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par ce que nous avons rapporté ci-deffus. Comme.ils n’avoient aucune
idée de l’éleétricité, ils attribuoient les caufes de cet engourdiffement
à des exhalaifons des particules refroidiffantes, ou à des corpufcules
venimeufes. Mais lorfque l’art de l’obfervation eut fait enfuite quelques
progrès, on crut pouvoir attribuer cette aétion à une caufe méchanique.
B o r e llifj, Lorempni g j &• Réaumur h j ont écrit fur cette matière;
mais les ouvrages de cesfavans ont feulement prouvé que les explications
les . plus ingénieufes ne font pas toujours les plus vraies.
Réaumur rapporte que Rédi, Rérault & Lorempni croient, que
comme le feu envoie quantité de corpufcules propres à nous échauffer,
que de même la torpille envoie quantité de petits corps propres à
engourdir la partie dans laquelle ils s’infinuent; foit parce qu’ils y entrent
en. trop grande quantité, foit parce qu’ils trouvent des routes peu
proportionnées, à leurs figures i j. Mais Borelli regarde Témifiion de
tous ces corpufcules comme imaginaires, & dit que lorfqu’on touche la
torpille, elle eft agitée elle-même d’un fi violent tremblement, quelle
caufe dans la main qui la touche, un engourdiffement douloureux i ) j
Réaumur confidéra attentivement la torpille, pour tâcher de démêler à
laquelle de ces deux opinions il devoit fe ranger; mais il ne s’apperçut
jamais qu’elle fut agitée elle-même d’un tremblement lorfqu’elle étoit
prête à engourdir. Ce dernier prétend avoir trouvé; cette méchanique
dans de certains cylindres quijmntiewient une matière molle, femblable
à de la.bouillie, de laquelle provient l’engourdiffémènt que tcé,poiffon fait
reffentir à ceux qui le touchent /).
Une découverte en amène ordinairement plufièurs autres : celle de
l’éleétrieité donna la folution de différens problèmes qu’on avoit tenté
inutilement d’expliquer par des agens alors connus. On ne découvrit la
préfence du fluide éleétrique dans la torpille, qu’après avoir travaillé
affez longtems fur l’éleétricité.
Mr. Walsh eft le premier qui ait démontré clairement cette propriété
dans ce, poiffon mj. Il a fait beaucoup d’expériences là-deffus. ¡Mais
comme les premiers effais furent faits fur une torpille qui étoit prife depuis
quelque tems, & qui par conféquent étoit affoiblie, cela peut avoir
diminué les phénomènes au point qu’il n’en a reffenti les effets que
légèrement,
f ) De Motu. Anim. II, p. 256. k ) Voyez le livre cité, p.4.54.
g ) Obferv. interno aile Tqrpedini di Stef. 176g. I ) — — — — P* 459*
h ) Hift. de l’Acad. royale des Sciences de Paris. m) Philofoph. Tranfad. Vol. L X I I I . Pars I I .
Ann. 17 14 , p .'447. Ed. in-gvo. Obfervat. 33.
i j Au lieu cité. p. 4 5 1.
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légèrement, & feulement dans le doigt avec lequel il touchoit. Entre
près de deux cents effais, il n’arriva qu’une feule fois, que 1 effet s étendit
jufqu’au coude ; mais il ne parut aucune lumière ni étincelle, & les
fecouffes n’étoient que foibles. Les expériences fuivantes ont été faites
par ce célèbre phyficien.
Première Expérience. Quatre perfonnes fe donnèrent les mains; celle
qui étoit au bout de la ligne qu’elles formoient, toucha le dos du poiffon,
tandis que celle qui étoit à l’autre bout toucha en même tems le Ventre;
elles éprouvèrent toutes une foible commotion.
Seconde Expérience. De deux perfonnes qui çommuniquoient enfemble
par un fil d’archal, l’une toucha la partie fupérieure du poiffon, & l’autre
la partie inférieure; elles éprouvèrent toutes deux la commotion; ce qui
n’arriva pas, lorfqu’au lieu de les faire communiquer par du métal, on les
mit en communication avec du verre ou de la cire à cacheter.
Troifième Expérience. Lorfqu’une perfonne touchoit le poiffon, & étoit
touchée par une autre perfonne, elles éprouvoient toutes deux quatre à
cinq commotions fucceflives, qui, quoiqu’en général foibles, étaient de
la même force & provenoient de la même place de la furface du poiffon.
Quatrième Expérience. Lorfqu’on touche le poiffon avec des corps
éleétriques ou non conducteurs, fon corps refte en repos, à l’exception
de fes yeux qu’il ferme en les ferrant. Il paroît par-là qu’il fait le même
effort pour donner le choc aux corps avec lefquels on le touche; mais
que les corps originairement éleétriques s’oppofent à fa propagation.
Outre ces expériences, Mr. Walsh a encore fait les fuivantes à l’isle
de Ré, avec des poiffons récemment pris.
Cinquième Expérience. Une perfonne qui faifit le poiffon, en le touchant
en même tems des deux côtés, éprouva au moins dans l’efpace de
quarante fécondés cinq commotions fucceflives.
Cette expérience, jointe à quelques autres, fait connoître que chez cè
poiffon l’éleétricité ne s’accumule pas par degrés & fucceflivernent,
comme cela à lieu lorfqu’on charge une bouteille de Leyde, & qu’elle
n’en eft pas retenue jufqu’à ce quelle ait acquis un certain degré de force,
pour fe diffiper en un moment. Mais au contraire par une propriété
particulière du poiffon, fon éleétricité fe condenfe |att|. finftant de
l’éruption; ce qui fert à expliquer d’où'vient que dans les commotions les
plus fortes l’on n’a apperçu aucune lumière, ni des phénomènes d’atraétion
& de repulfion. Il femble en général que ces. effets font produits par le
rétabliffement de l’équilibre de la matière éleétrique condenfée, comme
cela a lieu dans la décharge de la bouteille de Leyde. Les expériences
Pan. m a M