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chat; ce qui, dans quelques contrées, a fait donner à ce poiflbn le nom
de chat de mer Au-deffus & au-deffous de l’oeil, on apperçoit une ligne
courbe, qui fe réunit avec la ligne latérale, laquelle commence près de
la tête, & va jufqu’à la fin de la queue. Cette ligne eft blanche, garnie
de brun des deux côtés ; & comme elle frappe autant la vue que celle
de l’aigrefin, les payfans du nord le regardent comme une variété de
ce poiffon; & lui donnent par cette raifon le nom de Spiel - Stroeng-
H yfe, ou Spiel-Strich-Schellfifch. Dans les mâles, on remarque fur la
tête un filament, auquel pend une petite houpe. Comme l'exemplaire
d’après lequel le deflin a été fait, étoit une femelle, j’ai fait repréfenter
cette partie à part fur la planche. Cet ornement à la tête l’a fait regarder,
félon Gunner, par les payfans de Norvège comme le roi des poiifons a).
Mais, félon Linné, le vulgaire en Suède, le regarde comme une cbofe
propre à faire voir aux femmes le ridicule qu’il y a dans ce qu’elles
emploient pour leurs différentes coiflbres L’ouverture des narines eft
petite & fimple. Quand on élargit tant foit peu la membrane des ouïes, on
voit les quatre ouïes velues, qui font formées comme celles des poifions
à écailles. Cependant l’ouïe poftérieure eft entièrement attachée par une
membrane aux parties voifines, & l’antérieure y eft feulement attachée en
partie. Comme les ouvertures des ouïes font femblables à celles des poiifons
à écailles, & qu’elles laiflent un écoulement libre à l’eau que le poiflbn a
refpiréey il n'étoit pas néceffaire que ce poiflbn eût des trous aqueux
comme les rayes & les requins. La belle couleur argentine dont brille ce
poiflbn, & les taches brunes dont il eft couvert, le rendent agréable à la
vue ; c’eft ce qui a engagé les Norwégiens à lui donner les noms de
Blankhaae, Gulkaao; Guldfisken, Solwfisken, ou poiffon d’or, d’argent,
chien de mer d’or, d’argent. L’anus eft placé entre les nageoires du
ventre. La queue eft prefqu’une fois aufli longue que le corps; & comme
elle finit en un fil mince, les Norwégiens lui ont donné le nom de
rat de mer ( Seerarip). Les nageoires pectorales font grandes; celles
du ventre petites; la fécondé & la troifième du dos étroites. La première
eft triangulaire, & afiujettie à un fort piquant dentelé par derrière. La
fécondé nageoire commence auflitôt après la première : elle eft três-
longue; & la troifième eft plaeée vis-à-vis de la nageoire de l’anus.
Toutes les nageoires font brunes. Linné a donné avec raifon à ce poiflbn
le nom de chimère, à caufe de fa forme finguliêre, qui paroît être
compofée des parties de différens animaux.
a) Haac-Konge. Schrift. der Dronth. Gefellfch. Tom. II. p. 265.
b ) Muf. Adolph, Friedr. Tom. I. p. 54.
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On trouve ce poiflbn, comme nous l’avons dit, dans la mer du Nord.
On n’en a pas encore vû qui eût plus de trois à quatre pieds de long &
un pied de circonférence. H1 vit de chapeaux cornus c) & d?écré villes,
que. l’on trouve triturées dans fon eftomac. On le prend dans les filets, en
péchant le dorfe; mais on ne le mange point, parce que fa chair eft trop
dure. Les Norwégiens font des gâteaux avec fes oeufs. Après avoir fait
fécher la partie poftérieure de la queue, ils en font des cures-pipes. Us
lient le foie dans de la toile, &-ils en font fortir goutte à goutte une huile,
dont ils font ufage dans les maladies des yeux, & qu’ils appliquent
comme un baume fur les bleflures d).
Le coeur eft plat & très-petit. Le foie eft gros, & compofé de trois
lobes, dont celui du milieu, qui eft le plus long, va jufqu’à l’anus, &
entoure le canal des inteftins, qui eft droit. La véficule du fiel contient
un fiel d’un verd obfcur. La rate eft oblongue, triangulaire, & d’une
couleur fombre, ou d’un rouge foncé. L’eftomac eft long, rond, & le
canal-des inteftins court & large. Dans les femelles, on remarque en
dedans du trou ombilical, une ouverture à chaque matrice. Les deux
matrices communiquent avec les ovaires, par le moyen des conduits des
oeufs e). Dans les mâles, on remarque entre les nageoires ventrales,
deux appendices, que Pontoppidan / ) , Linné g') tk Gunner h') ont
regardé comme des membres virils. Mais par les recherches exaftes que
j ’ai faites, j’ai découvert que ce ne font point des membres virils ; mais
plutôt des pieds, qui fervent à tenir ferme la femelle durant l’accouplement.
Ces appendices font compofés de plufieurs os longs, de cartilages, de
mufcles & de beaucoup de petits crochets. Comme on ne fauroit donner
une idée claire de ces parties, fans y joindre des deflins, j’en ferai faire
dans une autre occafion.
On nomme ce poiflbn :
Chimàre, Pfeildrache, Seerat^e &
Meeraffe, en Allemagne.
Sôlvhaen, Hav-Kat, en Dannemarc.
Haae-Muus, Guul-Haae, Is-Galte,
Soe - Raev , Spil - Straeng- Hyfe,
Soe - Rotte , Soe - Muus , 'Haa-
Konge, Blanckhaae, Guldhaae,
Guldfisken, Sölvfisken, Bye-Najfet,
Spiel- Strich-Schellfifch, en Nor-
wêge.
Geirnyt, Haa-Muus, en Islande.
Vindunken-Fisken, en Suède.
Chimère, en France.
e ) Medufa. L.
d ) Pontopp. Nornr. Tom. II. p. a i .
c ) O vidudus.
f ) Au lieu cité.
g ) ' S. N. p. 40a.
h ) Schrift, der Dronth. Gefeii. II, p. 274.