce genre comprendrait trois efpèces.
Je n’ai pu trouver dans la lune que je poffède, les quatre trous à la
tête qu’Artédi met parmi les caractères de ce poiffon F). ■
d) Tetrodon. n. 7.'"' g) Spicll. Zool. Fafc. VÜL p. 39. tab. 4. fig. 7.
De Pifc. pi 4 13 . : : A)’ Sÿiî/p. 83- “ • 4-
/-) B. Z. III. p. 1 ap. n. 54.
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Part. IV . Y