
L E T T R E
Adreffkà Monfieur D'ORTOZJS DE MAIR AN,
Secrétaire perpétuel dé l Académie Royale des
Sciences,
j V l O N S I E U R ,
C e n’eft pas une petite entreprifè d’ofèr traiter
de nouveau de l’origine des cailloux, après ce
qu’en ont dit deux de vos(çavans Académiciens,
,§c ce que M. de Fontenelle en a rapporté, fur votre
récit, dans l’Hiftoire rie votreilluflre Académie de
l’an 1721. Cependantj’efpére, M O N S IE U R ,
que vous recevrez favorablement, s’il vous plaît,
la Lettre que fai l’honneur de vous adreflèr fur
cette matière.
Si mon fentiment pouvoit ne pas déplaire à un
Philofophe auffi éçlairé que vous , j'en recevrais
yn plaifir infini.
Je vous prie encore, M O N S I E U R , de
trouver bon que ma Lettre ferve de témoignage
public de ma confidération 8c de la haute ellime
due je fais de votre mérite 8c de votre fçavoir.
Souffrez
LETTRE SUR LES PIERRES A FUSIL. 153
Souffrez auffi quelle en foie un de la reconnoif-
fance particulière que je vous conferve pour les
beaux Echinites de Breuil-pont, dont vous avez
daigné enrichir mon petit Cabinet de Pétrifications.
Ilmeparoît que pour réuffir dans mon deffein ,
je dois d’abord rapporter, avec exaélitude, les
phénomènes qui concernent ce fùjet, autant qu’ils
me font connus.
Je remarque donc en général , que l’on trouve
abondamment dans toutes les parties de 1 Europe
des cailloux ou pierres à fufii, dont il s’agit uniquement
ici. Ceux qu’on apporte du Mont-Liban,
fous le nom de melons pétrifiés, Ôc quantité de
cornalines, d’agathes, 6c de calcédoines orientales,
prouvent que l’Afie abonde auffi en cette forte
de cailloux. Et rien n’empêche que l’on ne
juge par analogie, que l’Afrique & l’Amérique
abondent, autant pour le moins que l’Europe, en
cette efpéce de production minérale.
Quoi qu’il en foit, il y a une quantité prefque
infinie de cailloux, répandus en divers endroits
de l’Europe, fur la fùperficie de la terre, ou enchaf
fés plus ou moins profondément dans des couches
de craie, d’argile, 6c d’autres matières analogues.
La figure & la groffeur de ces cailloux ne font
pas nécefîàirement déterminées. Il y en a qui font
en malles plattes de plufieurs pouces en longueur
& en largeur, fur quelques pouces d’épaiflèur j