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contrent à leur paftàge. Quand on examine les:
murailles des anciens Romains , l’on remarque que
la chaux diffoute 8c mêlée avec du fable ou du
* gravier s eft durcie en Pierre. Les marbres que
Ton fait en Italie 8c ailleurs, par divers mélanges
de particules de Pierre, de fable, de marbre, de
terre, de minéraux 8c de plâtre, prouvent la même
choie,
’L& flalaflite, que le vulgaire croit être de l'eau
changée en Pierre, le forme continuellement dans
certaines cavernes de plufieurs montagnes. Etr.
comme la formation de cette Pierre eft fort cuti
eule , 8c peut forvir a éclaircir lefojetque je tnii—
te , je rapporterai ici ce que l'expérience, m’a appris
là-deflus.
En 1708. des Chaflèurs découvrirent une caverne,
dans un endroit allez près de Neûchâteh,'
nommé Trois-Hos. Le Peuple crut que les cilindres
que l’on tira de cetûe grotte étoient de quelque
matière précieufe, parce que ces cilindres
rendoient un Ion éclatant quand on* les frapoit
comme s’ils avoient été de métal. Ce n etoit cependant
que duftalaftite. Je découvris alors la maniéré
dont il le forme. Je remarquai donc que
Peau, qui coule lentement par diverlès fentes du
roc, s:arrête pendant quelque tems, en forme de
goûtes , au haut d une elpéce de voûte formée par
les bancs du rocher. Là de petites molécules crifo
talines, que l’eau entraîne en paftànt à travers les;
bancs, le lientpax leurs cotes , pendant que la goûte
D E S P I E R R E S , ' y
demeure lufpenduë, 8c y forme de petits tuïaux ,
à melure que l’air s’échape par la partie inférieure
de la petite bule qu'il formoit dans la goûte d’eau.
Ces tuïaux s?allongent peu à peu en groffiflànt,
par une acceffion continuelle de nouvelle matière,
puis ils le rempliftent : de forte que les cilin—
dres qui en réliiltent font ordinairement arrondis
vers le bout d’enbas, tandis qu’ils font encore
fofpendus au rocher. Mais dès qu’ils s’uniflènr
avec les particules criftalines, qui tombant plus1
vite, forment un fédiment à- plufieurs couches, au*
bas de la grotte , ils reflèmblent alors à des arbres,
qui du bas s’élèvent jufqu’au comble de la
voûte.
Ces cilindres'acquiérent un plus grand diamé--
tre en bas, par le moyen de la nouvelle matière
qui coule le long deleur Æperfîcie, 8c ils deviennent
fou vent raboteux, àeaufe des particules criftalines
qui sy arrêtent en tombant deflùs, comme
une pluye menue, lorfque l’eau abonde plus qu’à
l’ordinaire dans l’entre-deux des rochers. La configuration
intérieure de leur malfe faite à tarons
& à couches concentriques , quelquefois différemment
colorées par une. petite quantité de terre'
fine qui s y mêle, 8c les rend fomblables aux aubiers
des arbres ‘ jointe aux circonftances dont on
vient de parler, peuvent tromper les plus éclairés.
Ilfe forme aufti plufieurs autres maffes , plus ou
moins régulières, deJlalaflite, dans des cavernes