
ï î D I S CO UR S SUR L’ O R IG IN E
que des volcans & des tremblemens dé terre auront
, il y a cinquante 8c cent mille ans, brifé 8c
culbute des rochers du fommet des montagnes,
d’où les rivières auront amené ces débris, 8c les
auront menuifés jufqu’à les réduire en fable ; que
ces pierres 8c ces fables répandus dans les plaines
, ou dans le lit de la mer, ont formé des cou-
cnes 8c des bancs, qui, ayant fait changer le point
de pefànteur, une partie du globe s eft élevée d’un
cote , 8c s eft abaiffee de 1 autre ; de forte que c’eft-
là 1 origine, non feulement des fables 8c des pierres,
mais auffi de nos montagnes. Ce fera, dira-
t-on encore, dans quelques-uns de ces bancs que-
fo feront formés ces vuides, remplis de toutes fortes
de criftalitàtions, qui adhérent en tout fens aux
grottes, comme le tartre adhère aux tonneaux.
Que cela foit arrivé ainfi, ajoûtera-t-on, c’eftce
qu on peut inférer de ce que les rivières entraînent
des cailloux, des pierres 8c du fable jufques
dans lamer ; qu’il fe jfet actuellement des atterrif-
femens en divers endroits de fon lit, 8c que l'on
trouve par le calcul, qu’en trente, quarante ou cinquante
mille ans, les pluyes coulant du haut des
montagnes 8c de la pente des terres, par le canal
des fleuves 8c des rivières, peuvent réduire une
partie du Monde à niveau du lit de la mer. Ceci
eft d autant plus certain r que la quantité prodi—
gieufe de toutes fortes de plantes, de coquillag
e s , d’oflëmens d’Animaux terreftres, 8c fur-tout
marins, que 1 on découvre dans les couches de la
D E S P I E R R E S .
terre <$t dans les bancs des rochers , doit y avoir
été introduite par la répandue des rivières 8c par
les ondes de lamer, àmefùrequ’elles arrangeoienc
les fables 8c les pierres le long de fes rivages. Cela
étant ainfi, il fera facile, dira-t-on enfin, d’expliquer
la pétrification de toutes ces diverfes productions
du régné végétal 8c du régné animal, qui
embarraftè nos Philofophes modernes, 8c qui pa-
roît être comprife dans la queftion générale, qui
concerne laformation des Pierres.
Il n’eft rien déplus plaufible que ces raifons, 8c Réponfea«*
rien de mieux imaginé quel’hipothéfe fer quoi on raifons qu’on
les fonde ; mais le malheur eft, qu’il n’y a ici que rap"
de la vraifemblance : l’on n’y a pas autant d’égard
qu’il le faudroit aux régies générales de la Mécanique
de notre Globe, non plus qu’à divers phénomènes
qui renverfent l ’hipothéfe dont il s’agit.
Je conviens que les pluies 8c les neiges humectant
les rochers du haut des montagnes ; que le
Iroid de l’Hyverfeccédantà la chaleur de l’Eté, &
la chaleur de l ’Eté feccédant au froid de l’Hyver ,
il arrive que les rochers fe fendent, & tombent
par leur propre poids en fe féparant, ou font ren-
verfés par de violens tourbillons, ou par des tremblemens
de terre. Je conviens encore, que les
avalangés entraînent en bas tout ce qui fe trouve
dans leur chemin , 8c que les eaux de pluie 8c la
fonte des neiges, coulant de tous côtés dans l’entre
deux du plus haut des montagnes, elles châtient
tout ce qui fe trouve à leur paffage, minent