
xyo L E T T R E SUR UN E LE PH AN T
de roc ca.lcin.eux , il n’eft pas étonnant que des olîe-
rnens de grands animaux ayent été confervés dans
des couches de même nature ou approchante.
Ma fécondé réflexion regarde les lieux où l'on
découvre ces olfemens. Ils ion t, pour la plupart,
fort loin de la mer ; ils font dans des collin es, ou
dans des montagnes, encloués,pour ainfidire, entre
des rochers ; ils font quelquefois comme enfe-
velis plus ou moins profondément fous plulieurs
couches plus ou moins épailfes, & formées de différentes
matières, foit dans des mines, foit dans
des plaines- J’avois autrefois une dent macheliére
de ch e v a l, trouvée à foixante pieds de profondeur
, où P on creufe les puits forés de Modéne ,
dont plulieurs Sçavans d’Italie ont fuffifamment
înftruit la République des Lettres, entr’autres M.
Damazzjni & M. FaUiJhieri, qui m’avoit fait un
préfent de cette dent de cheyal.
Ma troifiéme réflexion concerne la manière
dont tous ces olfemens ont pu être introduits dans
ces differentes couches & dans ces divers bancs
de rocher. U me fem b le , à cet égard, qu’en con-
fidérant toutes les circonftaoces , fans aucune prévention.
L ’on ne peut raifonnablement attribuer
l ’introduélion de tant d’olfemens en tant de façons
& en tant d’endroits,. à des inondations particulières
, à des bouleyerfemens & à des trembler
mens de terre , à des olfemens ramalfés & envelo-
pés un long tems après par des matières que quelque
accident y auroit ajoutées, à des hommes fucerflitieux,
qui après avoir lacrifié des animaux
en auraient enluite enfeveli les o s , & à plulieurs
autres caufes fmgulieres.
J’aime mieux, au h?zard de palfer pour ignare,
dans l ’elpritde quelques Modernes, m’en tenir à
une inondation géné rale, que j’efpére de démontrer
un jour, s’il plaît à D i e u . D ’ailleurs, cette
démonffration me paroît fi naturelle , pourvu que
l’on s’y prenne comme il faut, que je ne puis allez
m’étonner que plulieurs grands Hommes de notre
fiécle , aiment mieux recourir à toute autre
caufe quà celle-là.
J’ai' l ’honneur d’être avec beaucoup d’eftime,,
de confidération & de r e fp e é l,
M O N S I E U R ,
Votre très-humble & très-obéiïîânfc
Serviteur B * * * ,
Neufchâtel, cd j 0. Août 1741»