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L’efpace vuide de quelques-unes, Sc la foli-
dité de quelques-autres de ces malles arrondies
ou ovales, a dépendu du plus ou moins d’air,
mêlé dans la portion de la matière qui les com-
pofe, Sc des parties qui reçurent les premières une
plus forte condenlation : celles qui Font folides,
commencèrent à le condenlèr du centre à la circonférence,
Sc les creufes Ce condenférent de la
circonférence au centre.
C ’eft-là la vraie raifon pourquoi plufieurs de
ces cailloux renferment de la pouffiére ou de la
terre, qui lut chaftee au milieu, ainfi qu’il eft arrivé
à la géode Sc à 1 ethite ; Sc que d’autres ont leur
cavité ornée de criftailifations ; en quoi cette dernière
forte de cailloux ne diffère qu’en volume des
cavernes des Alpes , où l’on trouve le crjflal de
roche, Sc en quelques-unes le félenite, adhérans en
tout fens au rocher, & même en perçant fouvent
à travers la maftè qui approche le plus des cavités
où le cryltal s’eft formé. Car c’eft une chofe digne
de remarque, qu’une partie du cryftal n’eft Firri—
plement qu’adhérente -au roc, comme le tartre
adhère aux tonneaux, fans lormerun tout avec la
croûte intérieure du roc même.
Il eft aile de concevoir comment s’eft formée
une elpéce de pédicule dans une grande partie
des cailloux, qui ont certainement tourné Sc nagé
pendant un certain tems dans le fluide qui les fou-
tenoit, avant que lesçouches de la terre le formafl-
fent Sc s’affermîflënt lùffifamment : c’eft que deux
cailloux
SUR LES PIERRES A FUSIL. 161
cailloux liés enfemble par un peu plus eu un peu
moins de la matière delà pierre à fufil, s’atté-
nuoient par une de leurs extrémités en tournant,
de forte que venant à fe féparer, il s’en formait
deux cailloux, au lieud’un Jumeau.
Je dois cette obfervation curieufe à la ftruéture
de deux des cailloux de Breuilpont, qùe vous avez
eu la bonté, M O N S I E U R , de. m’envoyer,
dont l’un étoit double que j’ai cafte exprès, Sc
l’autre eft folitairè que j’ai laide entier, Sc c’eft
celui-ci qui aune caflùre à l’un de fes bouts, fem-
blable à un vrai pédicule , comme s’il avoit été
fulpendu.
Quant aux malles de caillou de figure platte, il
n’eft pas difficile de concevoir comment leur matière,
avant fon entière condenlation, fut contrainte
de s’applatir, étant également environnée •
& preffée de tous côtés dans le ftratum qui l’enve-
loppoit , Sc fe condenfoit alors à fon plus haut
dégré.
Il n’eft pas plus difficile d’expliquer, en luivant
les mêmes idées, comment il s’efl: fait qu’il y ait
des maflèsqui ne font pierre à.fufilquen partie. Il
en eft ablolument comme de la railon pourquoi
l’on trouve des pierres qui contiennent une certaine
quantité de cryftaüilàtions ; c ’eft-à-dire,
que cela dépend du plus ou du moins de molécules
de cryftal dans celles-ci, 8c de la plus grande,
ou moindre abondance de la matière mêlée de
terre fine Sc de cryftal dans celles-là.