
8o 'X E T T R E SUR L’O R I G I N E
- Il eft évident qu’ils n’ont pû être ainfi pénétrés
8c remplis, qu’en nageant dans un fluide imprégné
de cette matière, & qu’ayant pris fond , ils
ont été envelopés & couverts de la même maflê
détrempée, & dont le poids étoit en raifon réciproque
avec celle qui étoit entrée dans ces coquillages
, fans quoi, vûla ténuité de leur croûte, ils
auraient été écrafés par les accumulations qui ont
formé en plufieurs endroits des collines, c>u des
montagnes pardelfus.
III . Ces coquillages & ces plantes originaires
delà mer fe trouvent dans tous les Païs du monde
, au moins dans les quatre parties’de la terre, 8c
au milieu du continent, ou dans les régions les
plus éloignées de l’Océan, 8c des autres mers,
comme il paroîtra par l’indication des lieux où on
en a découvert. Cela montre que tout le Globe
a été inondé, ou au moins qu’il a été couvert des
eaux de la mer. On découvre ces corps marins
dans les lieux les plus élevés. On en rencontre fiir
lafuperficie de la terre 8c dans fon fein, à quelque
profondeur qu’on l’ait creufée ; de forte que ces
dépouilles marines les plus baffes font couvertes
par des mafles énormes, qui ont dû le former depuis
que'les eaux de la mer eurent laifle ces corps
à le c , ou dans le tèms de leur féjour dans ces lits
que ces coquillages tapilfoient. Or c’eft-là urt efl
•. fet qu’on n’expliquera jamais, fi l’on veuts’arrêter
aux caules ordinaires.
On expliquera encore moins comment de lèmblables
D E S P E T R I F I C A T I O N S . 8r
Fiables foffiles fe trouvent dans ces malles qui couvrent
les autres, 8c comment ils font enchalfés
■ dans les corps les plus durs 8c les plus folides,
dans les matières les plus compaéles dans le marbre
, les pyrites, la pierre à fufil. Il faut avoir re-
- cours, pour rendre raifon de cet effet, à une caulè
furnaturelle & extraordinaire.
IV . La dilpofition 8c l’arrangement de ces
•corps marins dans la terre prouvent encore qu’ils
font defcendus dans les profondeurs 8c aux en-
droitsoûils fe trouvent, en s’y précipitant par leur
propre poids, 8cà raifon de leur pelànteur Ipécifi-
que avec les matières qui forment les differentes
couches. C ’eft-là ce que l’exacl Obfervateur An-
gloisafkit voir, en marquant avec la dernière pré-
cifion la pefmteur Ipécifique des differentes elpé-
ces de làbles pétrifiés, des coquilles depétonéies,
des écailles d’huîtres, d’hérillons de mer, &c.
C ’eftcè qui m’empêche de m’arrêter à cet article,'
me bornant à dire quelque choie fur la dilpofition
des couches de la matière terreftre, qui a décidé
-de celle des foffiles qui s’y trouvent. Ce même
Auteur a obiervé, comme chacun peut le remarquer
auflî, que les couches que l ’on trouve partout
lorfqu’on creulè dans la terre, font placées l ’une
lùr l ’autre, comme autant de ledimens qui lèroient
tombés lùcceffivement au fond de l’eau, ou qui fe
féparant d’un’ fluide tomberaient en grande quantité.
Or l’arrangement 8c l’ordre de ces couches
dans les vallées, dans les collines, dans les mon-
L