
2o D I S C O U R S SUR L’O R I G IN E
aux répandues, fans aucun égard aux difficultés
ont j ai fait mention ; il en reftê encore d’autres,
qur s oppofent à ce qu’une telle hipothéfe foit reçue.
Les Pierres, par exemple, formées d’un fa-
ble durci Sc lie par des molécules criftalines, fup-
polent l’exiftence du fable déjà antérieure à ces
Pierres memes Sc aux rochers, dont elles ne lè-
roient que des débris plus ou moins arrondis, ou
applatis par le mouvement de l ’eau. Phénomène
qui mene neceflàirement à une circulation éternelle,
fans que l ’on puiflê y trouver un point fixe-
Les pierres Sc les rochers auront été avant le fa-
ble , Sc celui-ci a fon tour aura été avant les rochers
Sc avant les Pierres, fans qu’on puille dire
lefquels ont précédé.
Les montagnes auront été amenées dans la mer,
enluite les bancs de nouvelle date ( ü tant eft que
des bancs qui auront été vingt, trente/quarante ,
cinquante Sc cent mille ans à fè former, loient récens
) auront pris la place des anciens. Ceux-ci le
feront cachés fous les ondes de la mer, laquelle
occupera la place qu’occupoit le continent. Alternative
qui aura eu lieu une infinité de fois, fans
quonpuiflè lui affigner aucun commencement î
A lternative qui lùppofe une chofe impoffible, c’eft-
a-dire le changement du point de pelànteur. En
effet, comment faire changer ce point dans un
Globe, qui, s’il eft creux, doit avoir néceifaire-
ment une voûte concentrique, qu’aucun pouvoir
naturel ne peut enfoncer ï
D E S P I E R R E S . a î
Que la croûte lupérieure de ce Globe, eoinpo-
fée d’une certaine quantité de matière fluide Sc Icv
lid e , fouffre divers changemens ; que tantôt le
fluide occupe les lieux où une portion de la partie
folide étoit placée fortau-deflüs du niveau du fluide
, Sc que tantôt le lolide rempliflê les lieux que
le fluide occupoit ; il ne fe fera qu’un changement
lent, qui tout au plus produira peu à peu une
inondation générale, parce que les eaux fe répandront
de tous côtés, à melùre que les pierres Sc les
fables prendront leur place. Quel point déterminé
affigner au progrès des matières folides entraînées
dans le lit de la mer, pour dire qu’alors précifé-
ment fe fera tout d’un coup l’enfoncement de l’ancien
continent, Sc l’élévation du nouveau ?
Accordons encore cet article, qu’un certain
jour les bancs ou les couches qui avoient été tant
de milliers d’années à fe former dans le fein de la
mer, s’élevèrent tout à coup, & que les eaux qui
s’étoient arrêtées je ne fçai où , s’enfoncèrent ailleurs
; la ftruélure des continens Sc des montagnes
qui occupent tant dfc place aujourd’hui, convient-
elle à ce mécanifme? Conçoit-on comment ilapû
fe faire dans cette hipothéfe, que les continens &
les montagnes ayent une double pente, au Nord
êc au Sud, ou à l’Orient & à l ’Occident ï Un mouvement
ftibit, Sc fi confidérable pourtant que l’a
dû être celui qui a élévé du fond de la met les continens
Sc les Ifles, comment a-t-il pû donner au
contour des montagnes, une forme aufll régulière