
120 LETTRE 'SUR LES POISSONS
général qui eft arrivé une fois à la Terre, lorfqu’elie
fut diiToute dans l ’eau, & qu’une infinité de productions
du régné végétal St du régné animal,
tant de terre que de mer, furent mêlées dans la
plûpait des couches de notre globe.
Cela montre encore, qu’il ne faut pas croire facilement
les relations des perfonnes peuinftruites
fur certains lujets, quoique très-habiles d’ailleurs
St de la meilleure foi du monde.
Une autre maxime, que mes oblerVations eta-
bli fient inconteftablement, fi je ne me trompe ,
c ’eft qu’en fait de Phifique fur-tout, il faut fuivre
de près tous les phénomènes, fans en omettre aucun
, s’il fe peut, afin de pouvoir décider plus fû-
rement de quel côté eft la vérité que l’on cherche.
Il paroît en même tems de-là que rien n’eft plus
utile dans ce but, que d’employer la Phifique comparative,
enobfervant fcrupuleulement toutes les
eirconftances qui fervent à établir des faits fem-
blables dans des cas pareils, ou qui aident à diftin-
guer les faits dans des cas différens qu’on propofe
comme femblables.
Il fe préfente fort naturellement ic i, MON-
S IEUR, un fait de Phifique très-remarquable,
& abfolument analogique à ce qui concerne les
crobes pétrifiés. C’eft ce qui m’a engagé à ajouter
un article £ur un lujet aufii intérefiânt pour les Curieux
de la Nature, que le peuvent être diverlès
fortes de poifthns renfermés entre des plaques de
pierre, fouvent ornées de petits criftaux, qu’on
trouve
PE’ T R I F Ï E ’ S. r i r
trouve en différens endroits de l’Europe St de
l ’Afie.
En effet, l’on en trouve en Italie dans des pierres
blanchâtres de Bolca dans le Veronois : on en trouve
en Suifie entre des pierres femblables à Oenin-
gen, près du lac de Confiance, St dans des ardoifes
noires d’une montagne du Canton de Glaris.
VAllemagne fournit auflî’ quantité de PoilTons,
dans une efpéce de marbre ou de pierre à chaux
grifatre a*Rupin, à Anfpach, à Pappenbeim, à Eicbfi-
taedt, à Eyfietien ; St dans des ardoifes métalliques
des mines d’Eifieben , à’Ifenach , d'Ofierode, de
Franckenberg, d'llménau, St d’ailleurs.
<Dn trouve encore des Poiffons dans des plaques
d’ardoilè blanchâtre de W^ajih, en Boheme.
Le fquelette prefque entier d’un crocodile (a) g Sc
le fquelette d’un Poiffon du Cabinet deM. le Chevalier
Sloane, Préfident de la Société Royale de
Londres, trouvés.dans la Province de Nottingham ,
& quon croit venir des carrières de Fulbek, prouvent
fuffifamment que l ’Angleterre n’eft pas defti-
tuée de femblables curiofités.
Tous ceux qui aiment à lire les Livres de Voya-
ges, n ignorent pas que l'on trouve des Poiffons
dans des pierres grifâtres fur. une Montagne de Sy-
rie, à quelques lieues de Tripoli (b), de même que
fur une autre montagne de la Chine, près d’une
<*) Voyra Bibliothèque rstn*loife, Tome VI. p. 4otf & fuiv.
L** Brm> Chap.JLVIII. & Je Tome III, dr U Chine du Pere JJuhaUef p. r
Q